Chroniques festivalières d'Avignon - 8 juillet

Le Festival continue ... 6 nouvelles chroniques
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5/5

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  • Changer l’eau des fleurs - Valérie Perrin - Adaptation théâtrale : Mikaël Chirinian, Caroline Rochefort

Mise en scène : Mikaël Chirinian, Salomé Lelouch

Avec : Mikaël Chirinian, Ludivine De Chastenet, Morgan Perez

Théâtre du Chêne Noir à 10H00

Durée : 1H15

Que de douceur et de tendresse dans cette jolie comédie sentimentale qui vous enveloppe dès les premières répliques ! Ludivine de Chastenet est merveilleuse de délicatesse et de retenue dans son personnage aux cicatrices fines d’une âme blessée qui s’est réparée dans un cadre singulier. Ses deux partenaires apportent un contrepoint à la fois dramatique et cocasse, mais qui n’altère en rien un propos sensible. Les mélodies de Charles Trenet bercent le cœur de ce spectacle d’une atmosphère ouatée. On pourrait paraphraser Verlaine : « dans cet endroit solitaire et glacé, deux cœurs ont tout à l’heure passé », vous aussi, passez leur faire une petite visite.

Recommandation : 5 cœurs

 

  • Des chèvres en Corrèze - de Dimitri Lepage   

Mise en scène : Jérôme Jacob-Paquay

Avec : Dimitri Lepage

Episcène à14H30

Durée : 1H10

Tel un Robinson retranché sur son île, Charles nous conte l’histoire du « petit garçon » qui traverse une vie de convenances, d’acceptations et de renonciations … une vie ordinaire ,« heureuse » ?... mais ce récit s’interrompt, cette vie qu’il conte, c’est tout ce qu’il ne peut pas comprendre et qui, depuis toujours, l’a écarté de la société pour retrouver le silence du monde, le temps de la contemplation de la vie, le choix d’un monde qui respecterait son choix d’être heureux. A travers cette parole délivrée, véritable ode à a vie, Dimitri Lepage nous offre une écriture libre, salvatrice. Ce conte, cette fable nous recentre par rapport à notre société hyper normée qui a besoin de cadre strict, de voie à suivre, de destin écrit d’avance. Il prêche l’écoute et le respect de l’individu dans un style travaillé avec soin. Fondamentalement optimiste, le constat est cruel, mais il veut croire au réveil des consciences et déchirer le voile des certitudes. Un spectacle qui souffle le bonheur dans la chaleur d’un festival chargé d’émotions.

Recommandation : 5 cœurs

 

  • Le journal d’un fou – Nikolaï Gogol

Mise en scène : Ronan Rivière

Avec : Olivier Mazal, Ronan Rivière, Amélie Vignaux

Théâtre du Balcon à 11H45

Durée : 1H10

Dans une adaptation savoureuse, Ronan Rivière et son équipe nous entraînent dans le destin de ce modeste employé qui, victime d’une nature naïve, maladroite, s’embarque inexorablement vers les rivages de la folie. C’est tout à la poétique, absurde, tendre, mais Ronan Rivière nous dresse un portrait d’une formidable humanité. Tout cela n’est pas exempt de rire, mais d’un rire tendre et mouillé de quelques larmes. Un spectacle de très belle facture tant dans son esthétisme que dans son interprétation. Un petit bijou de théâtre.

Recommandation : 5 cœurs

 

  • La disparition de Josef Mengele - Olivier Guez

Mise en scène : Benoit Giros

Avec : Mikaël Chirinian

Théâtre du Chêne Noir à 18H10

Durée : 1H00

Un spectacle exemplaire ! Le roman était prenant, la pièce est puissante, redoutable et l’interprétation de Mikaël Chirinian éblouissante. Benoit Giros réussit avec ce spectacle une performance extraordinaire par une direction de comédiens précise, fascinante, autant que glaçante. Il faut voir ce spectacle qu’on peut qualifier d’essentiel de par sa teneur, pour la mémoire, pour l’histoire et pour sa parfaite maîtrise. Le public est en haleine en suivant la trace de ce criminel de guerre qui bénéficia d’une impressionnante machine de soutiens et de réseaux. Un portrait au noir et en lettres de sang. Le terrifiant conflit d’un fils dans l’ombre d’un père haï du monde entier. Indulgence, incompréhension, pardon … quelles sont les limites de l’acceptable ?

Recommandation : 5 cœurs ++

 

  • Naïs - Marcel Pagnol – adaptation d’Arthur Cachia

Mise en scène : Thierry Harcourt

Avec : Arthur Cachia, Kevin Coquard, Clément Pellerin ou Simon Gabillet, Lydie Tison, Marie Wauqier et Patrick Zard’

Condition des soies à 13H40

Durée : 1H15

Il y a tout à la fois de l’angélisme et de la cruauté dans cette fable. L’adaptation qu’a réalisée Arthur Cachia est sensible et profondément tournée vers l’humain. Malgré les souffrances de Toine, sa tendresse débordante lutte en vain contre une rancœur qui détruirait le fruit pur de son âme. Il est fataliste, mais lucide, un peu Cyrano pour l’amour, un brin Iago pour la revanche, mais il a la justice du cœur. Arthur Cachia incarne parfaitement cette dualité avec une humanité débordante et une économie de jeu bouleversante. Marie Wauquier déborde de fraîcheur en jeune femme libre et déterminée et Kevin Coquard incarne avec une lâcheté désarmante un amoureux repenti. Chaque interprète de cette comédie dramatique est formidablement campé et on peut faire une petite dédicace particulière à Patick Zard qui incarne un père aux sentiments troubles, au jeu sombre et violent. Dans cette belle adaptation, la source obscure et tragique de Zola dont est tirée la nouvelle ne résiste pas à l’humour et à la poésie de Marcel Pagnol qui, du génie de sa plume, a su insuffler le soleil nécessaire pour atténuer la noirceur du propos. Lydie Tison et Clément Pellerin concourent généreusement à cette chaleur. L’accent réchauffe le plateau et l’illumine, le décor, nous ne le verrons que grâce à notre imagination, car Thierry Harcourt a opté pour un minimalisme de scénographie qui magnifie le jeu des comédiens. C’est une tragédie baignée d’embruns de fraîcheur où chaque comédien est un des rayons du soleil que nous donne ce spectacle. Venez vous chauffez à la chaleur de Naïs.

Recommandation : 5 cœurs

 

  • Une bonne bière – Xavier Martel

Mise en scène : Gilles Dyrek

Avec : Marie Le Cam, Jérémie Malaveau, Gilles Dyrek, Xavier Martel

Théâtre du Cabestan à 16H00

Durée : 1H20

Quel plaisir que cette comédie extrêmement bien troussée dans une mise en scène qui nous réconcilie avec la tradition des comédies populaires de qualité ! On s’attache à cette famille et à leurs caractères si tranchés. Une équipe dynamique, qui prend un plaisir fou aux réactions des spectateurs avec une petite mention spéciale à Gilles Dyrek qui incarne avec une drôlerie irrésistible ce frère si particulier… C’est un éclat de rire qui réchauffe et ensoleille le festival d’Avignon, courez-y !

Recommandation : 4 cœurs

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