Un jour viendra couleur d’orange
258 p. - 19,50€
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Thème
Louise est infirmière à Thomazeau, l’hôpital général de la ville. Du service des prématurés, elle est passée à celui des soins palliatifs; elle soulage la douleur et accompagne au quotidien des hommes et des femmes de tous âges vers le néant et la mort. Pierre, son mari, est vigile à Auchan depuis que l’industrie qui l’employait l’a licencié sans égard, à la faveur d’un plan social de plus ou d’un plan social de trop…. L’autisme de Geoffroy leur fils, associé à ces détresses, a eu définitivement raison du couple. Pierre est allé chercher son réconfort hors les murs alors que son fils est resté prisonnier en lui même. Les Gilets jaunes n’ont apporté aucune réponse à sa dérive même si les rassemblements autour des ronds-points, théâtres réels et symboliques du mouvement, lui ont donné un temps l’illusion de la solidarité et de la puissance, offert du moins le croit-il une revanche sur ce monde qui le méprise, lui et ses camarades d’infortune.
Le salut viendra finalement d’ailleurs, de deux immigrés que Pierre ignore et méprise à son tour, Hagop l’Arménien, réchappé du génocide à deux générations de distance, ermite, naturaliste et philosophe autodidacte, et Djamila, une jeune Kabyle de 15 ans née en France et menacée par la charia, le port du voile et l’emprisonnement familial.
Points forts
La vérité des personnages principaux, Pierre et Louise, qui se débattent dans une réalité hostile et considèrent leur avenir sans espoir.
Le traitement juste de la déshérence d’un couple, déchiré par le handicap de leur fils.
Quelques réserves
L’accumulation des poncifs distillés de manière subliminale, encore celle des mots techniques supposés conférer du crédit au propos, ainsi les affections des malades que Louise accueille dans son service d’hôpital et ceux des traitements supposés adaptés, autant de termes abscons qui n’ajoutent rien au texte.
L’évocation de la relation de l’infirmière et de son jeune malade et celle de l’enfant autiste et de sa petite amie kabyle qui, de sincères et presque crédibles, vont échouer sur un épilogue inutile, voire malsain.
Encore un mot...
L’auteur, comme il l’a déjà pratiqué dans ses précédents ouvrages, ainsi Mon Père, semble avoir dressé la liste des dérives et questionnements sociaux de l’époque contemporaine avant de se lancer dans l’écriture du roman, pour les associer dans un curieux rébus qui en fait un peu le catalogue des idées reçues.
Ainsi en va-t-il de l’évocation sur 258 pages des Gilets jaunes et de la camaraderie des ronds-points, du rapport social et de la lutte des classes dans la société moderne post-industrielle, de la générosité des laissés pour compte en contrepoint de l’égoïsme des classes supérieures, de l’asservissement de la femme dans le monde musulman, de la responsabilité des élites françaises dans l’aventure coloniale et post-coloniale, de la lumière qui vient des immigrés, l’Arménien d’hier et la petite Kabyle française qui donnent à tous des leçons de courage, de sagesse et de dignité.
Jusqu’à l’écologie salutaire qui emprunte à la littérature américaine dite de la « Nature Writing » en suggérant à l’instar du beau roman de Jean Hegland (Dans la forêt, publié chez Gallmeister) que le salut viendra de la réclusion sylvicole.
Si bien qu’il résulte de cette accumulation un roman un peu manichéen qui n’est pas sauvé par son épilogue quand Mon Père, écrit et construit par le même auteur dans la même veine, en proposait un magnifique, celui du sacrifice d’un prêtre au service du pardon sollicité pour son église.
Une phrase
« Nous avions un enfant différent et cela a fait de toi un homme différent. Tu as cassé le berceau de bois. Tu n’as jamais chanté une des chansons d’Henri Dès. Tu es parti retrouver Julie alors que je te suppliais d’être patient. Tu n’as plus jamais été avec nous. Regarde ton fils aujourd’hui. Regarde le. Il est beau. Il est intelligent. Il est doux. Il vit dans un monde où nous avons notre place, toi et moi. Un monde d’arbres et de vent, de mots savants, un monde où le mal, la colère et la violence n’existent pas. Ce monde qu’on a tous perdu, qu’on cherche désespérément à retrouver… Nous avons un fils merveilleux, Pierre, et tu ne le vois pas. Tu lui fais faire des choses qui appartiennent à ta colère. Tu lui as fait du mal. Je te demande de partir maintenant. Que ta violence aille en consumer d’autres que nous… »
L'auteur
Grégoire DELACOURT, publicitaire talentueux, est venu tard à l’écriture et au roman en publiant en 2011 L’écrivain de la famille.
Avec La Liste de mes envies, publiée l’année suivante, il va prendre place dans le petit monde des auteurs français à succès.
D’autres romans viendront, ainsi en 2019, Mon Père, un beau livre qui traite de la souffrance d’un père broyé par le viol subi par son fils, un ouvrage un peu facile et racoleur aussi celui-là mais sauvé par sa chute qui traite bien du pardon et de l’abnégation.
Commentaires
Bien déçue par ce roman, simpliste et manichéen.
La mère, une femme parfaite, dans son travail, avec son fils... Toujours patiente, à l’écoute.
Le père, n’acceptant pas le handicap de son fils pendant des années, change de comportement radicalement à la fin.
Trop de thèmes abordés, sans en approfondir aucun.
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