Toute la lumière que nous ne pouvons voir
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Thème
Destins croisés de deux adolescents pendant l'Occupation, jusqu'à la Libération : Marie-Laure, aveugle, réfugiée à St Malo chez son grand-oncle excentrique et mystérieux, avec son père, serrurier du Muséum d'Histoire Naturelle et gardien d'un diamant porteur d'une légende maléfique; Werner, jeune orphelin allemand élevé avec sa soeur dans un village minier de la Ruhr, repéré par les Jeunesses hitlériennes par ses dons et sa passion pour la mécanique et les transmissions, et élevé dans une école d'élites avant d'être enrôlé dans la Wehrmacht.
Points forts
- Une constuction originale, efficace et très bien maîtrisée : chapitres courts, alternant de façon très rythmée la vie de Marie-Laure puis le parcours de Werner. Phrases concises et très imagées, sans fioritures. Tout est soigneusement orchestré, l'action, les personnages, les sentiments; documentation, imagination, émotions et suspens sont admirablement combinés. - Les deux héros : Marie-Laure qui se repère et avance dans la vie grâce aux maquettes que son père construit avec un soin méticuleux, de chaque endroit où elle est; on la suit pas à pas, avec son courage, son calme et sa détermination. Werner, quant à lui, enrôlé contre son gré, subit sciemment le lavage de cerveau hitlérien, découvrant rapidement les fins néfastes pour lesquelles on veut développer et utiliser ses talents. Sanctionné à cause de sa lucidité, il entre comme simple soldat dans la guerre. - Les deux personnages de femmes : Mme Manec, ange-gardien de l'oncle Etienne et de Marie-Laure, qui s'engage dans la Résistance. Frau Elena, qui élève et entoure de sa douceur et de sa sollicitude les orphelins du petit village minier de la Ruhr, en particulier Werner et sa soeur Jutta dans leur enfance, et qui tiendra debout jusqu'à la fin. - Tous les autres personnages sont bien campés : le cynique Von Rumpel, prêt à tout pour retrouver le diamant convoité ; le voisin des Leblanc, collabo cupide et lâche... et le lieutenant Wolkheimer, dit "le Géant", qui surveille Werner puis le prend sous son aile. - La vie et l'espoir qui naissent grâce à "cette lumière que nous ne pouvons voir" : les ondes magnétiques et les transmissions radio clandestines au son du Clair de Lune de Debusssy...
Quelques réserves
Je n'en vois pas. Même pas quelques longueurs, sur 610 pages, tant l'intensité est forte.
Encore un mot...
Très grand et beau roman qui vous emporte dès les deux premiers paragraphes. Très belles et profondes réflexions sur le destin et le libre-arbitre. 600 pages qui se lisent d'un trait; souffle et suspens ne vous lâchent pas.
Une phrase
p. 452 : "On est très loin de comprendre ce que c'est d'être aveugle quand on ferme les yeux. Sous notre monde des cieux, des visages et des édifices, il en existe un autre, plus brut et plus ancestral, un espace où les surfaces planes se désintègrent et où les sons forments une multitude de rubans dans les airs."
L'auteur
Ecrivain américain de 41 ans, Anthony DOERR a écrit précédemment "Le nom des coquillages" (2003), "A propos de Grace "(2006), et "Le Mur de la mémoire" (2013). Finaliste du National Book Award, il vient de remporter le Prix Pulitzer avecc ce livre déjà en cours de traduction dans 40 langues et dont les droits d'adaptation au cinéma viennent d'être achetés par la 20th Century Fox.
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Attention, Grand Roman!
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