Berlin Kabarett
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Thème
Berlin, 1928. Ancienne prostituée, Kirsten dirige d’une main de fer son cabaret. Parmi les artistes qui se produisent chez elle, un ex-amant auteur et interprète, un compositeur à succès, et surtout son fils Viktor, enfant non désiré, homosexuel et travesti. On chante, on danse, on boit, on rit… C’est la fête, mais dehors le monde change à mesure qu’un nouveau parti politique, dangereux et inquiétant, ne cesse de prendre de l’importance.
Points forts
1- Ce soir-là sous la pluie, on emprunte avec précaution l’impasse pavée à la diable qui mène au Théâtre de Poche et l’on descend au sous-sol comme on s’enfonce dans un bouge. Sous un plafond bas, face à un espace scénique tout en longueur, des chaises sont disposées autour de petits guéridons, éclairés par quelques lumignons. Le cabaret, on y est, incontestablement ! Ceux qui le souhaitent peuvent même commander du champagne. Entre le spectacle présenté et le lieu où il se déroule, l’adéquation est parfaite.
2- Conçu et mis en scène par Stéphan Druet, le spectacle est passionnant à plusieurs titres. D’abord par sa reconstitution d’un show selon les codes du cabaret berlinois, tels qu’on se les imagine : de la vitalité, de la gaité, du rythme, des travestis, une pointe de provocation et une bonne dose de mélancolie.
Mais il nous raconte aussi une histoire humaine, celle de Kirsten, la patronne, une drôle de femme, de son fils Viktor, un drôle de zèbre et de leurs acolytes, de drôles d’oiseaux. En filigrane, Stéphan Druet peint la toile de fond par petites touches : un pays (une Allemagne exsangue, plongée dans la misère économique et sociale), une époque (la République de Weimar et la percée du nazisme) et une société (la Sodome de ce début du XXe siècle). En réalité la fête n’est pas si folle et si elle brille de mille feux, c’est plutôt à la manière d’un diamant noir.
3- Certes le message n’est pas nouveau mais « Berlin Kabarett » nous rappelle à bon escient que les salles de spectacle peuvent être des refuges, des îlots de résistance et de contestation. S’opposent alors deux mondes distincts, la réalité et la vie représentée, le dehors et le dedans.
4- Dans le rôle difficile de Viktor, Sebastiàn Galeota est épatant de finesse et de précision. Comme dans la pièce « Renata », il ne joue pas le travesti mais la femme, avec beaucoup de vérité.
5- Jolie et élégante, mince comme une liane, comédienne à la forte présence et chanteuse sensible, Marisa Berenson est une femme-spectacle. Près de quarante-cinq ans après le film de Bob Fosse, comme un clin d’œil, elle retrouve un cabaret berlinois de l’entre-deux-guerres, mais ici son personnage de reine de la nuit est bien différent. Découvrir l’héroïne de « Barry Lyndon » dans cette toute petite salle parisienne en sous-sol, alors qu’elle a joué sur de grandes scènes à Londres et à New York, prouve qu’elle n’est pas prisonnière de son statut et qu’elle aime les aventures disparates. Chapeau !
Quelques réserves
Il faut le savoir avant de réserver : les chaises et cette batterie de guéridons sont installés dans la salle d’une manière telle qu’à certaines places, on ne voit qu’une partie très restreinte du spectacle. De frustrante, la soirée peut vite devenir longuette.
Encore un mot...
Cabaret à la germanique, portrait d’une troupe d’artistes interlopes et évocation de l’Allemagne à la fin des années 20, « Berlin Kabarett » est un spectacle enthousiasmant mais présenté dans une salle modulable, mal agencée pour l’occasion.
Une phrase
Kirsten (Marisa Berenson) chantant à propos de son fils homosexuel (Sébastiàn Galeota) : « Quand Viktor aime, c’est un problème, c’est un blasphème, c’est un anathème ! »
L'auteur
Comédien, auteur et metteur en scène, Stéphan Druet travaille le clown avec Les Octavio dont il est l’un des créateurs. Il crée sa compagnie en 1993 et monte des spectacles de cabaret. Il travaille en étroite collaboration avec la compagnie Les Brigands : « Barbe-Bleue », « Geneviève de Brabant », « Ta bouche », « Toi c’est moi »… En 2008, il co-met en scène avec Julie Depardieu « Les Contes d’Hoffmann ». Il crée une passerelle entre Buenos Aires et Paris. Pour « Histoire du soldat », il a obtenu le prix Laurent Terzieff 2017 décerné par la critique et il vient de recevoir le Molière 2018 du spectacle musical, lundi 28 mai.
Commentaires
un spectacle musical de cabaret extrêmement bien dirigé. Technique, danse, voix, artistes géniaux, époustouflants, Berlin Kabarett j'ai adoré !
En plus Marisa Berenson a 3 métres de vous.
Bravo les acteurs, les musiciens et le réalisateur !!
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