Augustin passe aux aveux

Une adaptation incroyablement moderne des confessions
De
Martine Loriau et Dominique Touzé
D'après Les Confessions de Saint Augustin
Mise en scène
Dominique Touzé
Avec
Dominique Touzé (comédien) et Guillaume Bongiraud (musicien)

Durée: 1h10.

Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Les Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs
75001
Paris
0142360050
Jusqu'au vendredi 1er juillet les jeudi et vendredi à 21 heures

Thème

Frédéric Boyer, qui enseigne la littérature comparée à l'université, et est l'auteur de nombreux livres et pièces de théâtre, a traduit, dans une nouvelle version, Les confessions de saint Augustin. C'est à partir de cette traduction que Dominique Touzé et Martine Loriau ont adapté ce texte en pièce de théâtre.

Dans un monologue prenant, Saint Augustin raconte son enfance,  où sa mère tient une grande place, puis sa vie de débauché à Carthage, ses doutes, sa volonté de vivre toutes les expériences, puis la révélation que Dieu lui apporte. Il se livre peu à peu à Dieu, avec autant de violence qu'il en a manifestée pour sa vie de plaisirs. Ses états d'âme sont accompagnés par le musicien qui, avec son violoncelle, l'accompagne, le moque et le soutient.

C'est le thème de la découverte de la foi chez un débauché, un peu comme Saint Paul, frappé par la révélation sur la route de Damas.

C'est un monologue, qui traduit la trajectoire de Saint Augustin: il découvre la foi, ébloui par Dieu, et plein de remords pour sa vie passée.

C'est une "vraie-fausse lecture": l'acteur tient toujours un cahier dans ses mains, il le regarde épisodiquement. Le cahier n'est pas un souffleur, mais une allusion au texte écrit.

Le musicien violoncelliste est une "métaphore de Dieu", qui  soutient Augustin, le gronde, l'encourage. Il devient aussi la métaphore de Ponticien, à l'origine de sa conversion dans un petit jardin à Milan.

Points forts

1) C'est une adaptation incroyablement moderne des Confessions.

2) L'acteur Dominique Touzé est remarquable: il soutient le rythme du monologue pendant plus d'une heure, et il fait vivre cette conversion sans jamais ennuyer.

3) Ce texte austère, par son écriture et le jeu de l'acteur, passe facilement auprès du public.

4) Le musicien exprime toute la complexité de son rôle.

5) La petite table et la disposition du théâtre en forme de café, favorisent le contact avec l'acteur: cette mise en scène originale amplifie les élans vers Dieu et les rechutes vers le doute.

Quelques réserves

Ils sont peu nombreux dans cette belle pièce, et les points faibles sont souvent l'envers de la médaille des points forts:

1) Le rôle du musicien apparaît progressivement, on ne le le comprend pas forcément au début.

2) Le monologue de Saint Augustin peut arriver à lasser le spectateur, à de rares moments, étant données sa longueur et son intensité.

3) La mise en scène, très dépouillée, peut apparaître comme un point faible,mais elle favorise un face-à-face exigeant avec l'auteur. Au début, la présence du livre semble jouer le rôle de souffleur, mais ensuite, on comprend qu'il suggère la démarche de lecture.

4) Le jour où j'y suis allé, l'acteur a fait une confusion avec Hamlet, "To be or not to be": était-ce volontaire ou non? Il en a plaisanté lui-même...

Encore un mot...

Le côté intellectuel et austère qu'on pourrait redouter dans l'adaptation d'une telle oeuvre est rendu attrayant, sinon facile, auprès d'un public tout de même un peu averti.

Une phrase

"La mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure"

L'auteur

Saint Augustin de Thagaste fait ses études de rhétorique à Carthage (370) et adhère au manichéisme (372). Il rencontre le philosophe Ambroise à Milan, en 384, et se lance dans ds études platoniciennes en 386. Il se ocnvertit au christianisme et devient évêque d'Hippone (actuelle Annaba, en Algérie) en 396. Ses deux grandes oeuvres sont Les Confessions (397-400) et La Cité de Dieu (410-427).

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