Chroniques festivalières d'Avignon - 14 juillet

Gueules noires - Kader Nemer et Hugues Duquesne 

Mise en scène : Ali Bougheraba 

Avec : Kader Nemer, Erwan Orain 

Théâtre du Roi René à 19H25

Durée : 1H10

C’est avant tout une ode à l’amitié et à la fraternité qui traverse ce spectacle. Dans une ambiance étouffante, les deux comédiens, Kader Nemer, Erwan Orain, nous entraînent vers les limites de la résilience et de la peur. Face à l‘angoisse de la mort, chacun va apporter à l’autre sa part d’humanité pour l’apaiser. On chante, on raconte des histoires, on parle à son Dieu…Fraternité de deux nationalités qui se découvrent et partagent leurs univers, leurs traditions, leurs religions et dévoilent leurs secrets. Les deux interprètes sont touchants, fragiles dans un décor qui reconstitue un boyau de mine avec une authenticité effrayante qui participe à la tension dramatique. Une plongée au cœur de l’enfer de la mine avec deux êtres solaires pour toute lumière. 

Recommandation : 4 cœurs

La folie d’Isabelle - Flaminio Scala

Mise en scène : Carlo Boso

Avec : Enzo Beaugheon, Noussaiba Bezzi, Annamaria Ceccarelli, Ferdinand Chenot, Caterina Dalla Zuanna, Salvatore Franco, Patrick Passini

Cour du Barouf à 14H00

Durée : 1H30

C’est toujours un bonheur que de retrouver chaque année la troupe de Carlo Boso à la Cour du Barouf. La Commedia dell’arte avec ses masques, ses lazzis, ses personnages bouffons excessifs, ses péripéties. Tous s’en donnent à cœur joie mêlant chansons, combats à l’épée, bastonnades et duo d’amour. On ne peut résister aux sollicitations des comédiens qui provoquent le public et le font participer de toutes les manières. Un régal de bonne humeur pour petits et grands, un incontournable passage au Festival d’Avignon. E Viva la Commedia !

Rouille et paillettes - Filippo Capparella

Mise en scène : Filippo Capparella, Saskia Simonet

Avec : Martin Durrmann, Audrey Launaz, Saskia Simonet

11 Avignon à 12H00

Durée : 1H20

Bouleversante famille que cette famille Clapier condamnée à vivre au cœur d’une fête foraine avec leurs souhaits impossibles. Ils ont tous un jardin secret cultivé sur une terre de frustrations qu’ils essayent de labourer pour faire pousser leurs rêves. On suit leur quotidien dont on ne sait plus très bien si c’est réel ou fictionnel. La parole et les pensées se chevauchent, se complètent, se confrontent dans un océan d’amours, d’incompréhensions et de frustrations. C’est joué à cent à l’heure par trois interprètes survitaminés qui, sous le masque de l’apparente comédie, font jaillir par éclairs la tragédie d’une vie sacrifiée. Un spectacle déroutant, mais jubilatoire, une écriture nerveuse, mais ciselée. Une belle surprise à laquelle on ne peut rester insensible.

Recommandation : 4 cœurs

Si Vénus avait su - Margaux Eskenazi et Sigrid Carré-Lecoindre

Mise en scène : Margaux Eskenazi 

Avec : Chloé Bonifay, Laurent Deve, Dana Fiaque

11 Avignon à 21H30

Durée : 1H35

Un spectacle profond et tendre. Une réflexion intelligente sur notre rapport au corps, au toucher. Un regard nécessaire porté sur celles et ceux dont le corps est invisibilisé de par les conventions sociales ou tout simplement par la peur. Peur de vieillir, peur de mourir. Un magnifique hommage à ceux qui réparent ces corps âgés, traumatisés, une catégorie professionnelle méconnue : les socio-esthéticiennes. Un spectacle qui nous apaise, nous réconcilie et rétablit une confiance en notre corps. Les deux interprètes ont choisi de traiter sous un angle ludique, pudique et tendre, ce sujet délicat, ils y excellent. Ils ouvrent la porte à notre regard et nous encouragent à prendre mieux en compte ces « autres » qu’on s’ingénie souvent à ne pas voir. Ce spectacle est véritablement comme une caresse au corps et à l’âme.

Recommandation : 4 cœurs

Tina - Garance Legrou 

Mise en scène : Alexandre Pavlata

Avec : Garance Legrou 

Théâtre des Bêliers à 15H40

Durée : 1H15

C’est un OVNI théâtral qui tient du clown et du stand-up. C’est avant tout un petit bout de bonne femme avec une grande « gueule » qui met les points sur les « i ». Elle nous réconcilie avec notre adolescence et pour la génération Giscard c’est un flash back savoureux. Un spectacle qui commence tout doux et qui monte crescendo avec enthousiasme, sarcasme, ironie et une sacrée dose d’humour. Sa phrase clé : « L’échec n’est jamais qu’une réussite qui se voile la face (et inversement) et la démonstration est jubilatoire. Un cocktail de folie, d’intelligence, de sensibilité. Il y avait « Mr 100.00 Volts », il y a désormais « Melle XXL Mégawatter » ! C’est absurde, je sais, mais ça lui va bien.