40° sous zéro (L’homosexuel ou la Difficulté de s’exprimer et Les Quatre Jumelles)
Qui suis-je ? Qui ai-je le droit d’être ?
De
Copi, conception Louis Arène et Lionel Lingelser
DUREE : 1H45
Mise en scène
Louis Arene
Avec
Louis ARENE, Sophie Botte, Delphine Cottu, Olivia Dalric, Alexandre Etheve, Lionel Lingelser, François Praud
Notre recommandation
4/5
Infos & réservation
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin Roosevelt
75008
Paris
01.44.95.98.21
Du 11 au 27 janvier 2024. Du mardi au vendredi à 20H30 Samedi à 19H30
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Thème
Difficile de résumer une histoire tant elle est protéiforme et foisonnante.
- Disons qu’à travers ces deux textes, Copi nous raconte en première partie tout le bouleversement tant syntaxique que corporel qu’il y a à résumer une personnalité à travers le personnage d’Irina qui tente d’échapper à toutes les catégories de genre face à une mère castratrice et une professeure de piano aux méthodes peu orthodoxes.
- Dans la seconde partie, on assiste à une ronde délirante, une lutte à mort sans fin entre quatre créatures « monstrueuses » dans laquelle, la mort, l’exil, la drogue, la solitude farandolent et tourbillonnent dans une ambiance jubilatoire. Tout ceci se déroule dans un univers glacé, un Pôle nord fantastique au milieu de steppes gelées qui tout à la fois cristallisent et incendient les personnages.
Points forts
- Une créativité et un inventivité débordantes. C’est un objet théâtral non identifié que nous offre Louis Arène et son équipe dans cette comédie barbare, délirante, poétique et mélancolique. C’est tout à la fois kitsch et féroce, cruel et poétique, on est bousculé dans cette bouffonnerie jubilatoire où le cri du corps qui se déchire compose la mélodie sans fin de cette œuvre qui pourrait s’apparenter à un opéra apocalyptique.
- Une écriture toujours aussi transgressive et forte, qui célèbre la marginalité comme un combat, une revendication, mais aussi une aspiration à la liberté.
- L’humour est décapant. En effet, la forme choisie est “bouffonne“, l’outrance se fait geste esthétique dans un travail remarquable sur le corps, qui donne une dimension poétique à l’interprétation. Il y a une poésie du chaos qui suinte dans le langage trivial des interprètes, la monstruosité y est jubilatoire. La pensée dominante d’une réalité binaire est mise à mal dans un carnaval joyeux, obscène parfois mais dans lequel le plaisir du jeu chez les interprètes est formidablement perceptible.
- La grande force du spectacle est également rendue par les masques et les costumes qui donnent toute licence de jeu aux comédien(ne)s, et permettent au spectateur de convoquer son imaginaire, ses tabous, son droit à l’indignation.
Quelques réserves
- Si vous n’aimez pas le procédé du « bouffon », ce sera difficile.
Encore un mot...
- C’est un spectacle libre, généreux, nécessaire, politique et résolument rafraîchissant : passer une soirée par 40° sous zéro est une nécessité et paradoxalement une belle leçon de tolérance pour les esprits “gelés“.
Une phrase
LE PROFESSEUR DE PIANO : « Moi aussi j’ai été opéré à Casablanca, Miss Simpson. J’ai un sexe d’homme ! »
[…]
JOSEPHINE : « Prends les clés du coffre-fort en Suisse. Ne prends pas les lingots c’est trop lourd. Oh merde, je crève !
LEILA : Où est la clé ? Où est la clé ? Putain de merde ! Elle est morte ! »
L'auteur
- Auteur argentin, Copi écrivit des romans, des nouvelles ,mais également des bandes dessinées. C’est surtout par son théâtre qu’il acquiert sa notoriété dans la deuxième moitié des années 1970 et le début des années 80.
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