Anna Karenine
Infos & réservation
Thème
Dans sa version originale, qui est celle d’un roman d’environ 900 pages, paru en 1877, « Anna Karénine » est considéré comme un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature mondiale.
Ce roman relate l’histoire d’une passion, folle, orageuse, dévastatrice, d’une femme mariée et mère d’un petit garçon (Anna Karénine) pour un officier brillant, mais frivole ( le comte Vronski), rencontré en descendant d’un train.
Ces deux amants là, dans le tumulte de leur irrépressible attirance, vont s’aimer, se séparer, se retrouver, fuir ensemble à l’étranger, puis revenir en Russie, vivre en marge d’une société qui à la fois les admire et les réprouve pour avoir enfreint si ouvertement les conventions de la haute société russe.
Mais une incompréhension réciproque et bientôt un malaise insupportable vont gagner le couple. En proie à d’insurmontables tourments, la belle, l’impérieuse Anna, finira par aller se jeter sous un train.
Points forts
- Le culot de l’entreprise. Car il fallait un certain aplomb pour oser porter sur scène, sans crainte de trop le dénaturer, ce roman fleuve qui charrie des personnages multiples et dans lequel Tolstoï brosse, outre celui d’Anna et de Vronski, le portrait de deux autres couples. Evidemment, ce qui a intéressé Gaëtan Vassart, qui signe ici adaptation et mise en scène, c’est celui, incandescent, sulfureux, que forme, avec son bel amant, l’héroïne qui donne son titre à l’œuvre. On ne peut pas lui en vouloir. Ce sont ces deux personnages là qui, dans le roman, aimantent essentiellement l’attention des lecteurs. Parce qu’ils sont beaux, libres et déterminés. Le personnage d’Anna surtout, fascine, qui, en affirmant ouvertement son choix amoureux, symbolise la résistance et l’émancipation des femmes, à une époque où on n’en parlait guère. Le texte de Gaétan Vassart met ces points là en avant, y appuie son travail. C’est formidable, car ce parti pris modernise le texte, et n’en appauvrit pas le sens.
- Le choix de Golshifteh Farahani pour Anna Karénine. Qui plus emblématique que la comédienne iranienne pour incarner une des héroïnes les plus magnétiques, les plus libres, les plus passionnées et les plus rebelles, les plus aristocratiques aussi, du répertoire littéraire mondial ? A une grâce irrésistible, cette actrice élevée en Iran dans le monde du théâtre et l’amour des beaux textes, aujourd’hui de renommée internationale, ajoute un vrai cran de femme. En 2008, pour avoir bravé les diktats de son pays natal et tourné sans voile dans un film de Ridley Scott , elle fut contrainte à l’exil. On s’incline devant la performance de celle qui a appris le français à l’oreille, il y a seulement quelques années, et qui aujourd’hui, le parle, presque sans accent.
- La fougue et la vivacité de la troupe, presque toute issue du Conservatoire supérieur d’Art Dramatique.
- Les incursions, notamment musicales, dans le monde européen contemporain. Ah, par exemple -parce qu’elle est sans doute la plus audacieuse- la scène de bal dansée sur du Brel ! Iconoclaste ? Peut-être, mais qu’importe puisque ça marche merveilleusement bien !
Quelques réserves
- Le comédien choisi pour incarner Vronsky. Il devrait être flamboyant, brillant, séducteur. Il est ici trop falot. Sans doute le jeune acteur n’a-t-il pas encore pris assez confiance en lui. Cela viendra peut-être au fil des représentations.
- Le texte, par moments, un peu trop d’aujourd’hui. Un peu trop trivial.
Encore un mot...
Le plaisir et l’émotion qu’apporte cette représentation sont tels qu’on en oublie ses défauts, dont le plus visible, un Vronski sans charisme. Quel bonheur de voir porter sur scène, avec à la fois humilité et vitalité, l’une des plus belles œuvres romanesques de tous les temps. Une œuvre qui, certes, radiographie une passion, mais qui, surtout, promeut des valeurs comme la liberté et la nécessité de l’instruction pour tous .
Une phrase
« Anna Karénine ressemble à la lueur d’un incendie au milieu d’une nuit sombre ». Tolstoï, à propos de son héroïne.
L'auteur
Né le 24 août 1817, près de Saint-Pétersbourg, dans une famille de noblesse ukrainienne, Léon Tolstoï est l’un des pères de la littérature russe. S’il écrivit de nombreux essais et quelques pièces de théâtre, il est surtout connu pour ses romans et nouvelles qui dépeignent la vie du peuple russe à époque des tsars, et dans lesquels il prône, à l’instar de Rousseau qu’il admirait beaucoup, la vie à la campagne mais, aussi, le travail manuel, le rejet du matérialisme et la « non-violence ».
C‘est en publiant des récits autobiographiques sur son enfance et sa jeunesse, puis sur sa vie de soldat à Sébastopol qu’il se fait d’abord connaître. Mais il assoit sa notoriété en 1869 avec la sortie, en six volumes, de « Guerre et Paix », un grand œuvre qui lui a pris dix ans de travail et dans lequel il fait le portrait de toutes les classes sociales au moment de l’invasion de la Russie par les troupes napoléoniennes en 1812.
Avec la publication, en 1877, d’ « Anna Karénine, sa renommée va franchir les frontières. L’écrivain, qui se fait le chantre de la défense contre toutes les injustices et qui promeut l’instruction pour tous, devient une sorte de maître à penser, non seulement en Russie, mais dans toute l’Europe.
Cette célébrité, qu’il voulait pourtant tellement, ne rendra pourtant pas plus heureux celui qui se trouvait « laid, gauche, malpropre et sans vernis mondain ».
Il publiera encore beaucoup, dont, en 1899, « Résurrection ».
Admiré par tous, il mourra pourtant seul, d’une pneumonie, dans sa maison familiale, proche de Saint-Pétersbourg, à l’âge de 82 ans.
Ajouter un commentaire