Une vieille histoire. Nouvelle version
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Thème
En près de quatre cents pages d’« Une vieille histoire. Nouvelle version »- le troisième roman de Jonathan Littell après « Bad Voltage » (1989) et « Les Bienveillantes » (prix Goncourt 2006, près d’un million d’exemplaires vendus, traduit dans presque quarante langues), il y a la famille, le couple, la solitude, le groupe ou encore la guerre dans des lieux, des territoires et des décors comme une maison, une chambre d’hôtel, un studio, une ville ou encore une zone sauvage, là où se jouent depuis toujours les rapports humains. Il y a aussi un narrateur (homme, femme, hermaphrodite, enfant) qui dit : « Je cherchai mon image dans les longues glaces encadrant le bassin mais n’y décernai que des fragments de corps difficiles à relier entre eux ou à attribuer à une personne donnée », qui sort d’une piscine, qui se change et qui court dans un couloir gris. Des portes s’ouvrent… La course. Et ça recommence, encore et encore. Sept chapitres, avec cinq territoires explorés à chaque fois et nombre d’éléments récurrents. Variations sur un même thème… Variations parce que ça peut paraître pareil, mais ça ne l’est pas tout à fait, parce que ça permet d’explorer la pulsion quelle qu’en soit la forme…
Points forts
- La construction savante et impressionnante du roman qui obéit à des calculs mathématiques précis, selon l’auteur qui précise : « À chaque fois que je bougeais un élément, les pommes, le chat gris ou l’électricité, les autres éléments bougeaient aussitôt car il existe un fonctionnement en réseau tout autour. Les correspondances verticales se modifient lorsqu’on bouge quelque chose à l’horizontal. C’est de l’esthétique mathématique. J’ai construit les choses du mieux que j’ai pu, comme on construit un objet, pour obtenir certains effets ».
- La marque de fabrique Jonathan Littell : une écriture étincelante et dérangeante. Avec Littell, on ne sort pas indemne de la lecture…
- Une promenade dans des mondes où flottent des airs sentis, respirés dans les mots et les textes de Sade le « divin marquis », de Georges Bataille, de Maurice Blanchot ou encore de Samuel Beckett, et dans certains tableaux de Francis Bacon.
- Dans ces sept « variations Littell », il y a du soufre dans l’air. Du souffle, aussi !
- Le délice, au final, de revenir encore et toujours à la piscine à l’eau bleue, si bleue…
Quelques réserves
Un tout petit point faible qui sera sûrement relevé par les anti-Littell : la construction et la structure d’ « Une vieille histoire. Nouvelle version » peut paraitre artifice littéraire, procédé technique…
Encore un mot...
Tout comme avec « Les Bienveillantes » voilà douze ans, Jonathan Littell fait à nouveau l’événement avec « Une vieille histoire. Nouvelle version ». Par les thèmes abordés. Par la forme romanesque qu’il a choisie. On a là un écrivain qui ne fait pas « classique », qui livre un texte aussi ébouriffant que dérangeant, aussi implacable qu’indispensable. De mon point de vue, sa lecture s'impose comme une priorité !
Une phrase
Ou plutôt deux:
- « Ma tête creva la surface et ma bouche s’ouvrit pour happer l’air tandis que, dans un vacarme d’éclaboussures, mes mains trouvaient le bord, prenaient appui et, transférant la force de ma lancée aux épaules, hissaient mon corps ruisselant hors de l’eau. Je restai un instant en équilibre au bord, désorienté par les échos assourdis des cris et des bruits d’eau… »
- « J’achevais une longueur après l’autre, sans les compter, me délectant de ma force et du contact sensuel de l’eau, ramenant mes pieds sous moi à chaque extrémité du bassin pour en frapper la paroi et me relancer avec puissance dans l’autre direction. Enfin, filant en apnée les yeux grands ouverts, les bras le long du corps, je couvris les derniers mètres. Ma tête jaillit de la surface, lèvres entrouvertes pour emplir mes poumons d’air… »
L'auteur
Né le 10 octobre 1967 à New York (Etat de New York, Etats-Unis), Jonathan Littell est un écrivain franco-américain, fils de l’écrivain Robert Littell. Il a passé son enfance en France puis est allé aux Etats-Unis pour étudier à l’université Yale à New Haven (Connecticut). Trois ans plus tard, il s’engage dans l’action humanitaire: pendant sept ans, il travaille pour l’ONG Action contre la faim en Bosnie-Herzégovine, en Tchétchénie, en Afghanistan, au Congo ou encore en Russie, à Moscou.
En 2001, il quitte l’humanitaire pour se consacrer à l’écriture après avoir publié, en 1989, un premier roman de science-fiction, « Bad Voltage ». En 2006, il fait sensation et polémique avec « Les Bienveillantes », roman fleuve pour lequel il reçoit le prix Goncourt. L’écrivain espagnol Jorge Semprun n’hésitera à qualifier ce livre d’« événement du siècle ».
Il publie ensuite quelques récits et essais, parmi lesquels « Le Sec et l’Humide » (2008), « Trois études sur Francis Bacon » (2010) ou encore « Carnets de Homs » (2012).
Pour un petit éditeur (Fata Morgana), il écrit en 2012 « Une vieille histoire », un texte en deux chapitres qu’il a repris pour un format long qui donne, en ce début 2018, « Une vieille histoire. Nouvelle version ». A la parution de ce dernier, cette confidence de Jonathan Littell qui vit aujourd’hui à Barcelone : « Normalement, une fois un livre publié, c’est terminé pour moi, mais là, il s’est passé quelque chose d’étrange : le livre a continué à produire… J’ai donc repris le manuscrit original et je l’ai développé pendant plusieurs années… »
Commentaires
J'ai acheté ce livre :quelle erreur ....
J'ai parcouru quelques pages :que du sexe ,encore du sexe avec force détails bien sûr, le tout ,dans un "bain" de cocaîne...
Ce genre de lecture se vend bien?il en faut pour tous les gouts
Moi qui lis Sylvain Tesson -Christhophe ono-dit-biot entre autres bien sûr :je retourne vers eux !
Le principal problème de ce livre-virtuose est qu'il n'apporte rien de plus que le reflet des auteurs dont il s'est inspiré (Sade, Bataille, etc). La forme reste très classique, les descriptions très XIXè siècle. Reste un déchaînement de violences et de perversités qui n'ont strictement aucun sens. On est loin, très loin, de la démarche radicale d'un Pierre Guyotat.
Magnifique, entêtant, "terrassant" comme l'a dit un autre avant moi. Impossible d'abandonner le livre sur le coin de ma table sans tourner en rond, obsédée, puis remettre à demain sans scrupules tout ce que j'avais à faire, à voir, à travailler pour m'y replonger immédiatement. Une technique radicale, mathématique, horlogère au service d'une vieille histoire toujours recommencée, celle de notre pauvre nature humaine forcenée dans ses désirs, abêtie par ses chaînes, cruelle, méprisable et émouvante. Une cathédrale miroitante de lumière ou les mots de l'auteur soufflent sur nos corps qui s'enfuient au pas de course, dans tous les sens à en perdre la tête. Magistral.
La construction du texte est remarquable. On ne peut rester indifferent à sa lecture .Cependant les scènes pornographiques répétitives finissent par lasser, l'on sent que l'auteur cherche avant tout à se faire plaisir, oublie le lecteur en s'adonnant sans retenue à ses penchants personnels les plus noirs.
Je n'aurais pas mieux dit, une performance froide et ennuyeuse. Je ne l'acheverai pas et cela m'arrive rarement
Qu'un propos: particulièrement déçu. J'attendais Littell des "Bienveillantes" et je me demande si quelques unes de mes questionnements ne trouvent pas là une réponse, mais hélas dans le maquvais sens.
Incompréhension totale...pourquoi tant de sexe, de violence ? Je l'ai acheté chez un bouquiniste pour quelques euros, et je vais vite fait le lui redonner...
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