Anna Christie

De
Eugène O’Neill
Adaptation de Jean-Claude Carrière
Mise en scène
Jean-Louis Martinelli
Avec
Mélanie Thierry, Stanley Weber, Féodor Atkine, Charlotte Maury-Sentier
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018
Paris
0146064924
Jusqu'au 26 avril: du mardi au samedi à 21h; le samedi à 16h30; le dimanche à 15h30

Thème

A la mort de sa femme, un marin suédois a abandonné sa fille, alors âgée de cinq ans, dans une ferme chez des cousins. Quinze ans plus tard, la jeune fille débarque dans un bistrot de New York pour revoir son vieux père. Il va l’emmener sur son bateau pour qu’elle se repose. La mer est pour elle une révélation. C’est alors que surgit un jeune matelot repêché en mer, qui tombe sous le charme d’Anna, et veut l’épouser… Sa demande en mariage va contraindre Anna à tout dévoiler de sa vie antérieure. Elle va faire face à l’amour, mais aussi à la violence et aux préjugés de son père et de son fiancé, prenant le risque de les perdre tous les deux…

Points forts

- Une pièce émouvante : elle commence dans un bar crasseux de New York quand le vieil homme attend sa fille. Lorsque celle-ci arrive, éméchée et tout de rouge vêtue, elle est à bout… Le père maladroit, mais heureux de la retrouver, veut se faire pardonner de l’avoir abandonnée et souhaite qu’elle reste à jamais avec lui… On est d’autant plus émus par ces retrouvailles quand on sait qu’Eugène O’Neill, qui lui-même a été marin et alcoolique, s’est brouillé avec sa fille lorsque, à 17 ans, elle a épousé Charlie Chaplin, qui en avait 54 ans… 

- Des acteurs excellents : Mélanie Thierry, qui avait triomphé sur cette même scène dans « Baby Doll », joue magnifiquement le rôle d’Anna, un rôle intense. Sur scène presque du début à la fin, parfois vulnérable et fragile, parfois révoltée et violente, cette rebelle au regard perdu dans l’alcool ou dans la brume, lutte pour sa survie.

Son père est magnifiquement interprété par Féodor Atkine, brut de forme, égoïste et tendre à la fois… Quant au jeune matelot, beau et viril, c’est Stanley Weber, le fils de Jacques Weber, qui l'incarne; il est très crédible dans ce rôle de matelot amoureux et macho.

 - Une belle mise en scène : signée Jean-Louis Martinelli (ex directeur du Théâtre des Amandiers à Nanterre), elle est faite autour d’un décor intéressant. Après une ambiance de port aux couleurs grises, tel que la chante Jacques Brel dans « Le port d’Amsterdam », un brouillard épais envahit la scène, débordant même sur les premiers rangs de la salle. C’est très poétique et renforce le côté irréel des personnages qui voguent dans la brume.

Quelques réserves

Ce mélodrame parle d’amour, mais aussi de l’abandon, de la prostitution et de l’alcoolisme. Ce sont des sujets difficiles qui, bien qu’évoqués avec pudeur et subtilité, peuvent déplaire à certains.

Encore un mot...

Un drame poignant avec des acteurs justes et émouvants, ainsi qu’un bon suspens. Difficile d'être déçu…

Une phrase

« Dans le brouillard, je me sens propre et heureuse comme je ne l’ai jamais été ».

L'auteur

Eugène O’Neill (1888-1953), prix Nobel de littérature en 1936, est un immense dramaturge américain, auteur de nombreux mélodrames, dont « Long voyage vers la nuit » et « Le deuil sied à Electre »… Sa pièce « Anna Christie », portée à l’écran en 1930, avec Greta Garbo dans le rôle d’Anna, est moins connue. Voici une bonne occasion de la découvrir. 

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