Une femme de mauvaise vie

Une écriture forte pour un portrait de femme sans concession
De
Virginie Roels
Robert Laffont
Parution en Mars 2024
312 pages
20.50 €
Notre recommandation
4/5

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Lu
par

Thème

Maria est une jeune-fille voluptueuse. Elle se marie avec Vassili, un jouisseur adepte des soirées libertines de Kiev entre haute société et prostituées de basse extraction. Jeune épouse et très vite délaissée, Maria découvre la vie dissolue de son mari. Espérant le reconquérir et par amour pour lui, elle se laisse initier à ce monde trouble entre désir, addiction, plaisirs et dégoût de soi. C’est au cours d’une soirée de plus qu’elle croisera la route de Stefan. Elle ressent alors l’éblouissement d’un amour pur qui va bouleverser son destin de comtesse Tarnowska.

Points forts

Ce roman, tiré du procès retentissant de la Tarnowska au début du XXème siècle, met en lumière les mœurs d’une époque : c’est moins le meurtre d’un homme tué par un rival qui choque que la femme par qui le scandale arrive. Les journaux de l’époque dressent un portrait accablant de celle qui a osé revendiquer le droit au bonheur, au plaisir et à la liberté. 

Maria incarne la grande pécheresse, Marie-Madeleine. Loin de la clémence du Christ, elle est livrée aux insultes de la foule, objet de convoitise et de curiosité malsaine. Elle doit expier et ses désordres moraux, à défaut d’être redressés, sont un sujet d’étude : l’une des premières scènes du livre sur son auscultation en prison par plusieurs hommes médecins et gynécologues est effroyable. L’examen s’apparente ni plus ni moins qu’à un viol. L’auteure utilise avec brio une écriture osée sans jamais tomber dans la vulgarité.

Quelques réserves

La succession d’orgies, de dépravations, de déviances, d’abus d’alcool et de drogue suscite un sentiment de malaise voire un début de nausée mais, dans le contexte de ce roman, peut-on considérer cela comme une réserve ? 

Encore un mot...

Le portrait de cette femme est fascinant. On pourrait croire que Maria est victime de sa condition de femme mais c’est une femme forte dont la transgression n’a pas été de se livrer aux jeux pervers de son époux mais d’avoir pris la liberté d’aimer un autre.

Femme forte qui, au lieu de s’apitoyer sur son sort, va essayer de mieux se comprendre à travers les débuts de la psychanalyse.

Femme forte aussi pour ses enfants, tâchant de les préserver en dépit de sa déchéance. Elle usera de toutes ses armes et de tous ses charmes pour récupérer sa fille qu’on lui a arrachée. 

Une phrase

« Elle pouvait, quelques minutes encore, profiter du souvenir de Stefan. En se confiant, il l’avait, sans le savoir, apaisée. En confessant son crime, il absolvait les siens. L’un comme l’autre n’étaient ni purs ni idéals. Des êtres déjà tachés, abîmés, dissimulant derrière leur sourire toute la laideur de leurs actes. Se reconstruisant à partir du pire d’eux-mêmes, pour tendre, sans certitude, vers le beau. Et le beau n’est que lorsqu’on aime. Ils allaient se réparer, se nourrir de ce qui chez l’autre était parvenu à rester vivant. » P.107

L'auteur

Virginie Roels, journaliste et auteure, est rédactrice en chef du magazine La Chronique et Amnesty international. Elle est également l’auteure de La Plume  (Stock, 2017) et  Les écrits restent alors je resterai (Stock, 2022).

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