Un saut dans la nuit
115 pages -
17 €
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Thème
François a toujours passé ses vacances d’été avec sa mère et ses deux petites sœurs, dans la maison de sa grand-mère à Saint Béat, modeste bourgade de Haute Garonne. Le jeune garçon y traîne un ennui raisonnable, entrecoupé de sprints solitaires à vélo, de plongeons dans la piscine municipale et de lectures toujours recommencées « c’était cela les vacances, un arrangement permanent avec l’ennui ». Tout change lorsqu’il rencontre Jean, un gamin de son âge, fils d’un fermier voisin, qui va lui présenter sa sœur Geneviève. Les vacances deviennent alors une aventure magique digne du dernier des Mohicans. Jusqu’à cette nuit du 27 août 1983…
Points forts
- La Garonne, personnage central du récit, présente à chaque page, immuable, « puissante, sauvage, force intraitable de la nature », flot rapide sous les fenêtres du village, tumultueux entre les montagnes, prétexte à tous les jeux risqués.
- Un roman initiatique, certainement mâtiné d’autobiographie, qui traite avec délicatesse du passage de l’enfance à l’adolescence sous la double emprise de l’amour et de la mort.
- De jolies variations sur le temps qui passe avec le retour dans un Saint Béat adapté au tourisme (résidences d’artistes, festival de sculpture sur marbre) quand la vieille maison familiale a gardé « l’odeur des endroits silencieux et oubliés ».
L’évocation sous-jacente de la nostalgie qui est tendresse à l’égard d’un passé préservé, au contraire de la mélancolie qui est attachement désespéré à l’égard d’un passé disparu (thème déjà traité par Schefer dans Un seul souvenir) « qui peut résister à la vieille et douloureuse tentation de revoir les lieux de sa jeunesse ».
- L’amitié de François et de Jean, faite de défis à la rivière et de courses sur les rochers, n’est pas sans rappeler celle de Marcel et de Lili des Bellons dans les souvenirs d’enfance de Pagnol. Elle en a parfois le charme et l’ingénuité.
- Une écriture sobre et imagée, bien loin de ce que l’on pouvait craindre sous la plume d’un universitaire.
Quelques réserves
Des personnages peu travaillés qui restent assez en surface, sauf celui du narrateur. De Jean, on sait seulement qu’il est d’humeur changeante et Geneviève se résume au cahier d’écolier dont elle ne se sépare pas et à son chignon rapidement noué, retenu par un crayon. Juste des silhouettes, symboles du meilleur ami et du premier amour.
Encore un mot...
L’intérêt de l’auteur pour les films de série B et le romantisme « fleur bleue » de Novalis transparaît dans ce roman attachant qui manque tout de même un peu de force.
Une phrase
“ Un de nos jeux favoris - était-ce encore un jeu ? - consistait à se retenir d’une main à la branche d’un arbre, au bord de la rivière. Sans tomber, il fallait plonger l’autre main dans l’eau glacée pour extirper un gros caillou. C’était un défi à relever. Il y allait de notre honneur d’homme naissant, nous extirpant du cocon de l’enfance. On devait être « chiche » ou « cap’ ». Pas question de se dérober. A l’adolescence, tout devenait plus impérieux, plus ardent, plus cruel.” (p. 45)
L'auteur
Olivier Schefer est professeur d'Esthétique et de Philosophie de l'art à l'Université Paris I (Panthéon Sorbonne). Ses travaux, à mi-chemin de l’essai, de la fiction et de la biographie, portent à la fois sur la modernité romantique, l’art contemporain, le cinéma de série B et de science-fiction et sur les figures négatives de la culture (fragment, ruine, zombie)
Il a notamment co-édité une anthologie critique du romantisme allemand, La Forme poétique du monde (José Corti, 2003) et traduit plusieurs manuscrits posthumes de Novalis : Semences (Allia, 2004) Le Brouillon général (Allia, 2000). Il a également publié deux essais sur les figures littéraires et cinématographiques du mort-vivant et du somnambule : Des revenants. Corps, lieux, images (Bayard, 2009), Variations nocturnes (Vrin, 2008).
Un saut dans la nuit est son premier roman.
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