Après la répétition / Persona
Deux chef d’œuvre de Bergman = une œuvre d’Ivo van Howe, classique puis résolument et intensément décapante
De
Ingmar Bergman
Dramaturgie : Peter van Kraaij
Traduction : Daniel Loayza
Durée : 2h30 avec entracte
Traduction : Daniel Loayza
Durée : 2h30 avec entracte
Mise en scène
Ivo van Hove
Avec
Emmanuelle Bercot, Charles Berling, Justine Bachelet, Elizabeth Mazev
Notre recommandation
4/5
Infos & réservation
Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet
75004
Paris
01 42 74 22 77
Du 6 au 24 novembre à 20h. Samedi 11 novembre à 15h. Relâche les 12 et 19 novembre
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Thème
- Ivo van Hove s’empare de deux films d’Ingmar Bergman pour en faire un dyptique où les deux œuvres se renvoient sur le thème des affres de la création théâtrale.
- Dans Après la répétition, un metteur en scène vieillissant, Henrik Vogler, qui ne vit que pour le théâtre, dialogue tour à tour avec ses deux actrices, pour lesquelles il ressent une profonde attirance. L’une est jeune est passionnée, l’autre est sa mère.
- Dans Persona, une comédienne s’arrête en plein milieu du spectacle, Electre, qu’elle interprète. Elle ne reparlera plus. D’abord envoyée dans une clinique, elle part se reposer au bord de la mer, en compagnie d’une infirmière, Alma.
Points forts
- Le spectacle est remarquable pour ce qu’Ivo van Hove fait de Persona, sublimé par la violence de la scénographie et de la mise en scène propres au metteur en scène néerlandais.
- Elizabeth (incroyable Emmanuelle Bercot) apparait emmurée dans son silence et allongé nue (elle le restera une partie de la pièce) sur une table de dissection. Même si elle reste muette tout au long du spectacle (mais quel travail sur le corps comme seul moyen de communiquer), c’est un vrai dialogue qui s’installe avec Alma son infirmière, qui va progressivement (encouragé peut-être par son silence) se confier à elle. Leur échange atteint alors un niveau d’intensité et d’intimité rare, porté par la performance de deux comédiennes exceptionnelles.
- Soudain, les murs de la salle dans laquelle se tiennent les deux femmes tombent comme des masques et libèrent un espace entouré d’eau, éclairé par une lumière crépusculaire. Cette véritable déflagration est à elle seule un magnifique et incroyable moment de théâtre.
- La pièce vaut également par la mise en abîme qui réunit les deux pièces et les solitudes inversées, celle du metteur en scène qui lui permet de créer en s’extrayant de la “vraie“ vie, et celle complètement destructrice de l’actrice qui la paralyse et la détruit.
- Dans les deux cas, les frontières entre réalité et théâtre s’estompent ; ces deux univers ne font alors plus qu’un, pour le meilleur et pour le pire. Bergman voyait dans le théâtre la quintessence de l’aliénation et de la dépossession de soi. Les limites entre l’art et la vie deviennent poreuses.
Quelques réserves
- Après la répétition n’a malheureusement pas la même force dramatique. Sa facture plus classique soutient difficilement la comparaison avec la radicalité de Persona. Même si les comédiens (ce sont les mêmes dans les deux tableaux) sont excellents, l’impression reste qu’Ivo van Hove s’est beaucoup plus intéressé au traitement de Persona, au détriment d’Après la répétition.
Encore un mot...
- Dix ans ! C’est la durée qui sépare la création de ce spectacle de la série de représentation données en ce moment au théâtre de la Ville. Après la répétition / Persona fût créé à Amsterdam, puis en France à la MJC de Créteil. Si Ivo van Hove était alors totalement inconnu, le spectacle eut un grand retentissement.
Une phrase
- « On peut se replier, on peut s’enfermer en soi. Alors plus de rôle à jouer, plus de grimace à faire, plus de geste mensonger. Du moins, on croit. Ta cachette n’est pas étanche. La vie s’infiltre partout »
L'auteur
- Intéressons-nous, une fois n’est pas coutume, au metteur en scène plutôt qu’à l’auteur, d’autant plus qu’Ingmar Bergman est connu bien au-delà des cinéphiles, alors que la renommée d’Ivo van Hove n’a pas encore totalement dépassé le cercle des passionnés de théâtre, bien qu’il en soit une figure majeure.
- Van Hove compte à son actif une centaine de spectacles. En trois décennies, l’actuel directeur artistique de l’International Theater Amsterdam, dont le champ d’exploration embrasse le monde du théâtre, du cinéma et de l’opéra, a parcouru un vaste répertoire d’œuvres, de Sophocle à Shakespeare, Molière, Arthur Miller ou Ibsen …
- Il a plusieurs fois trouvé son inspiration au cinéma, auprès de réalisateurs comme Cassavetes, Pasolini, Antonioni, Visconti et donc ici Bergman.
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