Brulez-la!
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Thème
Dans la vie et l’œuvre de l’écrivain américain Francis Scott Fitzgerald il y sa femme Zelda, elle-même romancière et inspiratrice de son mari qu’elle fascine, jusqu’au jour où il la traquera… Originale, fantasque, provocante, scandaleuse, délirante, ravissante, démoniaque, ensorcelante - son mari lui dira « des femmes comme toi, on les brûlait au Moyen-Age » - elle sombre dans la folie, atteinte de schizophrénie, et se trouve internée dans un hôpital psychiatrique à l’âge de 36 ans… Dix ans plus tard l’hôpital prend feu, faisant de nombreuses victimes dont Zelda. La sorcière est brûlée…
La pièce est un quasi-monologue de Zelda (interprétée par Claude Perron) qui, de sa chambre d’hôpital (figuré par une « maison de poupée » dont Zelda émerge), évoque les péripéties de sa vie (pas forcément de manière chronologique d’ailleurs) et notamment sa relation avec Scott Fitzgerald et son ami-concurrent Ernest Hemingway. Il y a une trame de fond, l’obsession de Zelda : devenir danseuse étoile. Nous sommes dans les années 1920, tantôt en Amérique, tantôt en Europe : on danse le fox-trot, on boit, on fume, l’excès est sans limites. Le couple Fitzgerald s’y perdra.
Points forts
- Quelle révélation que Claude Perron dans ce rôle littéralement fait pour elle. Elle a joué dans les pièces de Fabrice Melquiot comme Pollock ou Je suis drôle, elle a tourné au cinéma avec Albert Dupontel, Yvan Attal ou Jean-Paul Rappeneau, on l’a vue récemment dans la série WorkinGirls de Canal +… Elle incarne une Zelda touchante, clownesque, très convaincante dans sa douce folie mais peut-être pas tout à fait assez sorcière ? Avec une diction impeccable, elle met en valeur un texte fort bien écrit, grinçant, drôle et onirique à la fois. Il faut savoir qu’elle et Michel Fau ont littéralement commandé la pièce à Christian Siméon!
- Michel Fau n’est pas né de la dernière pluie : on le voit partout ! Metteur en scène et acteur, ex-égérie d’Olivier Py, son répertoire est prestigieux. Il signe ici une mise en scène sobre mais pleine de poésie qui rend attachante la folie de Zelda comme si, dans ses délires et dans sa fantaisie, c’était elle qui avait raison…
- Quelle jolie idée d’avoir habillé Zelda en danseuse de ballet, elle qui rêvait de danser La Chatte de Balanchine et qui est morte heureusement avoir d’avoir pu se rendre compte qu’elle n’y serait jamais parvenue...
Quelques réserves
- Peut-être, proportionnellement à la longueur de la pièce (1h15), la scène autour d’une partie de tennis avec Hemingway est un peu longue et un peu lourde… Elle est là pour expliquer que Zelda et Hemingway se haïssaient et que ce dernier a contribué à séparer Zelda de Scott.
- On regrette que le personnage de Scott Fitzgerald soit si falot. Est-ce voulu ? Il entre en scène, se perche sur une chaise d’arbitre de tennis, et ne dit qu’un mot ou deux de temps à autre. On est ennuyé pour lui…
Encore un mot...
Un petit bijou de théâtre contemporain. Un peu plus d’une heure « au-delà du miroir »
Une phrase
« Je n’ai jamais aimé la lune, elle gâche l’obscurité »
L'auteur
Christian Siméon est sculpteur et auteur dramatique. Dès 1999 ses premières pièces (La Reine écartelée, L’Androcée, Landru et Fantaisie) sont mises en scène par Jean Macqueron, directeur du théâtre l’Etoile du Nord. Puis Jean-Michel Ribes met en scèneLa Priapée des écrevisses, à la Pépinière, en 2002. En 2007, sa pièce Le Cabaret des hommes perdus, créée au théâtre du Rond-Point , est récompensée par le Molière du spectacle musical. Ce spectacle, adapté en espagnol, est la comédie musicale qui sera jouée le plus longtemps à Buenos Aires. Puis La Vénus au phacochère sera montée au théâtre de l’Atelier, avec Alexandra Lamy, dans une mise en scène de Christophe Lindon, en 2013; suivra une tournée en France, aux Etats-Unis et en Angleterre. Récemment, en 2016, il a adapté le film de Woody Allen, Maris et Femmes, au Théâtre de Paris (cf. la chronique de Corinne Bellock pour Culture-Tops, le 6 mai).
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