Une bonne école

Un regard lucide et nostalgique sur l'apprentissage de la vie, dans une "bonne école"
De
Richard Yates
Editions Robert Laffont - 213 pages
Notre recommandation
4/5

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Thème

Après une enfance bousculée par le divorce de ses parents, William Grove entre en 1941 à la Dorset Academy dans le Connecticut, une école créée par une vieille dame excentrique pour les « fils de la haute société ». Les vastes bâtiments et les somptueuses pelouses n’accueillent en réalité qu’un ramassis d’élèves dont personne ne veut. Adolescent timide, complexé et nerveux, le voilà livré à la brutalité de ses camarades : brimades, bagarres, humiliations se succèdent quotidiennement dans cet univers marqué par les rivalités et l’éveil excitant de la sexualité. Il découvre des professeurs médiocres, hypocrites, mais aussi des éducateurs généreux et respectés. Les amitiés tentées ou contrariées, les balbutiements de l’amour, la rencontre de quelques jeunes filles, les premiers émois de ces adolescents animeront cette période difficile qu’ils traversent ensemble. La lâcheté et le courage se mêlent aux larmes et aux rires avec, en toile de fond, des allusions à la guerre et à ses vrais héros. William se sentira plus libre et plus sûr de lui grâce au journal de l’école, auquel il consacrera la plus grande partie de son temps.

Points forts

• En racontant ses propres souvenirs, Richard Yates montre que cette école, qualifiée tour à tour de « petite », de « drôle » ou de « romantique », est en définitive une « bonne école » pour apprendre la vie.
• Il recrée avec minutie la vie quotidienne dans ce monde refermé sur lui-même ; le lecteur se retrouve plongé dans l’atmosphère si particulière du dortoir, des chambres, du Club des Aînés, du parc …
• Les rapports de force et de séduction sont finement analysés : pourquoi certains exercent-ils une sorte d’ascendant sur les autres ? Pourquoi les plus fragiles sont des victimes désignées ?
• Les incertitudes et les aspirations de l’adolescence sont rendues de manière très vivante : ambitions déçues, illusions perdues, mais aussi quête d’idéal, espoirs fous !
• L’exemple de son père à la splendide voix de ténor, qui a dû renoncer à sa vocation de chanteur pour mener une vie triste et rétrécie, l’a convaincu que le destin n’est jamais à la hauteur des espérances. Alors qu’il n’a pas su l’aimer de son vivant, il lui rend un hommage touchant à la fin.
• Une plume sensible, qui exprime si bien les frémissements émouvants provoqués par les courbes d’un corps de femme « d’une fraîcheur et d’une douceur douloureuses. »
 

Quelques réserves

• Le livre est mal imprimé : des fautes d’orthographe et des erreurs de syntaxe gênantes !

Encore un mot...

Richard Yates porte un regard lucide, indulgent et même tendre sur ceux qu’il a côtoyés  dans cette « bonne école », en passant avec aisance de l’humour à la gravité. Cette chronique nostalgique permet à chacun de revivre cette période tumultueuse de l’adolescence, pendant laquelle la vie apparaît pleine de promesses. 
Ce roman nous confirme le talent de l’auteur du chef d’oeuvre La Fenêtre panoramique, que Sam Mendes a adapté au cinéma (Les Noces rebelles) et on comprend pourquoi de grands écrivains comme Raymond Carver ou Richard Ford ont cherché à l’imiter.
 

Une phrase

« C’était une bonne école. Elle m’a aidé à supporter les pires moments de l’adolescence, comme peu d’autres établissements auraient pu le faire … J’ai appris à écrire en travaillant au Dorset Chronicle … Ne peut-on pas considérer cela comme un bon apprentissage ? Et n’y a-t-il rien d’autre de bien à dire de cet internat, du temps que j’y ai passé ? ou de moi-même ? Je poserai toujours ces questions à mon père dans le secret de mon cœur, quêtant son amour alors que je ne l’ai jamais, jamais recherché quand c’était si important. » p. 212

L'auteur

Richard Yates (1926-1992) rejoint l’armée lors de la Seconde Guerre Mondiale. Au retour de la guerre, il devient journaliste, « nègre » et publicitaire. Il est l’auteur entre autres de La Fenêtre panoramique (1961), qui connaît un grand succès, d’un recueil de nouvelles Onze histoires de solitude (1962), d’Un destin d’exception (1969) et d’EasterParade (1976). Une bonne école date de 1978.

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