Chroniques festivalières d'Avignon - 15 juillet

Notre recommandation
3/5

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A LA RECHERCHE DE LA RECHERCHE de et avec Jean-Jacques Vanier

Théâtre de l’Oriflamme - 10H

Ma mère ne venait pas m’embrasser dans mon lit quand j’étais petit. Ma mère venait pas m’embrasser dans mon lit quand j’étais p’tit. Ma mère venait pas... etc. 7 tomes, 4000 pages, 143 mille lignes de Ma mère venait pas... C’est ce qu’aurait été le projet initial de A la recherche du temps perdu, selon mes sources. Ceux qui ont déjà eu des lignes à copier le savent : ça fait beaucoup. Quand j’étais petit, j’avais eu mille fois : Je ne dois pas souffler le vent pour soulever les jupes des filles dans la cour de récréation. Que le Grand Proust me croque, ça aussi c’est beaucoup de temps perdu. Et beaucoup de feuilles de papier aussi.

C’est une relation d’amour avec Marcel Proust qui commence comme une lecture et qui s’envole sur les ailes de l’absurde. Professeur pour la circonstance, nous faisons les frais de sa mauvaise humeur à cause du retard de son bus et si nous nous montrons conciliants nous évitons l’interrogation écrite qui nous pend au nez… Gare à nous si nous ne lui portons pas tout notre intérêt. Mais tout s’atténue quand il en arrive à nous parler de son rapport particulier avec Marcel Proust. Avec une infinie tendresse et un humour décalé, Jean-Jacques Vanier nous plonge dans les souvenirs de notre enfance et son rapport au temps qui s’écoule inlassablement, mais qui se répète sempiternellement pour s’immerger dans cette œuvre fleuve. En digne confrère de Dubillard, en élégante filiation avec Devos, la passion du verbe qui l’habite et avec lequel il joue, nous ravit tel un jongleur de mots. Bienvenue dans la folle pensée de Jean-Jacques Vanier.

Recommandation : 3 cœurs

 

60 JOURS DE PRISON- de Sacha Guitry
M
ise en scène Olivier Lejeune

Avec : Olivier Lejeune

Théâtre Le Petit Chien - 13H45

23 Aout 1944. Tandis que Paris est à feu et à sang pour sa Libération, Sacha Guitry
est arrêté chez lui par cinq hommes armés qui n’hésitent pas à l’embarquer en pyjama. Accusé de collaboration par la rumeur publique, Sacha va être incarcéré deux mois dans des geôles sordides, sans jamais pouvoir se défendre
, ni plaider son innocence. S’ensuit une descente aux enfers - car plusieurs fois menacé d’être exécuté - spirale infernale que le Maître eut l’intuition de noter, jour après jour. D’où le récit d’une hallucinante plongée carcérale en des lieux sinistres, tels que Drancy ou le Vel d’Hiv, peuplés de nombreuses figures du gotha de l’époque.

Olivier Lejeune nous expose un Sacha Guitry meurtri, révolté, moins brillant que blessé.
Récit féroce d’une France en proie aux excès, mais récit d’un homme empreint néanmoins d’une humilité qu’on ne lui reconnaît guère ordinairement. On découvre un texte peu connu aux accents dénués de toute emphase, mais résolument confiant dans sa bonne étoile. En portraitiste méticuleux, Olivier-Sacha nous livre une galerie inénarrable et savoureuse de personnages plus cocasses les uns que les autres dans une mise en scène sobre qui lève le voile sur un Guitry intime et fragile.

Recommandation : 3 cœurs

 

PANNONICA Baronne du jazz d’Olivia Elkaïm
Mise en scène de Christophe Gand

Avec : Natacha Régnier, Raphaël Sanchez

Théâtre le Petit Chien - 15H45

Quel prix à payer pour conquérir sa liberté ?

New-York, 1958. Une femme se fait arrêter par la police. Elle est au volant d’une voiture de luxe aux côtés du musicien Thelonious Monk. Cette femme, c’est Pannonica de Koenigswarter, née Rothschild. Elle est blanche, elle est riche, elle est aristocrate.
Mais au fil de son interrogatoire, elle se révèle libre et moderne : elle a
brisé les codes moraux et les conventions sociales qui l’enfermaient, pour devenir la mécène des jazzmen noirs américains, leur grande amie et parfois, leur maîtresse. Découvrez son incroyable vie et son impact sur la musique, à jamais gravés dans l’histoire.

Quelle éblouissante interprétation Natacha Régnier nous offre dans ce spectacle sur ce personnage peu connu de Pannonica ! Farouchement éprise de liberté, bafouant les conventions de sa classe, amoureuse effrénée, elle incarne avec sensualité et engagement farouche, cette fille née avec une cuillère en or dans la bouche, béate devant un père adulé qui lui ouvrira les horizons de l’audace et de l’indépendance avant de la laisser au bord du chemin, fatigué par la vie. Et puis c’est aussi la passion du jazz qui nous est racontée au travers de son engagement auprès de grandes figures de son temps, la révolte contre le racisme. C’est également le portrait d’une femme dont la modernité pour son époque fut à la fois un modèle et une source de scandales. Il y a deux femmes, deux vies dans cette icône, la première rangée, obéissante, mère aimante et attentive ; la seconde, amante sensuelle et incandescente prête à tout brûler pour ses passions et prête à tout donner pour ses éblouissements. La mise en scène de Christophe Gand est d’une élégance infinie dans une scénographie magique et envoûtante de Georges Vauraz. Raphaël Sanchez colore ce spectacle de toutes ses interventions musicales qui donnent au spectacle une saveur particulière. Un voyage dans le temps aux côtés de cette femme-flamme vous attend. Laissez-vous consumer par Pannonica.

Recommandation : 5 cœurs

 

ELLIPSE - Alexandre Lucas Bécourt

Avec : Virginie Claude, Alexandre Lucas Bécourt

Théâtre de la Carretterie - 17H40

Il ne s’est jamais remis de sa grande rupture amoureuse et décide de se confier à une psychologue pour se libérer, pardonner et avancer. Elle l’écoute, mais sent que quelque chose empêche la rencontre.

Pour une phrase entendue dans la bouche de celle qu’il aime « je veux juste ne pas m’ennuyer dans la vie et ressentir le maximum de choses », voilà que l’univers s’écroule pour cet homme et toutes ses certitudes avec. Peut-on tout sacrifier par « égoïsme » ? Il veut comprendre ce qui fonde un couple, amour et morale peuvent-ils cohabiter ? Tour à tour les deux protagonistes vont faire le chemin à l’envers de leur amour et se révéler au fur et à mesure les petits compromis et les lâchetés parfois anodines qui émaillent ce qui fonde un couple. Qui a tort, qui a raison ? On ne le saura jamais ou peut-être … si … mais plus tard. Une réflexion sur le couple, mosaïque de sensations et d’émotions, qui questionne le sentiment amoureux avec simplicité et douceur. Pour un oui, pour un non, pour un « je t’aime » … Faites vos jeux !

Recommandation : 2 cœurs

 

LE HUITIEME CIEL - de Jean-Philippe Daguerre

Avec : Florence Pernel, Bernard Malaka, Charlotte Matzneff, Marc Siemiaticky, Antoine Guiraud, Tanguy Vrignault

Atelier Théâtre Actuel

Agnès Duval a construit 27 buildings dans 27 pays d’Europe pour un immense groupe de BTP. Forte de sa “réussite” et de sa Légion d’honneur, elle décide de prendre une pré-retraite bien méritée pour profiter de la vie, de sa famille et de sa fortune. Mais même quand on pense avoir atteint les sommets, les choses ne se passent pas toujours comme on les a imaginées, et la vie peut vous réserver bien des surprises ... jusqu’à vous emmener au huitième ciel.

Avec générosité et enthousiasme, Jean-Philippe Daguerre nous offre, une fois encore, une fable dont il a le secret avec tous les ingrédients qui sauront toucher le plus grand nombre. Servie par une distribution éblouissante avec Florence Pernel en tête, rayonnante et épanouie dans son art, cette comédie dramatique pose une fois de plus les enjeux d’une société qui a du mal à regarder autour d’elle. Elle tord le cou aux préjugés et mène la vie dure au manque d’attention porté à « l’autre », engoncés que nous pouvons être dans un confort rassurant et sécurisant. Il suffit parfois d’un rien pour que la compassion se mue en action. Les éclats de rire se meuvent avec les éclats du cœur, ne vous en privez pas. Prenez place à bord de ce vol pour le huitième ciel et profitez de la traversée.

Recommandation : 3 cœurs

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