Sucre Noir
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Thème
Il est bien connu que dans les Caraïbes il y a de nombreux trésors enfouis autrefois par des pirates sanguinaires qu’une multitude de chercheurs de trésor traquent nerveusement. Dans les années 1900, l’un d’entre eux, Severo Bracamonte, arrive dans un village reculé où il pense en découvrir un.
C’est un jeune homme avenant et travailleur qui trouvera à se loger au fond du jardin de la famille Otero, qui possède une petite plantation de cannes à sucre. La fille Serena herborise en solitaire, en rêvant du grand amour.
C’est un conte qui nous décrit le destin de ces deux êtres dans un pays grossier qui se modernise rapidement en créant des fortunes extravagantes ou la misère profonde. Les personnages découvriront-ils leur trésor ?
Points forts
- La lecture est agréable. Les personnages sont bien brossés physiquement comme psychologiquement. Le conte est traversé par plusieurs types d’aventuriers qui survivent grâce à leur optimisme indestructible et leur capacité à s’adapter à l’imprévu, quitte à mentir par omission avec talent. Comme dans une BD de Lucky Lucke décrivant ces villes nouvelles de la ruée vers l’or il y a des personnages particuliers comme le photographe, raffiné malgré la rudesse ambiante.
- Le développement du récit est bien rythmé. Dès le début on sent qu’il y a un secret. Pour le découvrir il ne faut pas griller les étapes mais tranquillement se laisser conduire par la musique des mots. Comme c’est un livre court il n’y pas de longueur ou de lourdeur dans le déroulement de l’intrigue.
Quelques réserves
- Il manque de l’émotion, de la couleur, l’odeur des tropiques. Je n’ai pas été « envoûté » par les mots fleuris, exubérant que l’on rencontre généralement dans les romans traitant des caraïbes. Evidemment il est difficile de ne pas comparer ce récit à ceux de Vargas Llosa dans ses romans phares. Cette comparaison est malheureusement très sévère pour notre jeune écrivain dont le style s’apparente plus à celui d’un journaliste d’investigation des faits divers.
- On s’attend à une description animée du destin des habitants de ce village reculé qui dans le bruit, la fumée, les odeurs d’égouts devient, à marche forcée, une petites ville. Ici on n’apprend pas grand-chose. En bruit de fond il y a bien une rhumerie qui se développe mais on n’en saura pas plus. C’est sans doute un choix de l’auteur afin de se concentrer sur les personnages et l’intrigue mais cela génère un sentiment de frustration.
- Certains pourront penser que c’est un point fort mais « on ne se prend pas la tête » avec le thème : le trésor que l’on finit par trouver n’est pas toujours celui que l’on a cherché, L’or peut rendre fou etc....
Encore un mot...
Il ne s’agit pas d’un roman flamboyant et sensuel dans le style des grands écrivains latino-américains. Après un bon début je me suis lassé de lire une description de faits sans grand intérêt et par trop invraisemblables.
Si vous avez deux heures de voyage à passer en train sans trop vouloir réfléchir, alors oui...
Une phrase
"Sa vie avait poussé dans cet endroit blotti dans la vallée, dans un décor qui l’étouffait. Il lui fallait un mouvement, un envol. Ce n’était pas un caprice, c’était un droit. Personne n’avait attendu l’amour comme elle, au fond de cette ferme isolée, qui enfermait l‘épanouissement de son être. Elle quitta ainsi la terre de son enfance comme on embrasse un rêve, par cette fuite, par cet exil. Il y avait tant de détermination dans son regard qu’Eva Fuego n’essaya pas de la retenir"
L'auteur
Né en 1986, Miguel Bonnefoy est un auteur prometteur et fécond si on se réfère aux nombreux prix littéraires qu’il collectionne depuis qu’en 2009 il remporta le Grand Prix de la Nouvelle de la Sorbonne. Il a grandi au Venezuela ce qui explique sans doute que l’action de plusieurs de ses livres se passe dans les Caraïbes.
A ce jour, "Le Voyage d’Octavio" semble être son meilleur roman.
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