Un perdant magnifique

Une famille sous l’emprise d’un mythomane. Un roman d’une grande sensibilité
De
Florence Seyvos
Editions de l’Olivier
Parution le 3 janvier 2025
142 pages
19,50 Euros
Notre recommandation
3/5

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Thème

Anna, jeune adolescente de 14 ans, raconte la vie de sa famille recomposée : Irène sa sœur de 16 ans, Maud leur mère et leur beau-père Jacques, une vie entre Le Havre et Abidjan, où Jacques « fait des affaires ».

Après une « parenthèse enchantée » à Abidjan, la vie au Havre est un quotidien marqué dans l’attente de cet homme fait d’excès, un quotidien marqué par la précarité financière, les promesses de cet homme généreux, dépensier, autoritaire. Il débarque à Noël, « révolutionne » la maison par des achats outranciers, repart, tombe malade… La mère en a pris son parti, essayant de faire face aux dettes accumulées le mieux qu’elle peut ! Les jeunes filles sont indépendantes et fascinées.

Points forts

  • Le portrait par petites touches mais bien analysé : un homme insaisissable, à la fois généreux et autoritaire, flamboyant et menteur, n’ayant aucun sens des réalités quotidiennes.
  • La fascination exercée par Jacques tant sur sa femme qui le trouve tout d’abord exceptionnel que sur les deux sœurs, surtout Anna la narratrice, qui le trouvent fou, ridicule mais tellement attachant :  fascination mais parfois répulsion !
  • La description des difficultés traversées dans le quotidien par la faute de cet homme mythomane.
  • Le sentiment ambivalent ressenti par Anna : la tendresse pour les moments joyeux et fantasques, et l’inquiétude devant l’inconscience de ce beau-père ayant la folie des grandeurs.

Quelques réserves

J’ai éprouvé un sentiment d’exaspération devant cet homme : faut-il le trouver attachant ou totalement égoïste ? 

Encore un mot...

En un livre plutôt court, l’auteure nous décrit avec des mots justes le quotidien de cette famille recomposée ; une relation pleine de tendresse avec l’amour inconditionnel de Jacques pour sa femme et ses belles-filles ; et à la fois une relation toxique pour la  mère et les filles totalement sous l’emprise de cet homme mythomane, sans aucune conscience du présent et des réalités matérielles. La fin laissera Anna blessée.

Une phrase

  • «  Plutôt la culpabilité de l’avoir, d’une certaine manière, abandonné, de ne pas lui avoir rendu justice, ou d’être restée du côté de ce qui était raisonnable, tandis qu’il ne vivait, lui, que dans la démesure ». p. 18

  • « Jusqu’à notre arrivée, notre mère avait vécu dans les travaux en permanence, à l’intérieur comme à l’extérieur. Elle ne savait pas encore que, pour Jacques, cette vie était la seule qu’il aimait vraiment, celle où le présent n’avait aucune importance. Seul comptait le futur, l’utopie sans cesse réinventée, sans cesse perfectible. Etrangement, nous étions toutes les trois au centre de cette utopie. Nous en étions à la fois le cœur et le prétexte ». p. 86

L'auteur

Florence Seyvos est romancière et scénariste. Ce livre est son sixième roman, après Les Apparitions (L’Olivier, 1995) qui lui a valu le prix Goncourt du premier roman et le prix France-Télévision, et  Le garçon incassable (L’Olivier,  2014) .

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