Wanderer

Fort, sombre, étrange, complexe, et bien écrit
De
Sarah Léon
Editions Héloise d'Ormesson - 176 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Compositeur et professeur de musique, Hermin s'est retiré dans sa maison perdue au coeur des montagnes du Bourbonnais pour écrire un Hommage à Schubert. Sa solitude est interrompue un soir d'hiver par l'arrivée subite de Lenny, son ancien élève et pianiste prodige disparu 10 ans plus tôt sans explication, qui lui annonce avoir renoncer au piano. Les deux hommes vont se confronter aux  fantômes du passé.

Points forts

- Une très jolie écriture, musicale, délicate et subtile, d'une maturité étonnante, même si elle est assez classique dans la forme. 

- Une tension silencieuse et une vibration émotionnelle sont palpables à chaque ligne, dans un double huis-clos entre passé et présent qui se croisent et se répondent. C'est une plongée dans le romantisme allemand au rythme des sonates et des lieds de Schubert,  des rhapsodies de Brahms et de la poésie de Verlaine, avec des sentiments exacerbés, violents et occultés, des incompréhensions, des souffrances qui vont crescendo avec, comme point de départ, une rencontre, une découverte et une osmose musicale entre Hermin et son jeune élève prodige, qui se transforme rapidement en amitié forte puis qui devient possessive et exclusive de la part de Lenny, de plus en plus fantasque dans sa quête insatiable d'amour inavoué, jusqu'aux retrouvailles et à la révélation finale. 

- L'atmosphère hivernale, neigeuse et glacée très bien décrite participe à l'étrangeté et à la complexité de la relation entre le maître et l'élève.

Quelques réserves

Un univers exclusivement musical d'une beauté sombre et une profusion de références souvent en allemand, peuvent déconcerter voire lasser les non-initiés. Ce livre ne se lit pas par hasard...

Encore un mot...

"Wanderer" ou voyageur sans but, est le titre d'un lied de Schubert et le surnom donné à Lenny dans sa jeunesse errante. Ce livre est une ode au romantisme allemand et aux mélodies de Schubert, aux affres de la solitude, de la composition et de l'interprétation. C'est un livre dont on s'imprègne, qui séduira les mélomanes mais qui touchera plus difficilement un public non averti, même si le talent de cette jeune auteure est réel et prometteur.

Une phrase

- "Le jour où le jeune compositeur accepta enfin la musique de Lenny dans ce qu'elle pouvait avoir de course à l'abîme, il dut se résoudre à cette évidence : le génie du garçon se nommait désespoir."

- "Hélas, qui guérira le mal / De celui dont le baume en poison s'est changé ?" (vers d'une rhapsodie de Brahms)

L'auteur

Née en 1995, Sarah Léon est élève à l'Ecole Normale Supérieure où elle étudie les lettres et la musicologie. Lauréate du prix Clara en 2012 pour sa nouvelle "Mon Alban", elle a été l'une des quatre finalistes du Goncourt du Premier roman 2016.

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