BERENICE
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Thème
- Titus, qui vient de succéder à son père Vespasien, aime passionnément Bérénice, reine de Palestine (la Judée du Ier siècle de notre ère), qui l’aime en retour. Ils se sont destinés l’un à l’autre carTitus a promis le mariage.
- Las, le Sénat romain, craignant la colère d’un peuple xénophobe, s’oppose à l’union de son empereur avec une étrangère. Cerise sur le gâteau, Antiochus, meilleur ami de Titus, est secrètement amoureux de la reine. On imagine alors son tourment lorsque l’empereur charge son compagnon d’annoncer à Bérénice qu’il renonce à son amour pour raison d’État. Antiochus a-t-il une chance désormais ? Que va devenir la reine ?
- Une précision : la scène se déroule dans une sorte de loft New Yorkais, les costumes sont à l’avenant, un grand lit trône au milieu de la scène !
Points forts
- Fréderic de Goldfiem campe un Titus impérial, réunissant forte présence, émotion retenue, crédibilité sans failles.
- Carole Bouquet, souveraine, exprime avec justesse le bouleversement de ses sentiments tour à tour enthousiastes, déçus puis résignés. Et toujours un texte admirable mais ici allégé, amputé des considérations politiques de l’original dédié au “sacrifice“ amoureux du jeune Roi soleil. Les alexandrins sont puissants et mélodieux, mis en musique avec délicatesse contrastant avec la cruauté des situations. La torture morale des uns n’a d’égale que la classe majestueuse des autres. Les sentiments sont purs et exacerbés, la chute est inexorable. Un “scénario“ terriblement efficace.
Quelques réserves
- Une mise en scène dépouillée à l’extrême, et un “laisser aller“ assez convenu dans une représentation du quotidien contemporain ordinaire et dérangeante.
- Une mise en route quelque peu laborieuse, desservie par une diction “murmurante“ de Bérénice au lever de rideau.
Encore un mot...
Ce qui est remarquable dans cette pièce de Racine en particulier, si actuelle trois siècles et demi après sa création à l’hôtel de Bourgogne, c’est la non-violence physique. Pas de combats, pas de morts. Mais comme le dit si bien Carole Bouquet (estimant qu’il s’agit là de la plus belle mise en scène de Bérénice) : « Il y a pire que la mort, il y a le renoncement. »
Une phrase
« Rome, par une loi qui ne peut changer
N’admet avec son sang aucun sang étranger
Et ne reconnait point les fruits illégitimes
Qui naissent d’un hymen
Contraire à ses maximes. » (acte II, scène 2)
Et pour conclure :
« Il ne s’agit plus de vivre, il faut régner. » (acte IV scène 5)
L'auteur
- Chacun connait Jean Racine, le dramaturge classique parmi les classiques, et sa passion pour les amours contrariés. Sa carrière fut exceptionnelle (il naquit en 1639 mourut en 1699), adulé par le roi Louis XIV dont il fut l’historiographe, encouragé par Madame de Maintenon, et formé à Port Royal chez les Jansénistes. Il enchaina les succès après La Thébaïde, avec Andromaque (1667), Britannicus (1669), Bérénice (1670), Iphigénie (1674), Phèdre (1679), sans oublier Les Plaideurs, sa seule pièce comique (hélas).
- Point n’est besoin de trop d’effort pour se souvenir : « Tout Picard qu’il était, c’était un bon apôtre » ! Racine avait sa muse, sa Carole Bouquet, la fameuse Champmeslé, qui joua dans toutes ses pièces et fut “sociétaire“ de l’Hôtel de Bourgogne fondé par le roi, la future Comédie française.
- Mais saluons aussi la talentueuse metteure en scène Muriel Mayette-Holtz, qui a su remettre cette Bérénice au goût du jour. Elle monta sa première Bérénice en 2011 à la Comédie Française, qu’elle fut la première femme à diriger. Comédienne, elle y rentra à vingt ans. Formée par Michel Bouquet, elle joua sous la direction d’Antoine Vitez, Jacques Lassalle, Matthias Langhoff, Philippe Adrien. Elle a monté plus de quarante spectacles. En 2015, elle est nommée directrice de la Villa Médicis. Chevalière de la Légion d’Honneur. Elle dirige aujourd’hui le CDN Nice Côte d’Azur.
Commentaires
Déçue par la mise en scène minimaliste en décalage avec la beauté du texte .
Acteurs épuisés et peu convaincants
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