Mélancolie des confins - Nord

Promenades poétiques, historiques et littéraires en Allemagne et au-delà…
De
Mathias Enard
Actes sud
Parution le 2 octobre 2024
305 pages
25.50 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Le narrateur erre sous le grésil glacé d’un Berlin d’automne et laisse vagabonder sa pensée pour tenter d’endiguer sa tristesse après sa visite à une amie très chère hospitalisée à la clinique de Beelitz, dans l’ancienne RDA qui déborde encore de monuments à la gloire de l’ex URSS.

Comme pour tout un chacun, son esprit baguenaude au rythme de sa marche, passant d’une pensée à l’autre… Mais l’érudition de notre promeneur est immense et sa conversation intérieure entraîne le lecteur sur mille chemins insolites de la culture et de l’histoire à travers ses lectures et ses souvenirs.

Points forts

  • La description insolite d’une Allemagne de l’Est qui, n’ayant jamais attiré les touristes, reste méconnue alors que le Brandebourg, grâce notamment à son histoire prussienne, est l’un des lands les mieux dotés en lieux de culture.

  • Le cerveau surpeuplé de Mathias Enard qui abrite Goethe, Howard, Baudelaire, W.G Sebald, Vassili Grossman, Martin Heidegger, Théodore Fontane, et bien d’autres, contient également les lamentations élégiaques de poètes persans, les poésies de Blanca Varela et les tableaux de Von Menzel sans compter de multiples souvenirs de batailles (dont celle de Seelow qui engendra des pertes terrifiantes).

  • Après la poésie des nuages par Turner, Véronèse, Monet ou Titien, voici le magnétiseur Mesmer et le syrien Rami atrocement torturé, puis l’abbaye de Clairvaux devenue prison pour les fascistes Maurras et autre Rebatet, dont nous avons même droit - bien sûr avec le recul nécessaire - à la 4e de couv de son livre Deux Étendards

Quelques réserves

  • Sans fil conducteur précis, le texte est une sorte de bric-à-brac qui part dans tous les sens. On passe, par exemple, des Bronzés 3 au château de Saché où écrivit Balzac et des « décombres » curieusement réédités à la fontaine de Malachie…

  • Si vous n’êtes pas du tout germanophone (comme moi), la multiplication des mots allemands dans le texte risque de perturber votre lecture jusqu’à saturation.

Encore un mot...

Un titre poétique n’est pas forcément gage d’un chef d’œuvre absolu mais cette « mélancolie des confins » en quatre saisons, dont ce « Nord » n’est que le premier tome, ne laisse pas d’être prometteur.

Une phrase

“ Aucun officier britannique ou américain ne sera jugé pour les bombes et les tempêtes de feu, pas plus qu’aucun soldat soviétique ne se verra accusé de viol sur une Berlinoise (…). Conscients d’appartenir au peuple des bourreaux, les Allemands (c’est du moins la thèse de Sebald) ont tu leurs souffrances, souffrances considérées comme honteuses face aux visages innombrables des victimes du nazisme.” p.129

L'auteur

Né le 11 janvier 1972 à Niort, Mathias Énard, écrivain et traducteur français, est récipiendaire de plusieurs prix littéraires dont le prix Goncourt 2015 pour son roman Boussole.

Après une formation à l'École du Louvre, il suit des études d’arabe et de persan à l'INALCO. Après de longs séjours au Moyen-Orient, il s’installe en 2000 à Barcelone. Il y anime plusieurs revues culturelles.
Il participe aussi au comité de rédaction de la revue Inculte à Paris et, en 2010, il enseigne l'arabe à l'Université autonome de Barcelone

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