Une joie féroce

Une sorte de western de femmes autour de séances de chimiothérapie. Une aventure improbable et dérangeante.
De
De Sorj Chalandon
Grasset
315 pages
Notre recommandation
2/5

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Thème

Jeanne, discrète libraire, apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. La vie ne l’a pas épargnée, elle a perdu un petit garçon, né handicapé, et depuis, son couple bat de l’aile. 

Lors de séances de chimiothérapie à l’hôpital, elle rencontre Brigitte également malade, puis Assia sa compagne et Melody leur jeune protégée. Lorsque celle-ci annonce qu’elle a besoin d’argent, le quatuor ainsi formé, va fomenter un plan et se lancer dans un braquage. 

Points forts

Il aurait pu y  avoir des points forts: le roman s’engage plutôt bien  en traitant du choc de l’annonce d’un cancer « le cancer n’est pas un rhume. Le cancer ne s’attrape pas, c’est lui qui vous attrape » p.24 ou « j’ai un cancer vous voulez le voir ? » p.41, mais le cancer apparaît comme un prétexte conduisant à un récit qui se perd rapidement dans l’invraisemblable.

Quelques réserves

Une aventure improbable, sur fond racoleur de maladie qui mettra mal à l’aise quiconque aura touché de près le cancer.

 Le comportement du mari de Jeanne aurait pu être approfondi : il ne supporte pas son état, s’éloigne et la quitte. La peur de la contagion ? 

Le lien entre l’organisation du hold-up et la rage de vaincre la maladie « la joie féroce » n’est pas crédible. Doit-on en déduire que la guerre contre la maladie conduit à prendre les armes ? 

L’auteur établit  un parallèle dérangeant,  et s’y attarde, entre la perte des cheveux due à la chimiothérapie et le crâne des femmes tondues à la Libération. Cela signifierait-il que les exactions d’un grand-père auraient un effet sur les  traitements médicaux de sa petite-fille ? 

Les dialogues sont peu recherchés, souvent ennuyeux.

Les portraits des quatre femmes sont caricaturaux. Elles fument des joints après leurs séances de chimio et on peine à croire leurs histoires de vie- forcément difficiles- pour en arriver à un acte revanchard, le braquage, dont le prétexte n’était finalement qu’une manipulation.  

Encore un mot...

J’ai failli refermer le livre à plusieurs reprises et sauté des pages pour en venir à bout. 

Outre l’histoire, inutilement rocambolesque- - tous les clichés autour du cancer rendent la lecture assez pénible. 

Un livre très décevant au regard des habituels succès littéraires de l’auteur.

Une phrase

Je n’en ai pas retenu à part une  phrase qui m’a paru saugrenue : 

«  Je peux vous embrasser, Madame ? J’ai accueilli l’étreinte. Et puis elle m’a tourné le dos, pour picorer un curé qui passait » p117

L'auteur

Journaliste, ancien grand reporter,  Prix Albert-Londres en 1988, Sorj- né Georges- Chalandon a débuté sa carrière à « Libération » en 1973 puis a rejoint le « Canard Enchaîné » en 2009. Ecrivain, il a publié huit romans souvent récompensés dont  Une promesse  Prix Médicis 2006 et  Le quatrième mur  Prix Goncourt des Lycéens 2013.

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