Big Apple
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Thème
Un couple ordinaire, pas pire, pas mieux que les autres, vit un amour ordinaire, qui s'assoupit au bout de dix ans de mariage. Reste deux solitudes qui "s'entrechoquent gentiment". Jusqu'à ce que lui apprenne qu'il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre. Pendant un bout de temps chacun fait semblant de ne pas savoir. Les deux finissent quand même par comprendre que l'autre sait la vérité. Alors, au lieu de se laisser aller, et sans grande déclaration, ils décident de rattraper le temps perdu, de redonner un vrai sens à leur amour, de réussir ce qui leur reste de temps à vivre ensemble, d'être dans l'instant, à travers le projet d'un voyage à New-York.
Points forts
1 Le texte :
- Pas de fioritures, pas de facilités. La recherche d'une vérité intime, simple, universelle. On est pris très vite, et on ne lâche plus les deux personnages, parce que nous comprenons que eux, ce pourrait être nous. Et qu'au fond, l'issue ultime mise à part, on aimerait bien vivre aussi profondément, aussi généreusement, aussi simplement, un amour. Surtout à travers l'exemple de la femme, admirable d'écoute, de patience, de générosité aussi pudique et discrète que sans faille.
- Il y a donc cette manière de vivre un amour, mais il y a aussi la façon de parler de la maladie, de la partager en couple. De donner à cette épreuve, quelle qu'en soit la gravité, une résonance positive.
2 Le jeu des acteurs :
Sur un thème qui aurait pu dégouliner de trop bons sentiments, Christophe Malavoy et Marianne Basler se montrent exceptionnels de tact, de simplicité, de vérité. Marianne Basler, si délicieusement et si courageusement féminine.Christophe Malavoy, si remarquablement capable d'exprimer le plus en en faisant le moins possible.
3 La mise en scène de Niels Arestrup est parfaitement maîtrisée : force, tendresse, émotion, discrétion, tout est fait pour que le spectateur se retrouve, à travers ce spectacle, face à l'essentiel de lui-même, sans pathos mais avec exigence. La scène finale est ,de ce point de vue, exemplaire. Un travail d'artiste!
4 Le résultat : j'ai rarement vu une salle prise aux tripes à ce point. Avec un moment d'intense émotion- je vous laisse le découvrir- où presque tout le monde a la larme à l'oeil.
Quelques réserves
1 Je ne perçois pas très bien l'intérêt du choix d'un titre anecdotique -"Big Apple" : New-York, je suppose?- pour une pièce aussi profonde.
2 Et peut-être :
- Quelques très rares longueurs.
- Et un décor sinistre, digne d'un motel obscur dans un roadmovie sans budget.
Encore un mot...
1 Comme quoi, bien souvent, c'est la conscience ou la perspective de la mort qui donne sa plus grande dignité à la vie. Malraux :" La mort transforme la vie en destin".
2 Symbole des temps, sans doute, à moins que ce ne soit la volonté d'éviter de "déraper" vers tout débat métaphysique : dans cette pièce sur la mort, il n'est jamais question de ce qui pourrait se passer après, pour lui. L'après n'est évoqué que pour elle...
3 On connaissait Isabelle Le Nouvel comme comédienne. On la suivra désormais également en tant qu'auteure, en espérant qu'elle n'ait pas peur de continuer à s'attaquer à des sujets difficiles.
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