C’est encore mieux l’après-midi
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Thème
Le député Richard Marchelier est monté à Paris pour participer au débat du mercredi après-midi à l’Assemblée nationale. En vérité, il a prévu de retrouver à l’hôtel voisin une des secrétaires du Premier ministre pour un rendez-vous galant et secret. C’est compter sans son épouse qui a tenu à l’accompagner à la capitale ! Pour l’éloigner et arriver à ses fins, Marchelier va impliquer Georges, son secrétaire particulier. Mais celui-ci n’est ni très dégourdi, ni très doué pour le mensonge...
Points forts
1) Comme le veut la tradition, cela démarre tout doucement, le temps que les personnages se présentent et que l’action se mette en place. Mais une fois enclenchée, la machine se met en branle et s’emballe ; elle ne s’arrêtera plus. Les portes claquent, se rouvrent, reclaquent. Les mensonges les plus ahurissants éclatent comme des feux de Bengale, et les quiproquos se succèdent. Tous les personnages semblent montés sur un grand huit, ils enchaînent descentes vertigineuses et loopings échevelés. La pièce est folle mais remarquablement construite, insensée mais ne laissant rien au hasard, bref un merveilleux vaudeville, une tragédie hilarante… pour le public.
2) Cette comédie anglaise a été adaptée en français par Jean Poiret en 1987 pour Pierre Mondy et Jacques Villeret, réunis aux Variétés. Il a choisi de transposer l’action de Londres à Paris et de transformer le ministre britannique en un député franchouillard. Il a aussi saupoudré les dialogues de son esprit et trouvé un excellent titre, celui choisi par Ray Cooney étant intraduisible en français. Pour cette nouvelle production, trente ans plus tard, le texte a été judicieusement raccourci et l’action resserrée.
3) Comment ne pas être confondu par le talent de toute la troupe ici réunie, avec en tête Pierre Cassignard, Lysiane Meis et le désopilant Sébastien Castro. Tous se dépensent sans compter dans un jeu complètement physique, organique même, d’une totale sincérité. Précis, rapides, ils n’ont peur de rien, surtout pas du ridicule de leurs personnages. Le signe des très grands.
4) On savait José Paul, le metteur en scène, très à l’aise pour monter des petites comédies douces-amères sur les relations amoureuses ou amicales. Il donne ici la preuve qu’il peut orchestrer un réel mouvement, chorégraphier un immense cataclysme, comme au Théâtre de Paris où il signe en ce moment une mise en scène déployée et très réussie de « La Garçonnière », d’après le film de Billy Wilder. Un beau doublé.
Quelques réserves
Bien sûr l’argument est idiot, c’est la loi du genre. Mais ceux qui veulent intellectualiser coûte que coûte peuvent toujours se plaire à penser que Cooney n’a pas son pareil pour dépeindre la puissance de la pulsion et la folie imaginative qui s’emparent des hommes (et des femmes) lorsqu’ils se réduisent eux-mêmes à l’état d’animaux lubriques.
Encore un mot...
Que de talents réunis là pour cette nouvelle production de « C’est encore mieux l’après-midi » de Ray Cooney, le roi des vaudevillistes contemporains ! Un spectacle à conseiller vivement à tous ceux qui aiment rire au théâtre comme les enfants rient à Guignol : de bon cœur, sans retenue.
Une phrase
Georges (Sébastien Castro) à Christine Marchelier, la femme de son patron (Lysiane Meis) qui lui fait des avances : « S’il m’arrive quelque chose, l’adresse de mes parents est dans mon portefeuille. »
L'auteur
Le Britannique Ray Cooney a eu très jeune la vocation du théâtre, il a d’ailleurs commencé sa carrière de comédien à l’adolescence dans des productions du West End à Londres. Metteur en scène, producteur, directeur de salle, il sait tout faire, surtout écrire des vaudevilles étourdissants, dignes de ceux de Feydeau.
Beaucoup d’entre eux ont été couronnés de succès à Paris, comme « Le Vison voyageur » avec Poiret-Serrault, « Le Saut du lit » avec Micheline Boudet et Guy Tréjan, « Double mixte » avec Christian Clavier ou « Espèces menacées » avec Gérard Jugnot.
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