Ça va ?
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Thème
Le « çavavirus », une drôle de maladie qui consiste à interroger chaque matin ou lors de toute nouvelle rencontre un interlocuteur sur l ‘état général de son fonctionnement. Impossible d’y échapper ! Le « ça va » vous pénètre toujours « à l’insu de votre plein gré » et vous met en demeure de répondre.
Et une fois attrapée cette foutue maladie…vous la collerez à tous !
Points forts
- Un moment de divertissement intense. On rit du début à la fin, d’un rire intelligent et qui fait réfléchir sur nos automatismes linguistiques ou conversationnels.
En une série de vingt petits sketchs, l’auteur de « Ça va » offre un texte éblouissant, très théâtral, et qui sans avoir l’air d’y toucher scintille de mille références, de Feydeau à Obaldia, de Beckett à Jules Romain de Ionesco à Roland Dubillard… Bref un texte qui mêle humour juif et théâtre de l’absurde, incongrus jeux de mots et quiproquos classiques, imbroglio d’opéra ou bégaiements d’aphasiques et mène parfois, tragique, au silence de l’incommunicabilité.
- Une mise en scène de Daniel Benoin, enjouée et tonique, avec une figuration (quatre silhouettes actives entourent les trois acteurs principaux) et une musique allègre. Il n’était pas simple sans doute de lier cette série de saynètes en apparence décousues (il n’y a pas d’intrigue, juste une thématique) dans un flot dynamique où le spectateur a à peine le temps de reprendre son souffle ou de s’arrêter de rire.
- La sensation de voir et d’entendre du vrai théâtre avec un beau texte, des dialogues qui « grésillent sous la langue », avec de grands comédiens pour les dire. François Marthouret, Pierre Cassignard et Eric Prat sont à la hauteur des rapides métamorphoses exigées par les changements de rôles et se délectent manifestement à jouer ce texte . Ça sent les « Molière » !
Quelques réserves
A moins d’être allergique à un théâtre qui fait la part belle à la mécanique du texte et de l’humour, qui repose plus sur le mot d’esprit que sur les situations (même si elles sont nombreuses et souvent désopilantes) il n’y a guère de faiblesse dans ce spectacle qui semble vraiment maîtrisé dans tous les compartiments du jeu et a le bon goût de ne pas être trop bavard ou répétitif (ce qui aurait pu être l’écueil d’une série de sketchs courts).
Encore un mot...
Une méditation drôlissime et profonde sur l’impossibilité, parfois, à se dire au travers du seul langage.
Une phrase
"Ça va ? Ça va. Ton père ? A l’hosto. Merde ! Ta mère ? A l’hosto. Merde ! Oh, on s’y fait tu sais. Et il est où c’t’hosto ? Laisse tomber. Non non ça m’intéresse. Ils sont pas dans le même. Merde ! Y en a un c’est le cœur et l’autre l’a…l’a…ah…l’alzheimer. Merde ! Et toi ? Moi ça va . Tes parents ? Ensemble. Où ça? Père-Lachaise "
L'auteur
Jean-Claude Grumberg est un auteur consacré. Il a écrit plusieurs grands « classiques » du théâtre d’aujourd’hui comme L’atelier, une pièce écrite quand jeune homme il faisait tous les métiers (celui de tailleur en l’occurrence). Pour le cinéma il a été le coscénariste duDernier Métro de François Truffaut ou encore d’Amen de Costa Gavras.
Son œuvre a été couronnée de nombreux prix: "Zone libre" a obtenu le prix du théâtre de l’Académie Française; en 1999, il a obtenu le grand Prix de la SACD pour l’ensemble de son œuvre; en 2016, le syndicat de la critique l’a nominé pour le Molière de l’auteur francophone vivant.
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