Un ballet de lépreux
Traduit par Nicolas Richard
Parution le 9 février 2024
304 pages
22,00 €
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Thème
Léonard Cohen a 23 ans quand il écrit ce premier roman refusé en son temps par les éditeurs, et publié à titre posthume.
Il rêve alors d’une carrière d’écrivain, bien avant la parution de ses premiers poèmes en 1965 et ses premiers succès de chanteur en 1967, à plus de 30 ans.
Dans ce court roman aux accents autobiographiques, il aborde la plupart des thèmes qui émailleront son œuvre, dans une écriture déjà très poétique.
Un ballet de lépreux nous emmène à la rencontre d’un jeune homme de Montréal à la vie précaire et aux amours flottantes ; un grand-père jusque-là inconnu va surgir sur sa route et bouleverser sa vie, l’entraînant sur de nouvelles voies d’errance entre grandeur et décadence, pulsions de violence et rêves d’absolu, courage et lâcheté, dans lesquelles sourd un questionnement mystique sur le sens d’une vie dominée par la complexité et les luttes intérieures de l’âme humaine.
Le roman est suivi de plusieurs nouvelles autour du même thème, dans une galerie de portraits et de situations saisissantes par la conjonction de leur fantaisie et de leur désespérance.
Points forts
Dans Un ballet de lépreux, toutes les obsessions de Leonard Cohen sont déjà en germe : la solitude, la souffrance inhérente aux relations humaines, l’amour et la sexualité, la quête mystique au travers du questionnement, si important dans le judaïsme qui a marqué son éducation, la transgression comme chemin de rédemption et de libération.
Si le propos est profond et empli d’ombres, le voyage du lecteur est jubilatoire, par l’absurde et la fulgurance des situations, la folie étrange qui court de page en page, la force et la justesse des mots.
L’écriture est déjà très mature : en quelques lignes, une atmosphère, des caractères sont brossés avec une netteté surprenante de clarté, dans une évocation presque cinématographique malgré l’économie de mots.
Le texte pourtant en prose, présente de nombreux aspects poétiques : un rythme comme une danse, des images fortes, des réflexions courtes et poignantes qui renvoient le lecteur à ses propres interrogations.
Quelques réserves
Le récit est brutal, violent, dérangeant ; certains pourront associer certains passages à des jeux malsains et pervers et en éprouver un certain malaise. Mais l’auteur laisse transparaître aussi une forme de tendresse pour l’âme humaine et ses tourments. Je conseille ce livre aux amoureux de la poésie de Léonard Cohen…et à tous les autres.
Encore un mot...
Les 16 nouvelles sont attachantes et empreintes de la même fantaisie désespérée. Elles complètent bien le court roman, s’inscrivant dans une continuité d’inspiration et d’écriture.
Une phrase
«Lui, souffrant dans les sombres flammes de l’humiliation et commençant son périple vers la pureté. Moi, l’instrument de son affranchissement et lui, l’instrument du mien. Est-il possible que la récompense des avilis soit d’avilir les autres ? Pourrait-ce être la douloureuse chaîne vers le salut, car je sais qu’il y a une chaîne ?» Page 91
« Elle s’est couvert le visage avec les mains et s’est mise à se balancer d’avant en arrière. Les veuves d’Assur sont bruyantes dans leurs lamentations. Elle semblait enflée et vieille, plus vieille que moi, ma maison et ma ville, antique comme la femme, antique comme le chagrin, plus enflée que les tours rondes de b
L'auteur
Né à Montréal en 1934 dans une famille juive ashkénaze aisée, Léonard Cohen abandonne rapidement ses études de droit pour l’écriture. Il est révélé au monde dès ses premières chansons publiées en 1967, ancrées dans la musique folk ; sa voix grave et sa poésie noire et désespérée resteront son empreinte, bien qu’il explore des voies musicales variées allant jusqu’à la pop et les musiques du monde.
Il conjugue toute sa vie écriture de romans et de poésies, composition, écriture et interprétation de chansons, s’essaie brièvement au cinéma, est peintre à ses heures. Il reçoit de multiples honneurs et distinctions à travers le monde pour son œuvre. Parallèlement, il poursuit son chemin spirituel au travers d’une pratique jumelée du judaïsme et de bouddhisme zen. A la fin de sa vie, il se retire de la vie publique pour consacrer l’essentiel de son temps à la méditation. Il meurt à 82 ans en 2016 des suites d’une leucémie.
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