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Thème
Rachel Schwartz a vingt-six ans. Elle est belle, libre, intelligente. Quelques années plus tôt, elle a rompu ses fiançailles avec un jeune homme solaire, séduisant et attentionné, pour entamer une liaison avec Pierre Angot, un homme taciturne au physique difficile qui refuse obstinément de l’épouser. Bourgeois, cultivé, polyglotte, Pierre Angot la renvoie sans cesse à la modestie de sa condition sociale. Rachel aime Pierre passionnément, ils ont ensemble une petite fille, Christine. Mais le père s’éloigne et refuse de reconnaître l’enfant. Rachel l’y contraint, des années plus tard, alors qu’il s’est lui-même marié avec une femme d’un milieu aisé. A regret, il s’exécute. Mais, alors qu’il vient de donner son nom à sa fille, il va lui infliger l’innommable.
Points forts
Une toile enlevée, passionnée, destructrice, qui se lit avec facilité tout en suscitant des sentiments contradictoires d’espoir, de dégoût et d’angoisse. La tragédie s’installe progressivement, comme un dégradé de bleu-gris léger qui vire au noir, à travers une fatalité qui se devine et qui éclate aux yeux d’une mère aveugle. En donnant à voir cette cécité au lecteur, qui aborde l’histoire en grande partie du point de vue de cette femme, l’auteur parvient remarquablement à faire respirer un aveuglement général, plus effrayant encore.
En touchant ainsi, d’un angle extérieur et incrédule, au tabou de l’inceste comme une situation de non-retour familial, social, existentiel, l’auteur déconstruit avec force une parodie de repères établis. C’est paradoxalement un ordre de domination assuré qui tourne au désordre absolu, continuité d’une soumission dont la solidité conduit à l’effondrement total.
Le personnage de la mère a cette surcharge de paradoxes qui en fait une perle romanesque. Impénétrable est cette femme touchante mais impardonnable dans sa faiblesse même, dans cette manie de tout se reprocher sans oser remettre en cause un être supposé supérieur, dans son abandon annihilant à l’homme, inexplicable et si banal qu’il en devient révulsant. Au-delà même de la question de l’inégalité des sexes, des origines ou des cultures, c’est surtout celle de la confiance en soi qui est abordée, lorsque les blessures de l’amour-propre mènent celle qui en souffre à sa perte programmée, implacable.
Quelques réserves
On peut être déconcerté par certains effets de réalisme du style, peut-être un peu appuyés, ou encore par l’interprétation écrasante de la soumission de la mère d’un point de vue social. Cependant les nuances du texte et sa trame impeccable emportent le roman dans son ensemble.
Encore un mot...
« Un amour impossible » est d’abord celui du père et de la mère. Puis du père et de l’enfant, et enfin de la mère et de l’enfant. Mais ce dernier amour est celui qui survit, peut-être parce qu’il est universel. Et qu’il parle, figuré dans ses épreuves les plus extrêmes, à chacun d’entre nous.
Une phrase
« Elle tombait des nues. En même temps… Elle n’était pas surprise »
L'auteur
Christine Angot est l’auteur d’une vingtaine de romans dont « Vu du Ciel » (1990), « Pourquoi le Brésil » ? (2002) ou encore « Les Désaxés » (2004). Elle s’est fait connaître du grand public en 1999 avec la publication de «L’Inceste », roman dans lequel elle décrit notamment, à la première personne et avec une précision saisissante, les relations sexuelles destructrices imposées par un père à sa fille. Elle est également l’auteur de pièces de théâtre et de chroniques littéraires. Elle a obtenu le prix de Flore en 2006 pour « Rendez-vous ». « Un amour impossible », son dernier roman, fait partie de la première sélection du Prix Goncourt 2015.
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Un sujet répétitif mais un grand talent d'écrivain.
Ils viennent de sortir
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