
Les Maîtres du temps
Parution en janvier 2025
300 pages
20,90 €
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Thème
Le temps ? nous savons ce que c’est, mais nous ne saurions l’exprimer. Nous ressentons l’écoulement du « temps qui passe », comme on dit, écoulement plus ou moins lent ou plus ou moins rapide selon le point de notre existence. Il est impalpable et pourtant notre mémoire permet de faire revivre le temps passé. Nous suivons des personnages surprenants qui, chacun, ont un rapport particulier au temps, depuis l’écrivaine qui a rédigé quarante versions du même livre, année après année, au chinois vendeur de temps en passant par le jeune physicien qui veut voyager dans le temps.
En effet, depuis Einstein, la science physique émet comme hypothèse que l’espace-temps admet la possibilité de « trous de ver » qui permettraient de créer ou d’observer simultanément des phénomènes situés en des temps différents. Mais nous sommes incapables dans une même pensée de concevoir le temps de la science et le temps vécu de nos existences, sujets auquel s’ajoute en passant celui de l’éternité que nous ne savons pas non plus nous représenter. C’est un voyage passionnant qui nous est proposé, sous forme de roman d’aventure, entre réel et irréel, au cours duquel nous parcourons les différentes réalités du temps sous la conduite audacieuse de Stéphanie Jacot.
Points forts
La double pertinence du roman, c’est d’une part l’évocation de la multiplicité des aspects du temps tels que nous les percevons et d’autre part comment chacun de ces aspects fait résonner en nous une corde sensible singulière parmi les composantes multiples de notre existence. Notre nature, notre être sont composés de toutes ces différentes « nappes de temps ». Deux questions sous-jacentes transparaissent que Stéphanie Jacot pose sans y répondre : Quelle est l’identité de notre être faite de ces différents temps ? La connaissance du Grand Tout est-elle dans la réponse à la question : qu’est-ce que le temps ?
Quelques réserves
Quelques longueurs dans le récit en milieu d’ouvrage.
Les micro-chapitres au titre récurrent de « Éternité » forment une ponctuation judicieuse du roman sous forme de « prologues détachés ». Toutefois leur compréhension est assez obscure par endroits.
Encore un mot...
Réfléchir sur « Qu’est-ce-que le temps ? » conduit naturellement la réflexion vers « Quel est le sens des temps traversés ? Quel est le sens de ma traversée de ces temps ? Là encore, Stéphanie Jacot s’arrête au bord de la question, ce qui permet de rester dans l’interrogation du roman, et c’est bien ainsi.
Une phrase
« L’écriture est en suspension entre le passé qu’elle recrée sans cesse et le futur qu’elle doit anticiper pour composer un texte cohérent. C’est la seule façon que j’ai trouvée pour vivre le présent. » P.52
« Le temps ne « passe » pas, il ne laisse pas de traces, c’est nous qui laissons des traces de notre passage. » P.95
« … après tout, nous nous dirigeons tous vers le même point d’inexistence… » P.116
L'auteur
Stéphanie Janicot, née à Rennes en 1967, a suivi des études de droit, Sciences-Po et Le Centre de formation des journalistes (CFJ). Elle publie son premier roman, Les Matriochkas (Zulma, 1996), un ouvrage remarqué.
Elle est journaliste au sein du groupe Bayard où elle a écrit de nombreux ouvrages pour tout public. Elle est par ailleurs auteure d’une vingtaine de romans publiés chez Albin Michel. Elle a obtenu le prix Renaudot du livre de poche 2016 pour La mémoire du monde (Albin Michel, 2013).
Commentaires
C'est beau, l'intelligence, de l'auteur et du chroniqueur...
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