1 heure 23' 14'' et 7 centièmes
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Thème
Un coach sportif, cheveux gris, émacié et silencieux, arpente une salle de gymnastique. Tendu, nerveux et erratique, il délimite, avec force rubans adhésifs, au sol, des territoires, des repères. Comme un robot en survêtement.
Il porte le même survêtement. Sportif, il est jeune et tout en souplesse. Il esquisse quelques pas de danse. Tendance contemporaine. Pas un mot. Il croise le coach, le suit, le singe, le colle, puis lui échappe et tombe.
Un peu de Mozart, ils continuent sans un mot ou presque. Seul le coach semble donner des consignes, mais sa langue est incompréhensible. Le sportif obéit, sa danse est l’interprétation de l’injonction et sa réponse à la fois.
Il tombe. Chaque chute semble nouer une complicité entre les deux hommes, chaque envolée réussie les rapproche.
Soumis, le danseur, échappe par moment à son maître. Quelque chose se casse, musique rock et jeux de lumières nous le confirment.
Le danseur s’échauffe, ses gestes sont plus souples, plus puissants. Ils libèrent le coach de son angoisse, il retrouve la parole. On comprend parfois ce qu’il dit. Quelques conseils de bon sens, une morale de tous les jours qui inviterait au dépassement….
Cela dure presque exactement 1 heure 23 minutes et 14 secondes.
Points forts
- Le sportif danseur est impressionnant de puissance et de grâce. Il exprime le plus souvent avec justesse des situations extrêmes de soumission, d’échec, de douleur. Fils, élève, concurrent, adversaire de son coach… sans dire un mot, par la grâce de son corps et de ses gestes, il est successivement et parfois simultanément tous les rôles qu’éveillent en lui le coach.
- La construction – par la mise en scène et la qualité de jeu des deux acteurs – de la relation complexe et changeante entre les deux personnages.
Quelques réserves
La pièce… sauf à considérer que l’on assiste à un ballet quasi silencieux. Si l’on perçoit une évolution des personnages et de leur relation au cours des 83 minutes du spectacle, difficile d’appréhender le propos et le projet.
Vouloir donner un spectacle Nô en survêtement dans un gymnase… le pari du coach Gamblin était audacieux.
L’ambition de son élève Lefèvre danseur était de voler.
Malgré quelques beaux soubresauts, le spectacle… lui ne décolle pas.
Encore un mot...
Un spectacle hybride… et sans doute inachevé.
N’est pas Gepetto qui veut...
Une phrase
Ou plutôt deux:
- "Tu as le droit d’aller mal, mais tu n’as pas le droit de ne rien faire pour aller mieux"
- "Il ne faut pas vouloir trop et travailler à ne pas vouloir"
L'auteur
- Jacques Gamblin : talentueux comédien, il a travaillé avec les plus grands, Tavernier, Chabrol, Lelouch. Il vient de terminer le Facteur Cheval avec Nils Tavernier. Risque tout, il met aussi son élégance, son humour, sa légèreté au service de créations : Quincaillerie (1991), Toucher de la hanche (1997), Entre courir et voler il n’y a qu’un pas, papa. (2004) (éditons Le Dilettante.) Au rond Point : les Diablogues (2007), Tout est normal mon cœur scintille (2010), Ce que le djazz fait à ma djambe (2015).
- Bastien Lefèvre : Dès sa sortie de la formation Coline en 2008, il rejoint la Compagnie Kelemenis pour la création de l’Amoureuse de Monsieur Muscle. Il travaille ensuite avec Thierry Thieû Niang et Patrice Chéreau. Avec la Compagnie Fattoumi Lamoureux, au Centre chorégraphique de Rouen, il interprète Husais/Solstice, Concert Dansé et Waves. Il collabore aux dernières productions de Jacques Gamblin, Lola Naymark et Léna Paugam en tant que chorégraphe.
Commentaires
Cette pièce est magnifique de vie, de partage, de transmission, d'élan et aussi de nostalgie pour le coach qui se projette dans son élève.
Une très forte sensibilité, des non-dits compensés par une gestuelle formidablement expressive, c'est à voir ! Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre ont une présence incroyable et leur complicité est évidente. BRAVO !
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