Un effondrement parfait

Un plaisant recueil de textes sur la mutation du monde : de la poésie du souvenir au réalisme du présent
De
Jérôme Leroy
La Table Ronde
Parution le 9 janvier 2025
153 pages
16 euros
Notre recommandation
3/5

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Thème

Ou plutôt les thèmes.

Puisque l’auteur nous propose, par une succession de textes courts, d’exercer notre regard contemporain sur, entre autres sujets, trois plages vitales : la relation entre l’homme et la femme, la transformation du monde et la transcription affinée de l’une et de l’autre au travers de la littérature et du cinéma, concédant ici que ce choix d’une classification arbitraire est avant tout didactique mais en usant des titres donnés par l’auteur lui-même à chaque récit.

Le rapport sociologique entre l’homme et la femme voit sa couleur première, telle que dépeinte dans les vignettes nommées « Immortelles » ou « Madame L. » diluée dans une réalité aquarellée et pâle de « Une légère inquiétude » ou « Petites proustiennes avec orthodontie » !

La mutation assez radicale du monde interpelle Jérôme Leroy et l’extrait de ses souvenirs d’enfance ( « Nouvel an » ou « Lost in seventies ») pour le placer devant un miroir aux reflets cruels ( « Les chambres et les jours » ) et interrogatifs  ( « Identité internationale »).

La littérature et le cinéma occupent dans ce petit recueil une place prépondérante, couronnant quasiment chaque item d’une référence livresque et honorant la grande culture de l’auteur.

La liste des écrivains convoqués serait trop longue, unissant dans un même aréopage de talents divers, prosateurs tels  Déon, Larbaud, Morand ( « Devinette ») ou poètes, Marot ( « Une combinatoire infinie de la beauté ») ou encore Toulet (« 1974 ») et rejointe par le brio cinématographique de Losey, de Truffaut ou de Rohmer...

Points forts

  • Le format choisi par J. Leroy emmène le lecteur sur des terres fertiles en souvenirs doux-amers, en œillades légères et en balades culturelles talentueuses.
    Tout cela avec une noirceur mesurée et un humour un peu potache.

  • Et si écrire est une arme de liberté, cette liberté est offerte au lecteur, qui peut sautiller de page en page, de billet en billet, pour en savourer le miel et la pertinence.

  • L’écriture est légère et enjouée, révérencieuse envers les « classiques » et notamment quelques poètes de la première moitié du siècle dernier dont Jean Follain.

Quelques réserves

L’aspect fragmentaire de ce récit peut déstabiliser mais l’apparent contraste entre toutes ces notes telles qu’on les imagine rédigées dans un cahier d’écolier à spirale se réduit au fil des pages pour en faire une lecture diachronique plaisante.

Encore un mot...

Jérôme Leroy vient glisser Un effondrement parfait entre les Microfictions de Régis Jauffret et La première gorgée de bière de Philippe Delerm, sans l’acrimonie sombre du premier - et l’effondrement supposé lui plairait - ni la rondeur candide du second - à qui conviendrait la perfection de la chute !

C’est une suite de réflexions émanant de souvenirs d’enfance et de clichés de l’époque actuelle, avec cette approche réaliste, drôle et gaiement nostalgique, sans faire de leur réunion une litanie doucereuse, même si, de temps à autre, surgit subrepticement le refrain du « c’était mieux avant » ...

Et d’oser inviter Jérôme Leroy à entrer dans la pensée philosophique de L.Wittgenstein pour qui « le monde est tout ce qui arrive ».

Une phrase

« Tout est écrit, tout est espérance, tout continue dans l’odeur d’algue, de sable et d’amande, sous la lune, tout continue pour toujours et c’est bien ». Page 147

L'auteur

Jérôme Leroy est né en 1964 à Rouen.

Il a été professeur de français avant de se consacrer à l’écriture de romans et de poèmes.

Son œuvre a été saluée à plusieurs reprises par l’attribution de prix du roman policier ou de la littérature jeunesse.

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