Bouvard et Pécuchet
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Thème
L’un est veuf, l’autre vieux garçon. Deux solitudes. Bouvard et Pécuchet vont se trouver un jour assis sur un même banc, faire connaissance et se découvrir une profonde complicité. Foncièrement idiots tous les deux, ils aiment paradoxalement manier les idées, les grandes de préférence, et manifestent un intérêt profond pour l’avancée du monde, les découvertes scientifiques, les nouveaux procédés… Tout y passe. Flaubert voulait intituler au départ son livre « Encyclopédie de la bêtise ».
Points forts
1) Micha Lescot, grand et mince, aux allures de point d’exclamation, est Bouvard. Jérôme Deschamps, plus court et moins fin, ressemble à un point d’interrogation, il est Pécuchet. Au premier tableau, vêtus de noir et portant chapeaux melons, ils paraissent deux copies de Vladimir et Estragon. Mais nos héros n’attendent pas Godot, d’ailleurs ils n’attendent rien ni personne, ils n’ont pas le temps. Ils ont trop à débiter.
Poncifs, préjugés, clichés, idées reçues… se bousculent, avec toujours en filigrane un contentement de soi et une bienveillance à l’égard de leur petite personne qui achèvent le ridicule. On rit beaucoup d’eux qui nous rappellent les grands débats si souvent fumeux ou ces conversations de hasard quand chacun prend la parole tant bien que mal. Mais finalement, si l’on veut être honnête, on finit par rire surtout de la nature humaine en général.
2) Si le texte est savoureux et même désopilant, il s’agit avant tout d’un spectacle de Jérôme Deschamps, et l’humour est aussi visuel et sonore. Les deux comparses se jouent de leur physique diamétralement opposé mais complémentaire. Et Deschamps comme à son habitude crée un grand mouvement sur le plateau, fait de gags, de surprises, d’élans, de gestes, de déplacements où les accessoires jouent un rôle prépondérant. Ainsi lorsque Bouvard et Pécuchet dissertent derrière une sorte de hangar de tôle et que leurs jambes sont cachées, on croirait assister à un spectacle de marionnettes à main. D’ailleurs on rit souvent comme à guignol, d’un rire d’enfant.
3) En les regardant et les écoutant, on se dit que les héros de Flaubert ont pleinement leur place dans l’univers si particulier du créateur des « Deschiens ». En fait, c’est l’inverse. Jérôme Deschamps reconnaît s’être beaucoup inspiré de ce duo de la littérature pour imaginer ses tandems, où chacun épaule la bêtise de l’autre en affirmant la sienne. Rendre à Flaubert…
4) Est-ce voulu par le metteur en scène ? Il n’empêche que, de cette paire de minables, se dégage une petite émotion, une petite chaleur, celle de l’amitié, cette alchimie précieuse qui permet d’être moins seul au monde. Et tant pis si ces deux-là ne sont pas très reluisants, au moins ils se sont trouvés !
Quelques réserves
Le rire est affaire très personnelle, intime même. Ce qui le provoque est le décalage de la réalité. Certains pourront rester moins sensibles ou même de glace face au miroir déformant que Jérôme Deschamps tend à la salle.
Encore un mot...
Deschamps emprunte ses héros à Flaubert et compose un concert de la bêtise et de la vanité. Drôle, très drôle. Mais n’est-ce pas une part de chacun d’entre nous sur la scène ? Déformée mais ressemblante.
Une phrase
Bouvard (Micha Lescot) à Pécuchet (Jérôme Deschamps) : « T’es tellement petit que quand je te vois, j’ai toujours l’impression que tu es loin. »
L'auteur
Neveu du comédien Hubert Deschamps et du réalisateur Jacques Tati, Jérôme Deschamps est comédien, metteur en scène, auteur et réalisateur. Il se forme à l’Ecole de la rue Blanche et au Conservatoire national.
Après un passage à la Comédie-Française, il crée avec Macha Makeïeff la compagnie Les Deschiens, soit une vingtaine de spectacles : « C’est magnifique », « Les Petits Pas », « Lapin-Chasseur »… et ils inventent pour la télévision la célèbre série « Les Deschiens ».
En 2003, il est nommé directeur artistique du Théâtre de Nîmes et prend en 2007 la tête de l’Opéra Comique. Il crée en 2016 la Compagnie Jérôme Deschamps.
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