Trajectoire

Woody Allen, la compassion en plus.
De
Richard Russo
Editions La Table Ronde
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Lu
par Culture-Tops

Thème

Ce livre est composé de quatre récits indépendants les uns des autres. Chacune de ces « vignettes » est centrée sur un personnage qui, en quelques jours, doit résoudre un problème apparemment anodin mais qui, de fil en aiguille, l’entraine à réévaluer toute une vie, en particulier ses relations avec ses plus proches (enfant, mari, frère, femme, meilleur ami etc.)/

      - Janet, professeur d’université, se demande comment sanctionner un étudiant plagiaire

       - Nate, ancien professeur à la retraite, part en voyage organisé à Venise à l’invitation de son frère, lequel s’éclipse mystérieusement avant la fin du séjour.

       - En pleine crise des subprimes, Ray, agent immobilier, doit vendre au plus vite la maison d’une de ses amies au chômage, sous peine de faire lui-même faillite.

        - Ryan, écrivain et scénariste en fin de carrière, reprend un projet abandonné depuis dix ans, après la mort de l’acteur – et ami – pour qui il l’avait écrit.

Points forts

- Des dialogues (et surtout des monologues intérieurs) d’un humour irrésistible, qui n’est pas incompatible, au contraire, avec une vraie compassion sans mièvrerie pour ses personnages.

- L’observation fine des bouleversements induits dans notre vie quotidienne aussi bien par l’irruption d’une modernité pas toujours maîtrisée (tel Nate à Venise, incapable de maîtriser son téléphone portable), ou de manière plus poignante, par la maladie, les non-dits, les failles dans les relations familiales.

- Une maîtrise du récit qui permet de passer sans effort du «présent» de l’intrigue à des flashbacks qui peu à peu, dévoilent la complexité des personnages.

Quelques réserves

Je n’en vois pas

Encore un mot...

Un très agréable dépaysement pour le lecteur français, que Russo emmène avec autant de brio dans le Maine que dans l’Arizona, dans une banlieue middle-class que sur le campus d’une université du middle-west, sans compter les inénarrables mésaventures du touriste perdu à Venise. On dirait presque par moment du Woody Allen, sans aucun cynisme grinçant, mais avec tout autant d’humour.

Une phrase

"Le groupe de la Biennale – originaire, pour la plupart, à l’instar de Nate, du centre du Massachussetts – a envahi le petit hôtel trois étoiles et demi dans le sestiere Dorsoduro. Nate, craignant que son savoir-vivre se soit atrophié après ces longs mois de solitude volontaire, se tient à l’écart dans le hall animé, faisant de son mieux pour passer inaperçu ou, en cas d’échec, pour feindre l’innocence, deux stratégies qui, il y a un an encore, lui venaient naturellement. Ce qui s’était passé avec la fille Mauntz avait tout changé". (p.57)

L'auteur

Né en 1949, Richard Russo, professeur de littérature passé à l’écriture de romans, de nouvelles et de scénarios, a été couronné par le Pulitzer en 200, pour Le Déclin de l'empire Whiting. Il a depuis écrit cinq autres romans et des recueils de nouvelles. En novembre 2017, il a reçu le Grand prix de littérature américaine pour son roman A malin, malin et demi, traduit, comme Trajectoire, par Jean Esch.

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