Urushi

L’art de la résilience. Un joli conte mélancolique
De
Aki Shimazaki
Actes Sud
Parution en mai 2024
139 pages
16 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Suzuko adolescente de 15 ans vit dans une famille recomposée, aimante et bienveillante avec son père, sa tante et son frère adoptif Tôru de 10 ans son aîné. Depuis sa tendre enfance Suzuko admire Tôru et l’aime au point de vouloir l’épouser. Celui-ci, entré dans la vie active, a quitté le domicile familial depuis plusieurs années. Suzuko souffre de cet éloignement géographique. Un jour elle décide de lui déclarer son amour demeuré secret. A son tour Tôru va lui dévoiler un pan caché de sa vie amoureuse.

Urushi fait partie du 4ème cycle romanesque de Aki Shimazaki, Une clochette sans battant, mais peut tout à fait se lire indépendamment des ouvrages précédents.

Le titre de ce roman vient de l’arbre Urushi qui produit une laque utilisée dans l’art du kintsugi.

Points forts

Aki Shimazaki joue de métaphores entre la vie de cette adolescente Suzuko et le kintsugi. Le kintsugi est un art japonais de réparation de céramiques brisées. Grâce à la laque Urushi et à l’ajout de poudre d’or, les céramiques réparées sont sublimées et gagnent en beauté. On appelle le kintsugi l’art de la résilience.

Un parallèle est établi entre le moineau blessé recueilli par Suzuko et ses souffrances intimes d’adolescente qu’elle va réussir à surmonter.

Suzuko se (re)construit dans une famille aimante et avance malgré la tristesse et les déconvenues. Elle ne s’arrête pas à son rêve amoureux brisé. Sa capacité de rebond est le thème majeur de ce roman.

La tendresse de l’écriture reflète la douceur et la mélancolie de Suzuko. 

Nous retrouvons les thèmes chers à Aki Shimazaki : la nature, les traditions, les liens familiaux, le bonheur des menus faits quotidiens et l’art. Ce roman permet d’effleurer quelques aspects de la culture japonaise.

Quelques réserves

L’écriture est simple voire minimaliste et peut paraître fade, insuffisamment travaillée. Mais elle reflète bien la candeur de l’adolescence et la banalité du quotidien.

Encore un mot...

La lecture de ce roman ne procure pas d’enthousiasme immédiat, mais c’est en y réfléchissant après coup que l’on y trouve du sens.

Ce roman est apaisant mais trop superficiel à mon goût.

Une phrase

“ J’arrive chez moi en portant le moineau blessé. Il reste immobile dans mon mouchoir en papier. Je vais dans le jardin et le dépose sur les herbes. Le bout de son aile droite est déchiré mais ses pattes semblent indemnes. Je réfléchis en observant les belles couleurs de ses plumes.  « Suzume et Suzuko ». Presque des homonymes. Il n’y a pas de hasard, d’après le cliché. Tout se produit par nécessité et toutes les rencontres ont un sens. Est-ce vrai ? Je murmure : « Tu es un jeune moineau blessé… moi je suis une adolescente égarée. Pourquoi nous sommes-nous croisés aujourd’hui ? » Puis je lui chuchote joyeusement : « Tôru revient après-demain ! »”.  P. 21

L'auteur

Née en 1954 au Japon, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis 1991. 

Elle écrit en français et est connue pour son goût des pentalogies (cycles de 5 romans). La 1ère pentalogie, Le Poids des secrets, comprend Tsubaki, Hamaguri, Wasurenagusa et Hotaru.  Le 2ème cycle, Au cœur du Yamato, est composé de Mitsuba, Zakuro, Tonbo, Tsukushi et Yamabuki.  Au cœur de Yamato et L’Ombre du chardon.  Le 3ème cycle, L’Ombre du chardon, comporte Azami, Hôzuki, Suisen, Fuki-no-yô et Maïmaï. Son nouveau cycle, Une clochette sans battant, débuté avec Suzuran (2020), Sémi (2021) se poursuit avec No-no-yuri (2022), Niré (2023) et Urushi en 2024.

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