Aglaé
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Thème
Jean Michel Rabeux et la comédienne Claude Degliame ont rencontré à Marseille une prostituée de soixante-dix ans, toujours en activité, qui leur a raconté sa vie et son métier. Ils ont porté ses mots sur le théâtre et l’ont baptisée Aglaé pour respecter son anonymat.
Points forts
1) Claude Degliame fait totalement corps – c’est le cas de le dire – avec son personnage. En petite nuisette et noirs croquenots, elle impose le personnage d’Aglaé avec une telle véracité qu’on a du mal à séparer le rôle de son interprète. Un très beau travail de comédienne.
2) L’originalité de ce texte, c’est qu’Aglaé a choisi délibérément ce métier. Elle dit être née pour lui et qu’il correspond pleinement et intimement à sa personnalité. Elle se revendique femme libre. En voilà une qui tapine loin des sentiers battus ! Elle n’en déteste pas moins les souteneurs et les lois.
3) Le spectacle est court, environ 1h10, et c’est une bonne idée. Bon nombre d’auteurs qui tirent à la ligne devraient s’inspirer du format retenu ici par Jean-Michel Rabeux.
Quelques réserves
1) Il ne suffit pas de poser des questions à une prostituée et de faire tourner un magnéto pour écrire un monologue de théâtre. Ce serait trop simple ! Le théâtre demande un décalage, une transposition, de la dramaturgie ou un enjeu artistique, un objectif intellectuel. Certes, ici, Jean-Michel Rabeux dispose d’un personnage original et de propos inattendus comme les affectionnent certaines émissions de télévision, genre « C’est mon choix ». Mais est-ce suffisant pour affronter la scène ?
2) Modulable, la petite salle Roland Topor au premier étage du Théâtre du Rond-Point a été complètement transformée pour l’occasion. Des tubes de néon pendent du plafond à la verticale ; ils resteront plus ou moins allumés pendant la représentation. Pour asseoir le public, on a installé une banquette très haute et peu profonde le long de trois murs ; des tabourets sont aussi disposés dans la salle. Claude Degliame évolue dans tout cet espace. Où sommes nous ? Dans un bar de nuit ? Dans un bobinard new-look ? Sur un plateau de télévision? Ce qui est sûr, c’est que le public est mal assis et l’acoustique très discutable.
3) D’après Aglaé, le plus vieux métier du monde est le meilleur qu’elle eût pu choisir. Tant mieux pour elle ! Il est toujours agréable de rencontrer des gens qui s’épanouissent dans leur profession… Mais, plus sérieusement, pour une fois que le théâtre-vérité s’empare du thème de la prostitution, n’était-il pas plus urgent, avant de tendre le micro à une prostituée ravie de sa condition, de dénoncer la misère dans laquelle vivent celles qui se retrouvent sur un trottoir sans l’avoir choisi, par la force, par la violence, par la soumission ?
Encore un mot...
Un texte-vérité sur une prostituée très satisfaite de son métier. Mais où est le théâtre dans tout cela ? Et surtout, ces propos sont-ils passionnants à ce point ?
Une phrase
Aglaé : « Ce qui compte, c'est la liberté. Être obligée, jamais, jamais, à rien. Moi, on m'a obligée à rien, jamais. »
L'auteur
Auteur et metteur en scène de théâtre depuis quarante ans, Jean-Michel Rabeux, titulaire d’une licence de philosophie, a été successivement associé aux Scènes nationales des Gémeaux à Sceaux, de Cergy-Pontoise, de Villeneuve d’Ascq, dans la banlieue de Lille, et à la MC93 à Bobigny. Il a été aussi conseiller artistique pendant deux saisons au Théâtre de la Bastille.
Il a écrit notamment « L’Éloge de la pornographie », « Légèrement sanglant », « Nous nous aimons tellement », « Déshabillages »…
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