Un homme dangereux
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Thème
La narratrice, mariée depuis quinze ans avec Adam, qu’elle aime et admire, même si le désir s’est éteint entre eux, mène une vie riche, douce et heureuse grâce à ses deux filles, à son métier d’écrivain et à son énergie débordante. Elle retrouve un ami de jeunesse avec lequel elle entame une liaison sans enjeu, puis elle rencontre Benoît, connu dans le milieu littéraire, qui la séduit par ses innombrables messages. Elle ressent une attirance incroyable pour cet homme détestable à bien des égards, qui réveille sa sensualité, en refusant cependant de la satisfaire. Comment va-t-elle combattre cet homme « toxique » ? L’écriture sera-t-elle une arme efficace ?
Points forts
• Le ton toujours juste d’une femme d’aujourd’hui, qui s’interroge sur la crise qu’elle traverse, sur sa fragilité face à cette passion insensée, sur les fondements de l’amour, sur le mariage et sa durée, sur la séparation qui ne va jamais de soi, sur la place des enfants …
• L’autoportrait de la narratrice lucide, sensible et nuancé ; elle se présente comme une femme de convictions, dont l’univers si bien construit s’effondre. Elle analyse fort bien la métamorphose qu’elle subit, elle ne s’appartient plus, elle est prête à renoncer à tout, à son mariage, à ses enfants sous prétexte qu’elle se sent vivante avec lui !
• Le portrait de cet « homme dangereux » au physique épais, mal habillé, austère tout en étant très drôle, méchant, cynique. Il abîme tous ceux qu’il approche ; écrivain sans doute le plus doué dans les années 1990, il a réussi à gâcher ses talents comme tout le reste : « un ours, un rustre, un impossible ». Elle pense le sauver de lui-même en l’aimant, mais non seulement il se joue de ses sentiments, mais il lui inocule un venin, pour que tout se dérègle dans sa vie.
• Le personnage d’Adam, son mari, qu’elle considère un peu comme son père, puisqu’il a vingt ans de plus qu’elle, est le contraire de Benoît ; équilibré, généreux, protecteur, fin, il offre une vie harmonieuse à sa femme, qui partage encore tant de choses avec lui.
• Le pouvoir immense des mots que Benoît manie à la perfection : elle est électrisée par ses fameux messages concis, justes, drôles, qui l’enchantent ou la blessent. Elle utilisera le même pouvoir, en décidant d’écrire un livre sur cette passion pour sauver son couple; elle sait pourtant que l’écriture ne soigne pas.
• Du réel à la fiction, elle imagine une scène qui se produira réellement plus tard : Benoît et elle n’existent plus que comme personnages de roman. Elle reconnaît que sa vie et ses livres sont entremêlés.
Quelques réserves
Dès la première rencontre, la narratrice a l’impression que Benoît se moque d’elle. On n’en revient pas qu’elle se laisse ainsi humilier, sans s’en rendre compte !
Encore un mot...
C’est le roman d’une femme comblée par la vie, prête à tout sacrifier pour un homme insupportable et irrésistible ; victime de ses menaces comme de ses abandons, elle ne sait comment rompre ce lien étrange ; il abuse de sa naïveté, de sa confiance, de sa soif d’aventure : une histoire d’amour invraisemblable, inaccomplie, mais captivante.
Une phrase
« Outre le style, la sensibilité, l’intelligence, (il) possédait ce que si peu d’êtres reçoivent à la naissance et qui ne s’apprend jamais - la grâce. Seulement, il l’avait gâchée comme le reste. » p.130
L'auteur
Née en 1976, Emilie Frèche est écrivain et scénariste ; elle a publié, entre autres, l’essai 24 jours, la vérité sur la mort d’Ilan Halimi (2009), et les romans Les vies denses (2001) et Deux étrangers (prix Orange 2013)
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