Un soir d’été

Chronique de vacances d’été 1985. Un roman séduisant malgré quelques clichés
De
Philippe Besson
Julliard
Parution en janvier 2024
208 pages
20 euros
Notre recommandation
3/5

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Thème

Comme tous les ans, dès le début des vacances d’été, Philippe s’empresse de retourner sur l’île de Ré pour y retrouver ses copains d’enfance. Ils forment une petite bande d’autochtones à laquelle viennent se greffer quelques nouveaux bobos parisiens. Tout se passe bien comme d’habitude, sous un soleil de plomb, jusqu’au grain de sable qui va marquer chacun d’entre eux. Ils n’ont même pas dix-huit ans.

Points forts

  • Les talents de conteur hors pair de l’auteur. Entamer un livre de Philippe Besson, c’est enfiler un vieux pull déformé mais tellement confortable ! L’écriture est aisée, limpide et le style réaliste nous donne l’impression d’être les voisins de cette petite bande amie avec qui on a déjà passé des vacances similaires. D’autre part, l’auteur utilise des expressions quelque peu désuètes, comme « les grandes personnes » pour parler des adultes ou la mère, inquiète, qui « se fait du mauvais sang ». De même, lorsque ces jeunes empruntent la voiture de leurs parents en disant « vous pouvez nous faire confiance », tout le monde sait que cette phrase signifie qu’il faut craindre le pire !
  • Ces vacances évoquées sont, au début au moins, semblables à celles que nous avons passées au même âge dans ces mêmes lieux, avec la même insouciance, la même indolence, la même musique. On fainéantise toute la journée à la plage, répandu sur sa serviette. La grande préoccupation : où va-t-on pour le bal du 14 juillet ?
  • Nous sommes en 1985 : pas de téléphone mobile, pas de réseaux sociaux, donc des possibilités de vraies discussions et une certaine liberté de mouvements. Sans compter que sur l’île, tout le monde circule en vélo en longeant les roses trémières. Tout cela vous a un petit côté rétro tout-à-fait charmant.
  • L’art du crescendo lorsque l’un d’entre eux manque à l’appel : on passe de l’insouciance à l’incrédulité, puis de la préoccupation à l’inquiétude et enfin de l’angoisse à l’impuissance chez ces jeunes manifestement dépassés par les événements. En une nuit, ils se retrouvent propulsés dans le monde des adultes.

Quelques réserves

  • L’insistance de l’auteur sur ses origines prolétaires et celles de ses amis d’enfance, l’un commis charcutier, l’autre commis poissonnier, avec les vacances passées au camping ; il y a là un aspect cliché qui est gênant parce qu’inutile.

Encore un mot...

Il y a d’excellentes réflexions dans ce roman. Lorsqu'une jeune fille de treize ans dit en parlant d’un de la bande qu’il est bizarre, qu’il a l’air « tout cassé dedans », c’est explicite. De même, l’auteur fait dire à un de ces jeunes que l’on sait que l’on ne croit plus au retour des absents lorsqu’on commence à en parler au passé. Ce roman se lit d’une traite et nous fait passer un moment fort agréable.

Une phrase

« Et puis, c’est ça, avoir dix-huit ans, être dans l’instant, ne pas s’encombrer du passé, y compris le plus récent, et être dans l’insouciance, ne distinguer de gravité nulle part, ne pas prêter attention aux détails, considérer que les détails n’ont pas d’importance, ne pas savoir encore que ce sont eux qui en ont le plus, de l’importance. » P.155

L'auteur

Philippe Besson est l’auteur d’une vingtaine de romans dont quelques-uns ont été adaptés à l’écran : Son frère ainsi que Arrête avec tes mensonges. Ces derniers ouvrages sont Le dernier enfant, Paris-Briançon et Ceci n’est pas un fait divers.

 

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