
Le sommet des dieux
Traduction du japonais par Corinne Atlan
Parution en août 2024
679 pages
35 euros
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Thème
Quelques pages intenses ouvrent ce livre, qui est plus un récit qu’un roman. Nous sommes en 1924 dans l’Himalaya. Les deux alpinistes Mallory et Irvine disparaissent aux yeux de leur photographe accompagnateur.
Puis le livre nous entraîne en 1995 dans la tourmente d’une tempête qui ne cesse pas…à 7900 mètres !
Il est aussi question d’une rencontre quelques années auparavant.
Makato Fukamachi, photographe officiel d’équipes d’alpinistes, gravit les sommets, arpente les rues de Katmandou, visite les échoppes de matériel alpin et découvre ainsi un appareil photo qui pourrait être celui de Mallory. Voulant en savoir plus sur son ascension, il croise porteurs népalais, sherpas, marchands, et surtout Bikahalu Samp, qui n’est autre que Joji Habu, incroyable alpiniste japonais connu pour sa puissance, sa témérité, sa pugnacité, son caractère trempé et son mystère. Dès lors la passion des sommets l'entraîne à sa suite. Nous pénétrons un univers glacé et suivons l’escalade hivernale, en solitaire, sans oxygène, du versant sud-est de l'Everest.
Nous découvrons alors la performance extrême de ces hommes, leur effort suprême, physique et mental, leurs craintes, leur volonté, la griffure des roches du gel et du vent.
En haleine jusqu’à la fin, le lecteur peut partager la conquête inouïe de Chomolungma, ancien nom de l'Everest.
Points forts
Le livre est très documenté, l’écriture riche, habile et vive. L’auteur s’arrête avec talent sur les instants cruciaux où les corps se confrontent aux éléments jusqu’à s’y confondre.
La rencontre de la chair et de l’esprit avec la paroi de la montagne, l’atmosphère de lutte et de victoire contre les glaces, les séracs, le vent, l’altitude, donnent une impression de folie superbe dans le dépassement de soi.
Quelques réserves
Aucune pour ma part, les 700 pages se tournent avec bonheur.
Encore un mot...
Un célèbre manga a été édité d’après le roman ainsi qu’un film d’animation. Les allusions à l’histoire et à la géographie du Népal sont importantes quand on connaît sa grande fréquentation. Chacun se fera une idée du respect, de la dignité, de l’engagement des hommes de ce pays et principalement du sherpa Ang Tsering ou de l’ancien gurkha de l’armée britannique Rajendra Narandhar.
Les personnages féminins, Kayoko, Ryoko, Dolma, participent à l’intrigue avec une présence influente.
Une phrase
« Son corps, qui avait gardé en mémoire ce séjour en haute altitude, s’adaptait sans doute plus rapidement que la fois précédente. Il éprouvait même une sorte d’euphorie. Une puissance obscure, tapie au fond de lui comme un animal sauvage, prête à surgir. » Page 406
« - Demain…, dit Ang Tsering. Demain tu pourras partir….Et alors tu sauras.
- Quoi donc ? demanda Habu qui observait toujours les tourbillons de neige, ébloui par la blancheur environnante.- Si tu es un homme aimé du ciel ou pas. » Page 421
L'auteur
Baku Yumemakura est né le 1er janvier 1951 à Odawara au Japon. C’est un auteur de science fiction et d’aventures ; plusieurs de ses œuvres sont adaptées en manga. Son livre Le lion qui mangea le croissant de lune remporte un prix en 1990. Le Sommet des dieux, paru en 1997, puis publié en manga en 2003 par Jirô Taniguchi chez Dargaud, a remporté un vif succès en Europe. Baku Yumemakura est également essayiste, scénariste et photographe.
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