Berlin Berlin

Un boulevard complètement à l’Est
De
Patrick Haudecoeur
Mise en scène
José Paul
Avec
Anne Charrier, Maxime d’Aboville, Patrick Haudecoeur et Loïc Legendre
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Fontaine
10, rue Pierre Fontaine
75009
Paris
01 48 74 74 40
Jusqu'au 31 mai, du mardi au vendredi à 21 h, le samedi 16h30 et 21h, le dimanche à 16h00

Thème

 • L’entreprenante Emma (Anne Charrier) et son fiancé, le lunaire Ludwig (Patrick Haudecoeur), visiblement lassés du paradis socialiste est-allemand édifié depuis 1949, rêvent de passer à l’Ouest. 

• Mais deux obstacles non négligeables se dressent devant leur projet d’aller se marier à Paris : 

- primo, l’existence depuis août 1961 d’un mur de 4 mètres de hauteur sur 155 km de long, quasi-infranchissable séparant, comme chacun sait, la ville en deux et gardé par 14 000 soldats à la détente facile ;

- secundo, l’entrée du passage secret pouvant les conduire à la liberté se trouve dans l’appartement d’une vieille communiste endurcie, par surcroît mère de Werner, un officier zélé de la Stasi ...

Points forts

• Quiproquos en cascade, malentendus à foison, substitutions de rôles à gogo, doubles sens et méprises à discrétion : toute la panoplie du bon théâtre de boulevard répond ici présent ! 

• Le spectacle va crescendo dans un rythme et des situations de plus en plus délirantes, donc surprenantes : les concepteurs de Berlin Berlin ont le sens du défi, qui repoussent sans cesse les limites dans l’art de placer leurs créatures dans des situations totalement désespérées, dont ils parviennent pourtant à se sortir sans dommage pour l’intrigue.

• Des comédiens tout à fait à leur aise dans leur(s) personnage(s) respectif(s), avec une mention spéciale pour Patrick Haudecoeur et  Maxime d’Aboville, qui donnent libre cours à leur potentiel comique.

• Un soin du détail, avec cet intérieur dont le papier peint est au motif de la faucille et du marteau, sans oublier des morceaux de bravoure, comme une interprétation d’anthologie de La Truite de Schubert qui restera dans les annales du théâtre de boulevard ...

Quelques réserves

• Il n’y en a guère, si ce n’est pour les derniers thuriféraires des démocraties populaires, une espèce en voie d’extinction, mais qui compta de beaux spécimens au Parti Communiste Français jusque dans les années 1980.

Encore un mot...

À l’heure où la France s’envisage depuis une perspective mondiale, et donc européenne, le pari choisi par Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras consiste à dépayser notre bon vieux “théâtre de boulevard“, et en tester les ressorts dans un cadre historique assez inhabituel, à savoir l’Allemagne de l’Est du camarade Honecker.

• Le pari est osé, il est vraiment réussi, et cela ouvre des perspectives stimulantes à ce genre en quête de renouvellement.

Une phrase

Emma [à un Werner très empressé] : « Je ne suis pas libre, Werner... »
Werner : Ça peut s’arranger... Un coup de fil, et vous êtes célibataire ! »
[...] 
Ludwig [sommé de jouer d’un violon dont il est censé être un virtuose] : « Dans cette version, c’est pas tellement une truite, ça s’apparenterait plutôt à un goujon... »

L'auteur

• Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras n’en sont pas à leur coup d’essai. Le premier a débuté comme comédien, pratiquant tous les genres théâtraux, et connu un grand succès comme auteur avec Thé à la menthe ou t’es citron ?, joué à guichets fermés plus de 700 fois. Il récidive avec Frou-Frou les Bains, qui triomphe avec plus de mille représentations. 

• Le second n’est pas en reste comme auteur et adaptateur (de Rabbi Jacob aux Fleurs pour Algernon) au théâtre, coscénariste pour le cinéma, mais aussi chroniqueur (Tous aux abris en 1996), auteur et producteur pour France Inter.

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