Villa Taylor
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Thème
Diane, jeune banquière froide et calculatrice, hérite à la mort de sa grand-mère de la Villa Taylor à Marrakech où elle passa toute son enfance, haut-lieu chargé d'histoire et de secrets.
Ce lourd héritage va bouleverser sa vie qui n'a été jusqu'à présent qu'ascension professionnelle et désastre personnel.
Points forts
Le charme indéniable de ce livre réside dans l'univers très bien restitué de la Villa Taylor, maison labyrinthique, protégée par ses grands arbres, hors du temps, chargée d'histoire, de rencontres et de souvenirs, avec son pouvoir mystérieux, quasi hypnotique, à l'abri du monde et de l'agitation du quartier moderne de Guéliz. La force de Moune, la grand-mère de Diane, y est ominiprésente, elle qui régna sur son domaine jusqu'à sa mort et dont le parfum hante chaque recoin. La beauté de la lumière ocre qui baigne le parc, à l'ombre des remparts de Marrakech et de l'Atlas, ses odeurs, ses couleurs exercent un pouvoir magique.
Diane hérite de la maison où elle a passé toute son enfance sous la protection infaillible de Moune. Après un premier réflexe de répulsion et de rejet par peur d'affronter son passé, elle va tenter d'aller à la découverte de Daphné, sa mère disparue alors qu'elle était toute petite et dont on lui a tout caché. Elle va se laisser envelopper puis captiver par l'atmosphère ensorcelante de la maison et petit à petit fendre l'armure qu'elle s'est érigée pour se protéger de l'absence douloureuse et inexpliquée de sa mère. L'a-t-elle abandonnée, pour qui, pourquoi ?
Halima, la fidèle gouvernante, et Hassan, le vieux jardinier aveugle, tous les deux gardiens tutélaires de la Villa, aussi discrets que précieux témoins du passé, se tiennent aux aguets et veillent sur Diane.
Salim, le fils du notaire chargé de la succession de Moune, par sa beauté sauvage et sa part de mystère va apporter son aide à Diane et s'imposer de façon insidieuse, tout en livrant ses propres batailles.
L'ombre de Churchill, invité récurrent de la Villa Taylor où il a peint une aquarelle unique et y recevait Roosevelt, plane et nous ravit.
Choc de cultures, de personnalités cabossées, métissage, profusion de sentiments et de sortilèges ... On est pris de la première à la dernière page.
Quelques réserves
Le personnage de Diane est un peu trop caricatural : jeune banquière ambitieuse, prédatrice, froide et cynique, dénuée de tout sentiment et inaccessible, à tel point qu'il faut prendre beaucoup de temps avant d'éprouver une quelconque empathie pour elle.
Encore un mot...
Ce beau roman d'écriture classique offre une intrigue pleine de rebondissements mais exerce surtout un charme enchanteur et nous fait voyager au coeur même de Marrakech, de son exotisme, à l'ombre de murs chargés de secrets et de passions. Dépaysement et évasion garantis.
Une phrase
"Dans la vie, poursuit Hassan, il y a toujours un parfum qui nous guide. Tout d'abord nous n'en sentons que des bribes, il faut suivre le vent mais il est souvent trompeur, il nous égare, pourtant il ne faut jamais renoncer car c'est ce parfum qui nous révèle à nous-mêmes. Il y en avait un ici mais voilà bien longtemps qu'il a disparu, c'était celui du bonheur... Quand il s'en est allé, ma douleur a été aussi forte que lors de la perte des couleurs. Les senteurs, Mademoiselle Diane, sont les couleurs de nos vies, sans elles tout est terne et gris."
L'auteur
Michel Canesi et Jamil Rahmani, tous les deux médecins, écrivent ensemble. Ils ont déjà publiés quatre romans dont "Le Syndrome de Lazare" devenu "Les Témoins" au cinéma, grâce à André Téchiné. "La Villa Taylor" est leur cinquième roman.
Commentaires
Diane de Verneuil est en effet aussi caricaturale que son nom. Au début du roman, on assiste à la scène assez chaude de son viol dans un parterre de menthe. Elle va tomber amoureuse de son violeur parce que c’est au nom du beau souvenir d’enfance qu’il a de la mère de Diane qu’il a commis son forfait ! À d’autres...
Elle se découvre une demi-sœur marocaine qui porte le hidjab et elle approuve car « la liberté ne se résume pas à un bout de tissu.... Nos valeurs ne sont pas universelles. » Tiens donc ? On se demande pourquoi Churchill, autre (vrai) héros du roman a lutté !
Cette ode hyper lyrique et maladroite, très appuyée, à l’amour fou, au retour aux racines et au mélange des cultures a malheureusement des parfums douteux, selon moi, bien peu féministes en tout cas !
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