Chroniques festivalières d'Avignon - 6 juillet

• Appels d’urgence – Agnès Marietta

Mise en scène : Heidi-Éva Clavier

Avec : Coco Felgeirolles

Artéphile à 19H15

Durée : 1H

Un spectacle qui remet l’église au milieu du village avec le comportement à l’égard de nos aînés. Elle est épatante cette petite femme-là.  Elle ne se laisse pas démonter et pousse le cri nécessaire contre cette société qui, passé un certain âge, vous relègue au grade du gêneur et vous condamne parfois à l’oubli. C’est un beau plaidoyer contre le jeunisme et contre cette société qui, sous prétexte de modernité, tue peu à peu l’échange et la communication à coups de messagerie et de messages anonymes. Réseaux sociaux, comportements commerciaux en prennent pour leur grade. Coco Felgeirolles est parfaite dans ce personnage de passionaria résistante. Vive les vieux ! Non mais !

Recommandation : 3 coeurs

• Au nom du rêve - Éric OBERDORFF

Chorégraphe : Eric Oberdorff

Avec : Luc Bénard, Pierre Theoleyre

Golovine à 14H00

Durée : 50mn

Tout commence par deux corps contraints, enfermés dans un même espace. Prisonniers d’une mécanique aliénante, ils ne rêvent que de s’en émanciper. Agités de soubresauts, de convulsions, les corps entrent en révolte contre ce conformisme. Soudain, les corps arrachent peu à peu des morceaux d’espace pour ouvrir le champ des possibles et le terrain qu’ils gagnent déchire l’espace pour évoluer plus librement et créer de la vie entre les deux danseurs et métaphoriquement (r)établir le lien, l’écoute, la communion… C’est une chorégraphie nerveuse, fragmentée, mais puissante, une explosion de liberté qui donne aux jours que nous vivons une vision allégorique d’espoir en l’homme capable de tous les sursauts.

Recommandation : 3 coeurs

• Connection – Luca Ricci, Marie Soulabaille 

Chorégraphies : Luca Ricci, Marie Soulabaille 

Avec : Luca Ricci, Marie Soulabaille 

Théâtre Golovine à 18H00

Durée : 50mn

C’est une plongée au cœur de l’intimité d’un couple qui nous est proposée ici. Composée de plusieurs tableaux, la chorégraphie sensible qui inonde le plateau et la fluidité des deux interprètes apportent la lumière d’un lien affectif qui s’épanouit de plus en plus pour finir en apothéose de symbiose totale. La chorégraphie est ondoyante et se fait tantôt caresse, tantôt étreinte. Il règne une poésie des corps qui fait vibrer la salle entière. On est bien !

Recommandation : 3 coeurs

• Elles disent l’Odyssée – Jean-Luc Lagarce

Mise en scène : Vincent Marbeau 

Avec : Léa Balthazard, Melvyn Baron, Axelle Delisle, Alexandra Eyrolles, Vincent Marbeau

Théâtre du Roi René à 11H00

Durée : 1H15

Dans la chaleur d’un retour vers Ithaque qui n’en finit pas, Ulysse s’échoue d’île en île pour atteindre son but sans cesse retardé. Mais qu’espère-t-il retrouver ? Un royaume, une femme, un fils ? Pénélope a vieilli et tisse le long linceul de sa solitude, en poussant sa plainte. Et puis, il y a toutes ces femmes qui sont autant de liens et d’entraves au retour du héros. Circé, Calypso et les autres qui prolongent un peu plus l’attente, mais auprès desquelles il ne peut s’empêcher de susciter le désir et de céder aux derniers feux d’un plaisir incertain. Le destin d’Ulysse est de quitter sans cesse en semant le malheur. Au bout du chemin quels seront donc les fruits de son périple ? Dans la langue merveilleuse de Jean-Luc Lagarce, résonne la longue mélopée de ces femmes dont l’écho percute le souffle d’une épopée dans laquelle elles sont éphémères. Alors, elles parlent, elles racontent leur Odyssée et si ce n’était avant tout qu’un long cri d’amour fragmenté. Un bel oratorio vous attend en plein air dans la Cour du Roi René pour savourer la poésie vibrante d’un grand auteur du 21ème siècle.

Recommandation : 2 coeurs

• Des pivoines du japon – Emmanuel Robert-Espalieu

Mise en scène : Fabio Marra

Avec : Marion Christmann, Gaël Cottat 

Scala Provence à 21H15

Durée : 1H20

J’adore qu’on me raconte une histoire au théâtre avant de vouloir m’exposer une thématique sur ceci ou cela et là… Enfin une histoire d’amour ! Une belle, une vraie, écrite avec délicatesse et mise en scène avec infiniment de doigté. Les comédiens y sont touchants, d’une remarquable justesse et nous embarquent dès les premiers instants dans cette relation sentimentale si ordinaire, mais si belle. Comment gérer le manque et l’absence d’un être aimé, comment prendre soin des fantômes du cœur en laissant de la place aux vivants ? Pour loger un bel amour dans un coin du cœur, il faut parfois laisser le temps au temps. Venez prendre le temps de cueillir ces pivoines du japon à la robe écarlate dans un dispositif scénique ravissant.

Recommandation : 4 coeurs

• Quentin Vana, tout va bien – Quentin Vana

Mise en scène : Olivier Taquin

Avec : Quentin Vana

Pixel Avignon à 15H25

Durée : 1H

C’est son tout premier spectacle et c’est une belle révélation. Mime, acrobate, il est d’une élasticité étonnante et d’une énergie débordante. En parfait disciple des grands qui l’ont précédé dans cet exercice, il nous rappelle Jerry Lewis à ses meilleures heures, mais Quentin Vana a son univers bien à lui, qui a déclenché l’hilarité d’un public de tous âges par ses mimiques improbables et ses bruitages percutants. Ne lui confiez jamais un bébé à garder, ou ne l’embauchez jamais dans un restaurant, vous auriez les surprises les plus stupéfiantes. Un bel artiste qu’il faut encourager et une heure de gymnastique de zygomatiques ne peut que vous faire du bien. Chacun son esprit olympique !

Recommandation : 3 coeurs