10805 MAUX
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Thème
- C’est la fin du vernissage d’art contemporain pour un collectif de quatre jeunes artistes formés au Beaux-Arts. L’exposition consacre l’achèvement d’un long processus de création, le point culminant d’un début de « carrière »…
- Mais voilà tout bascule à cause de Camille ! Il va emporter cette fraternelle amitié et complicité dans un chaos de mots, un véritable déluge de vérités et de cris du cœur.
Points forts
- Le spectacle en est bourré : le sujet est original et décapant, l’écriture solide, travaillée, incisive, avec des dialogues percutants.
- Quatre jeunes comédiens mus par une justesse de jeu et une incarnation forte. Il faut souligner leur interprétation remarquable, tant ils portent ce texte et exaltent une colère saine et déchirante dans leur jeu. Ils apportent une émotion faite de grâce, d’ordinaire et de désespérance, qui agit sur nous comme une catharsis salutaire. Les comédiens poussent ici le cri d’une jeunesse qui veut vivre sans compromission, et revendique une liberté d’expression, de créativité. C’est le cri poétique et déchirant d’un cœur qui saigne de trop d’amour. Une ode à la fraternité et à la sincérité.
- Une mise en scène si précise qu’elle s’efface au profit des comédiens, et donc une direction d’acteurs qui augure une belle carrière. Un spectacle revigorant d’énergie et d’enthousiasme désespéré, dont l’auteur et metteur en scène, Alexandre Cordier, nous saisit à la gorge dès les premières minutes. Dans un rythme haletant, il désintègre un petit monde installé confortable et conforté dans ses certitudes. Au-delà du fond, la forme est simple, singulière mais travaillée avec une minutie d’horloger. Une dramaturgie du chaos comme Festen en son temps nous avait saisis.
- Le théâtre, quand c’est ça, ça fait vraiment du bien !
Quelques réserves
Pas de maux à signaler...
Encore un mot...
- On a rarement des enthousiasmes comme celui-ci, mais voici un texte fort, violent, poétique, d’une jeunesse et d’une fougue incroyable écrit par un jeune auteur à la plume prolixe, précise.
- Un abîme s’ouvre sous nos yeux, un rideau se déchire et, tel un tsunami, 10805 maux et maux déferlent sur le plateau et submergent la salle. C’est vertigineux de réalisme, de violence et d’amour. La richesse d’un vocabulaire tout empreint de quotidien et de langue savante révèle un auteur à suivre. C’est un spectacle qui parle à tous les publics et remet bien des pendules à l’heure. Il décille le regard de ceux qui prétendent forger un avenir meilleur pour les générations à venir, qu’ils n’écoutent pas assez.
- Il faut donc aller voir cette pièce, qui consacre l’écriture et la fougue salvatrice d’un théâtre qui a encore tellement de chose à dire, et qui le dit avec l’innocence, la violence, la candeur dans un cri formidable à la vie. Il nous faut encourager la jeune création qui, quand elle s’exprime ainsi… respect, merci et bravo !
Une phrase
Camille : « J’ai mal, ça me fait mal ! Il est mort ce groupe, il est vraiment mort, y a pas de projet qui tienne. Vous avez fui pour vos propres gueules ; vos cambrures, elles m’ont étouffées. Quand. Devant ce qui serait un smic, vous avez courbé l’échine à ce que vous savez n’être que des cendres, des discours sur la révolution… et vous vous laissez baiser parce que c’est ce que vous vouliez de puis le début de cette putain de fame contenue, cette violent modestie… et moi je vois vos peaux qui se décharnent. Vous êtes vraiment foutus. Je me suis dit :“ il est mort ce groupe, il n’a jamais été autre chose qu’une conception, que des noms sur une discussion whatsapp, qui font tingting avec des emoji à la con mais rien de plus finalement“. On s’est menti à travers moi, à travers vous, toi et toi, moi, on s’est menti. C’était la fame et maintenant , il y a tant d’air entre nous, presque autant que dans nos choix, que nos cerveaux brûlés par la lumière bleue quand sur google vous tapez “Comment réussir sa vie“.»
L'auteur
- Alexandre Cordier entre au Conservatoire de Genève, puis s‘engage dans une formation à l’École Claude Mathieu à Paris. En 2018, il joue Novecento : pianiste. En 2020 il travaille à Rouen sous la direction d’Audrey Marquis dans Chroniques de Pestiféré.e.s. Lors de son passage au Hall de la Chanson à La Villette il monte Tiens, ça résonne (spectacle musical). Il collabore avec le Paris-Villette dans le cadre du projet Passerelle avec Justine Heynemann.
- Alexandre Cordier se consacre à l’écriture et à la mise en scène. Engagé dans le milieu associatif il est bénévole en qualité de médiateur culturel.
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