WILLIAM
Parution le 16 août 2023
182 pages
19 €
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Thème
Marié à 18 ans avec une femme de 8 ans son aînée dont il a trois enfants, Shakespeare aurait dû mener la vie sans surprises d’un petit bourgeois de Stratford-sur-Avon comme son père. Que s’est-il passé dans la tête de William ? Stéphanie Hochet s’intéresse aux sept ans mal connus au cours desquels s’est affirmée sa vocation de dramaturge grâce aux multiples rôles qu’il a interprétés en province puis à Londres, dans le cadre de la compagnie des Comédiens de la Reine. Personne ne sachant rien de ces années-là, l’auteure a toute licence pour les imaginer, attribuant au grand auteur ses propres aspirations et préoccupations sans craindre d’être démentie.
Points forts
Il est certain que l’on reste étonné devant cet auteur/acteur marié si jeune. La date et la manière dont débute sa carrière de comédien et d’écrivain étant inconnues, de nombreuses suppositions sont permises, et Stéphanie Hochet ne se prive pas de modeler son propre Shakespeare. Elle prend en compte, par exemple, l’influence d’un comédien outrancier comme Richard Burbage sur l’écriture d’un Richard III , « la vision du mal qui réussit » ; et les rôles appris et joués par l’acteur qui nourrissent la création de l’auteur.
La présentation de Shakespeare (« un acteur doué, un poète qui devrait bientôt nous écrire une pièce ») à Marlowe,(« la plus brillante plume de Londres, l’homme aux mille tours et à la réputation tonitruante ») met joliment en place la situation de l’époque.
Quelques réserves
Les traversées -heureusement rares- de la vie de Shakespeare à celle de l’auteur laissent le lecteur désemparé, le temps qu’il réalise qu’on est passé sans transition du XVIe au XXIe siècle et que ce n’est pas le dramaturge élisabéthain qui sort les poubelles mais le tonton de madame Hochet.
Le mélange des genres donne parfois une impression de décousu.
Encore un mot...
« Je continue donc d’inventer ce qui s’est peut-être passé » (p. 167) dit Stephanie Hochet. Mais comme elle décrit un Shakespeare à son image, elle lui prête, entre autres, l’ambivalence sexuelle qui est la sienne, sous prétexte que les acteurs du XVIe siècle avaient coutume de porter des robes pour jouer les rôles de femme. Elle oublie simplement qu’aucune femme n'étant autorisée sur la scène anglaise à cette époque, les rôles féminins sont tenus par des « boy actors » qui se travestissent avec aisance …
Une phrase
“ Shakespeare a décidé qu’il ne pouvait se satisfaire de Stratford et de la routine d’une vie de famille (…) Le comble est qu’on ne sait rien des années qui précèdent les premières pièces et cette disparition a duré longtemps : sept années. De ses vingt-et-un à ses vingt-huit ans. Les théories sur ces « années perdues » sont nombreuses. Elles vont prospérer car elles excitent l’imagination. (…) Un vide attirant.” Page 34/35
L'auteur
Née en 1975 à Paris, Stéphanie Hochet est une journaliste, essayiste et romancière française. Elle est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages écrits entre 2005 et 2023 récompensés par de nombreux prix.
Selon Wikipédia, le personnage principal du roman Pétronille d'Amélie Nothomb (août 2014) serait un portrait de Stéphanie Hochet.
Voir ci-dessous la chronique du dernier livre de Stéphanie Hochet : L’éloge du lapin
Commentaires
C'est oublier le roman de Léon Daudet "Le voyage de Shakespeare" qui de ces 6 années des années de rencontre et d'apprentissage entre l'Angleterres et le Danemark, roman que l'on pourra considérer comme inachevé puisque le Barde d'Upon ne dépassera pas le Danemark et que la vision de Daudet ne prendra qu'une seule année.
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