Carmen la Cubana
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Thème
Cuba, fin des années cinquante. Des rebelles, menés par Fidel Castro, déclenchent une révolution afin de renverser le dictateur au pouvoir, le général Batista. Carmen, une belle et troublante cigarière, enflamme le cœur de Jose, un militaire. Pourtant, très vite elle se lasse de lui et succombe aux charmes d’El Niño, un champion de boxe. Abandonné, malheureux, jaloux, Jose finit par poignarder Carmen, son grand amour.
Points forts
1) Transformer un opéra en musical : l’idée est excellente. Certes elle n’est pas inédite, on a vu déjà « La Bohème » de Puccini devenir « Rent » dans le milieu underground du New York d’aujourd’hui et « Madame Butterfly » du même Puccini se transformer en « Miss Saïgon » au Vietnam durant la guerre américaine. « Carmen » elle-même s’est déjà métamorphosée en « Carmen Jones » chez les afro-américains pendant la Seconde Guerre mondiale grâce à Oscar Hammerstein II. Mais transposer cette histoire d’amour ardente en comédie musicale à Cuba, une île où la sensualité et la musique sont prédominantes, est un choix particulièrement judicieux. Pour tout dire, une cigarière à La Havane, c’était du sur-mesure!
2) Il s’agit du premier musical cubain. Il est émouvant de découvrir cette histoire, qui se déroule lorsque Castro et ses Barbudos ont pris le pouvoir, au moment où l’île vit un nouveau tournant de son histoire avec la récente levée de l’embargo américain.
3) Belle prestation de la très jolie Luna Manzanares dans le rôle de la torride Carmen. Face à elle, Joel Prieto prête à Jose sa voix magnifique.
4) C’est la fête sur le plateau : toutes les musiques cubaines, salsa, cha-cha-cha, rumba, habanera, mambo…. sont convoquées. On danse, on chante, on s’aime. Le Châtelet prend des allures de Tropicana. Dépaysant.
5) Le décor unique est magnifique : l’intérieur d’une vieille maison coloniale, avec ses murs à la peinture délavée, son grand escalier, ses vitraux colorés et la végétation luxuriante qui menace à tous moments de l’envahir.
Quelques réserves
1) Les cuivres de l’orchestre l’emportent souvent sur les voix.
2) Le livret manque parfois de finesse, de demi-teinte. Certaines expressions un peu lestes auraient pu être gommées.
Encore un mot...
La « Carmen » de Bizet transformée en musical et transplantée à Cuba, l’idée est pertinente. « Carmen la Cubana » au Châtelet, c'est le gage d'une soirée colorée, brûlante, enivrante comme un Mojito.
Une phrase
Carmen : « Il en sera ainsi : si je t’aime, tu est fini. »
(Version cubaine du fameux « Et si je t’aime, prends garde à toi ! »)
L'auteur
En 1875, Georges Bizet pour la musique et le duo Meilhac-Halévy pour le livret tirent un opéra, « Carmen », d’une nouvelle de Prosper Mérimée. Oscar Hammerstein II adapte cet opéra en musical pour Broadway en 1943 sous le titre de « Carmen Jones ». Onze ans plus tard, Otto Preminger le porte au cinéma avec Dorothy Dandridge et Harry Belafonte.
Aujourd’hui, sur une idée du metteur en scène Christopher Renshaw, voici « Carmen la Cubana », une version nouvelle transposée à Cuba. Renshaw est l’auteur du livret avec Stephen Clark et Norge Espinosa Mendoza, qui signe aussi les lyrics. L’orchestration et les arrangements d’Alex Lacamoire réinventent la musique de Bizet sur des rythmes latino-américains.
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