Vivre tout bas

La Mère de Dieu jamais nommée : une femme inconnue apporte la joie et l’espérance à une fillette endeuillée. Une lecture superbe et poétique

Jeanne Benameur

Actes Sud
Parution en janvier 2025
193 pages
19,50 Euros

Notre recommandation

4/5

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Thème

Une femme, jamais nommée, s’est retirée dans un village. Elle a perdu son enfant, son fils. Elle partage son temps dans la contemplation de la nature, des promenades dans les sentiers au pied de la falaise, et ses baignades. Cette femme échange avec Jean, l’ami du fils, qui a promis de veiller sur elle. Il fut pêcheur mais ne pêche plus, bien que l’eau soit très présente dans sa vie.

Elle rencontre une petite fille, élevée par sa grand-mère, devenue mutique après le drame : réchappée de la noyade au cours de laquelle sa mère a péri. Cette petite fille va s’attacher à cette femme, « une nouvelle mère ».

Points forts

Cette femme douce comme toutes les mères qui connaîssent la souffrance, la douleur d’avoir perdu son enfant.
Cette femme « Marie » mais pas la Marie des Evangiles : une femme qui, après la douleur, va récupérer son corps, sa liberté : elle lit et surtout elle écrit car elle a avec elle trois parchemins et elle aime l’eau, les bains.
La petite fille, sauvage, qui s’ouvre peu à peu à une re-naissance avec cette femme qui lui apprend à écrire, la ramène à l’eau lors de bains « nourriciers ».
Jean l’ami fidèle, le Veilleur : il a promis au Fils de rester près de la Mère. Lui aussi rêve de voguer sur la vaste mer qui offre l’horizon.

Quelques réserves

Aucune réserve. Si ce ne sont quelques longueurs répétitives rendant la lecture un peu difficile….Une lenteur (voulue) mais qui peut ne pas plaire.

Encore un mot...

Un roman doux, calme avec peu de paroles, une écriture magnifique de poésie. Ce n’est pas un livre pieux, pas un mot sur les Apôtres et leur mission, sur la vie passée de cette femme. Mais oui, on sait qu’elle a perdu son Fils et l’on devine peu à peu qu’il s’agit de Marie.
C’est un livre de transmission. Cette femme, Marie, lit et écrit : symbole des Mots et donc du verbe pour faire savoir : « Et le Verbe s’est fait chair » nous expliquant le pouvoir de l’écriture qui amène l’Espérance et la Joie. La femme et la petite fille vont soigner leurs blessures, se réparer pour avancer. Après les grandes souffrances, revient la joie par l’Amour.
Un livre difficile à raconter car c’est avant tout un livre qu’il faut vivre par la magie de l’écriture.

Une phrase

« Son doigt suit lentement le creux dans le tissu. Du bout de l’index, dans le long pli de sa tunique, elle dessine le visage. Au secret.
Contre son flanc, elle le dessine.
Elle sourit. Il est là, présent, jour après jour d’absence. » p. 9
« Il sent toujours quand le souvenir la prend. Il ose poser sa main sur son bras et lui parle alors de la mer. Il l’éloigne de la mémoire. Il veut lui dire le présent, la ramener à la vie ici, à cette journée différente. Il veut lui dire la mer comme il ne l’avait jamais éprouvée ». p.82

L'auteur

Jeanne Benameur est l’auteure d’une œuvre importante : de nombreux romans, nouvelles, des textes poétiques, mais aussi des livres pour la jeunesse et le théâtre. Son roman précédent La patience des traces en 2022 avait été couronné de prix.

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