Ariane
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Thème
En Suisse, vers 1930, Ariane d’Auble, riche héritière genevoise et protestante, est l’épouse d’un petit fonctionnaire arriviste, Adrien Deume, qu’elle méprise. Désespérée et solitaire, elle s’enferme dans un monde de rêves éveillés qui sera brisé par sa rencontre avec Solal, haut dignitaire juif de la Société des Nations. Celui-ci, élégant et brillant, est le supérieur hiérarchique de son mari.
Ariane et Solal vont vivre alors une passion intense, destructrice, absolue, poussée à l’extrême.
L’adaptation théâtrale s’intéresse à trois monologues d’Ariane au bain, placés à des moments charnières de sa vie, ce qui permet de suivre son évolution féminine et sentimentale, le passage de fantasmes naïfs et enfantins à une passion dévorante et sensuelle.
Points forts
.Une mise en scène on ne peut plus intimiste, minimaliste, Une géométrie décalée en noir et blanc, une baignoire et des miroirs sans tain en trois points qui renvoient la lumière. On se trouve dans un jeu de reflets, une atmosphère onirique qui nous plonge dans les rêves et les fantasmes d’Ariane.
. Le choix du bain, lieu personnel, intime par excellence, permet de rentrer dans les pensées les plus secrètes d’Ariane. Le spectateur devient témoin et non confident.
. Interprétée brillamment, sans fausse note, par Euriale Livaudais, Ariane, dans un déshabillé rouge, seul élément de couleur, se métamorphose peu à peu sous nos yeux. Elle apparaît d’abord primesautière et nous entraîne dans un monde enfantin, cocasse, inattendu. Le débit se fait rapide, décousu. Puis elle se moque, cruelle, mordante, et évoque avec drôlerie des moments de sa vie de femme mariée. Enfin comme amante, elle devient sensuelle, émouvante, terriblement féminine.
On est sans le vouloir dans une sorte de voyeurisme parfaitement assumé. Et c’est là que nous sommes touchés par l’essentiel : la richesse, la musicalité du texte, un vocabulaire flamboyant de poésie et de lyrisme et non dénué d’humour de dérision.
Quelques réserves
Un moment de theâtre peut être trop court pour ceux qui ont adoré lire et relire "Belle du Seigneur".
Encore un mot...
Un One Woman Show d’une féminité absolue, fantasque et débordante. Une autre lecture d’une partie de cette formidable oeuvre romanesque.
Une phrase
Qui seront deux:
- « J’étais une sorte de vierge, violée par son mari de temps en temps, par pitié !»
- « Exquis de se vouvoyer en étrangers bien élevés et savoir qu’on serait nus bientôt nos yeux se tutoyaient……On était des élus devant cette bande de conjugaux…..Exquis de prendre congé de vous et de savoir que tout à l’heure, quand les autres partis, je reviendrais…. Oh serre moi fort, je suis à toi purement toute »
L'auteur
Albert Cohen, auteur Suisse, est né en Grèce en 1895. Après plusieurs succès littéraires comme "Solal" et "Mangeclous", il publie en 1968 « Belle du Seigneur », son oeuvre majeure, qui reçoit le grand prix de l’Académie Française. C’est un des plus beaux romans d’amour du XXème siècle, un hymne à la femme, qui sera toujours pour lui un objet de fascination. Conseiller juridique au Conseil Intergouvernemental pour la protection des réfugiés pendant la dernière guerre, Albert Cohen sera un grand défenseur du peuple juif, cause qui transparaîtra dans toute son oeuvre.
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