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Thème
C’est l’histoire d’un trio amoureux, un homme, deux femmes, écrite en 1896 avec beaucoup de liberté et de modernité par le poète symboliste belge, Maurice Maeterlinck. Le dramaturge venait de rencontrer la cantatrice Georgette Leblanc, soeur de Maurice Leblanc, l’auteur d’Arsène Lupin. On pense à l’Aglavaine de la pièce, la belle séductrice venue d’ailleurs ( Bénédicte Cerutti) . Sélysette ( Judith Morisseau) elle, est faussement banale, plutôt solide, réfléchie mais tout aussi belle.
Au centre, Méléandre (Manuel Vallade) est un jeune homme perdu, aux sentiments incertains, un gentil égoïste. Il vit avec la tendre et indulgente Sélysette mais ne peut résister à la nouveauté, surtout si ses cheveux sont plus vaporeux, sa taille plus haute et avec une allure qui « en jette ». Les trois forment le parfait trio d’intellectuels qui veulent penser et repenser leur vie amoureuse, inventer de nouveaux codes, les disséquer, les mettre en pratique même si c’est dangereux.
Points forts
- Le texte, bien sûr. Maeterlinck ( 1862-1949) contemporain de Mallarmé et d’Anatole France, nous enchante avec cette pièce oubliée qui nous tient l’esprit en éveil car en la voyant, on se demande sans cesse, si elle est surannée ou très moderne. Du grand art ! Et toutes les notations sur la vie, l’amour, la mort sont intéressantes et non pompeuses.
- Les personnages . Avec une grande rigueur les protagonistes de cette tragédie ne s’intéressent qu’à leur sujet : l’amour. Pas de chichis autour, pas de digressions réalistes, pas de contexte social. Ils semblent gavés de luxe et de temps libre, sauf celui consacré à l’affection accordée à une vieille grand-mère si présente qui a les bras paralysés. Pas les jambes, ce serait trop banal…
Nos Jules et Jim jouent avec le feu. Ils recherchent le danger et les recommencements. En cela aussi, c’est d’aujourd'hui. Le vertige morbide rôde, que ce soit au bord d’une margelle de puits ou du haut d’une tour où « l’oiseau aux ailes vertes tourne et grandit ». Une pensée pour les images d’un autre belge : le peintre Magritte.
- La mise en scène. Célie Pauthe dirige ses acteurs avec subtilité et une grande originalité. Seul ce ton distancié, très musical, constamment tenu, pouvait rendre le texte si moderne. Joué de manière classique, il serait vieillot . Là, tout est juste, raffiné, beau à regarder. Le décor de la somptueuse maison contemporaine en béton qui a l’air d’être du bois, nous évoque les hautes parois abruptes de la villa « Orlamonde », au Cap de Nice, où mourra Maeterlinck. C’est maintenant le « Palais Maeterlinck ».
Les costumes sont très élégants, entre collection à la mode Prada et charme daté. Tout relève du rêve et du raffinement rare.
Quelques réserves
Pour moi, aucun point faible. Je suis ressortie sur un petit nuage, avec en tête, les derniers mots d’un autre poète, Maïakovski : « Le canot de l’amour s’est brisé contre la vie courante ».
Encore un mot...
Je ne suis pas forcément représentative de l’avis général car je ne vois que des qualités là où d’autres ont vu des défauts... Mais, c’est sans doute le spectacle qui m’aura le plus surprise cette saison.
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