Zizi Cabane

Un roman familial poétique et une ode à la nature. Une narration parfois déconcertante
De
Bérengère Cournut
Le Tripode
Parution le 18 Août 2022
256 pages
18 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Zizi, la narratrice, est la petite sœur dans une fratrie de 3. Tous ont des surnoms ; l’aîné Beguin (Martin), puis Chiffon pour son amour des chiffons dont il fait des cartes (on a oublié son prénom), et donc Zizi ainsi appelée par sa Maman et ses frères étonnés de sa différence physique ! Il y a le père Ferment  (Urbain). Seule Odile est restée Odile, cette mère qui a disparu brusquement sans explications.

Restent donc 3 orphelins et un amoureux transi. Ferment prend à bras le corps l’éducation de ses enfants, aidé par Jeanne, sa belle-sœur, et par un grand-père.  

Les chapitres se succèdent. Chaque personnage prend la parole.

Les enfants grandissent, évoluent. La famille cherche son  équilibre .

Sans qu’aucune explication ne soit apportée, l’eau s’infiltre dans un mur tout d’abord, puis s’étend et inonde la maison. La famille se réfugie dans le cabanon au fond du jardin.

Points forts

 A travers la perception de Zizi et des siens, ce roman/conte décrit avec tendresse et poésie l’histoire de cette famille, de son deuil, de ses rêves.

Odile « la disparue » (est-elle morte ou partie ?) semble murmurer autour des siens pour les faire évoluer sans qu’ils s’en rendent compte.  Elle apparaît sous forme d’eau O,  O eau qui tient une place importante ,  O eau symbole de vie. Devenue maison, eau, vent, Odile apparaît sous forme de poèmes entre chaque chapitre.

Quelques réserves

La narration m’a parue souvent déconcertante car j’avais du mal à me retrouver dans les personnages. Les situations apparaissent invraisemblables mais c’est un roman/fable qu’il faut déguster lentement ou pas du tout.

Encore un mot...

Même si le titre peut paraître « dérangeant » (mais nous avons vite l’explication) il faut tenir en main ce livre pour sa superbe couverture. C’est tout simplement magnifique : on la déplie telle une fresque et on est embarqué dans ce coin de paradis ! Elle est en adéquation avec ce conte ode à la nature : les gouttes, la pluie, les larmes, l’eau, la disparition, la vie, le vent qui rôde, qui souffle et la mère partie mais présente. Excepté Ferment, le mari, qui vit beaucoup dans les souvenirs d’Odile, il est intéressant de suivre l’évolution des enfants dans leur deuil, leurs rêves et la construction de leurs vies d’adultes. Zizi, la narratrice » est plus liée  à sa mère qu’elle ne pense (elle avait 3 ans lors de la disparition). Toutefois (et je me répète) dans cette histoire on embarque ou on reste à quai !

Une phrase

“ A cet égard, je trouve ça curieux, l’amour d’une mère. C’est quelque chose qui vous contient tout entier, durant neuf mois – puis qui vous lâche. Pas le choix – ni pour elle, ni pour vous. Ensuite c’est du soin constant, puis du souci. De la joie aussi – enfin j’imagine…Puis un jour plus rien. 

Plus tard, ici en Alaska, on en a reparlé. Et je lui ai dit combien je me sentais monstrueuse d’avoir oublié ma mère. En quelques années. Parce je sais qu’au début, je me souvenais d’elle. Que je me souvenais de tout. La maison, sa voix, ses histoires. Puis, un jour, j’ai douté. J’ai douté de mes souvenirs. Béguin et Chiffon aimaient tant, parfois, parler du temps passé qu’ils m’ont inculqué leurs souvenirs, leurs images. A ma mémoire s’est substituée la leur, celle des paroles, des anecdotes rabachées, des légendes intimes auxquelles on s’accroche comme à un radeau” .  p. 217/218

L'auteur

Bérengère Cournut est née en 1979. Elle écrit sous diverses formes, à tendance onirique. Ce livre est son cinquième roman après le succès de De pierre et d’os (Le Tripode, 2019)

Autre chronique publiée : De pierre et d'os

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