Chroniques festivalières d'Avignon - 13 juillet

• Gary devant soi - Vincent Jaillard 

Mise en scène : Xavier Lemaire

Avec : Barthélémy Heran, Xavier Lemaire, Laurence Porteil 

Théâtre du Balcon à 15H

Durée : 1H15

Levons le voile sur le mystérieux Emile Ajar. L’histoire d’une supercherie littéraire très bien écrite par Vincent Jaillard. Il nous entraîne dans une manipulation potache qui vire au cauchemar quand le succès prend le dessus. On découvre un Romain Gary en démiurge inquiétant - magistralement incarné par Xavier Lemaire. L’autre face du génie littéraire est éclairée par la merveilleuse Laurence Porteil, qui irradie de sa grâce diaphane une Jean Seberg tourmentée, perdue, s’enfonçant dans les abîmes de la dépression. Au milieu de cela Barthélémy Heran, vient contrarier les ambitions du grand homme, passant tour à tour du naïf serviable au cupide imposteur. C’est construit comme un polar dont vous connaîtriez la fin mais dont vous découvririez au fur et à mesure la machiavélique mécanique. Une enquête passionnante.

Recommandation : 4 cœurs

• Le fossé de Jean-Baptiste Barbuscia 

Mise en scène : Serge Barbuscia 

Avec : Xavier Coppet, Alice Faure, Fabrice Lebert, Maïssane Maroqui, Laurent Montel

Théâtre du Balcon à 20H

Durée : 1H07

Construite comme un jeu d’enfants, cette pièce à tiroirs régale les oreilles d’une langue choisie où l’humour et l’absurde se disputent la partie. C’est un joyeux fouillis dans lequel se perdent ces personnages qui jouent une sorte de « main chaude » avec ce fossé à combler pour objectif. Sous l’influence de Beckett, Ionesco, fils spirituel d’un Prévert ou d’un Tardieu, héritier d’un Dubillard, Jean-Baptiste Barbuscia a la plume insolente et cocasse. C’est un tisseur de mots qui enchevêtre les situations pour mieux dénouer les fils et nous perdre dans sa toile. Puisqu’il faut plonger au-delà d’un réel complètement déstructuré, alors on se laisse happer par le mouvement qu’il nous impose par sa mise en scène dynamique et ludique. Un bel ovni que ce spectacle.

Recommandation : 3 cœurs

• Un cadeau particulier - Didier Caron

Mise en scène : Didier Caron

Avec : Bénédicte BAILBY, Didier Caron, Christophe Corsand

Théâtre Baretta à 12H20

Durée : 1H25

Une comédie cruelle et acide sur le couple, ce n’est certes pas la première fois, mais il y a dans l‘écriture de Didier Caron une jubilation à trouver un point de départ très fort pour déclencher l’intrigue. Il y a une générosité d’écriture à servir ses trois protagonistes d’une égale importance, en leur attribuant des caractères à tiroirs qui surprennent le spectateur. Sous la cruauté et la férocité, il y a beaucoup de tendresse qui se cache sous les traits de plume et le public se laisse surprendre aux rebondissements des événements qui se révèlent au fur et à mesure. Une comédie de bon aloi (très joli terme désuet), mais qui donne au Festival off d’Avignon une belle image d’un théâtre de divertissement de qualité. Voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien pourraientt être une bonne définition d’une bonne soirée à passer entre amis au théâtre. Alors prenez vos billets sans plus tarder .

Recommandation : 4 cœurs

• ZZAJ, à ceux qui se ratent - Sandrine Righeschi, Augustin Ledieu, Matthias Lauriot Prevost 

Mise en scène : Mise en scène de Sandrine Righeschi 

Avec : Matthias Lauriot Prevost, Augustin Ledieu

Théâtre de l’arrache-coeur à 20H

Durée : 1H15

N’essayez pas de prononcer le titre du spectacle vous seriez atteints de dyslexie immédiate, mais laissez-vous embarquer par ces deux olibrius qui vont nous retracer l’histoire du Jazz. On pourrait l’assimiler à un duo de clowns particulier, mais c’est avant tout un duo virtuose où Augustin Ledieu coche toutes les cases de musicien, chanteur et … danseur, accompagné de Matthias Lauriot Prévost – auguste s’il en est – redoutable instrumentiste pluridisciplinaire de talent. Jazz, be-bop, funk, gospel, blues, toutes les couleurs sont là et le public s’enflamme dans la salle. Un spectacle réjouissant !

Recommandation : 3 cœurs