Sous l’œil des oiseaux-moqueurs
Parution le 19 mai 2022
380 pages
22,50 €
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Thème
Le livre traite de la période si peu connue qui court de la fin de l’Indochine française en 1954 avec la chute de Dien Bien Plu et le partage de l’Indochine de part et d’autre du 17e parallèle, jusqu’au début de la guerre du Viet Nam en 1963 initiée par l’assassinat des frères Diem avec la complicité de la CIA. S'appuyant sur des archives inédites ou déclassifiées, Laurence Schifano met en scène des personnages authentiques dans le contexte d'un Vietnam divisé entre le Nord sous influence chinoise et le Sud confronté au risque de contagion communiste. En complément, nous assistons aux errements de la politique française en Asie et aux affres de Henri Hoppenot, ambassadeur de France à Saigon, s’efforçant de maintenir une présence française auprès du président Diem (mis en place par les USA) sans s’aplatir devant les Américains qui multiplient les chausse-trapes et les intrigues.
Points forts
- Les oiseaux moqueurs du titre font référence à la propagande doctrinale et culturelle américaine illustrée par le « programme Mockingbird » soit, entre autres, le détournement idéologique du roman de Graham Green Un Américain bien tranquille par le cinéaste hollywoodien Mankiewicz de façon à donner le beau rôle au jeune Pyle. Les Américains doivent toujours avoir le beau rôle puisqu’ils agissent au nom de la démocratie. C’est le point central de ce récit qui n’est pas sans renvoyer à une époque beaucoup plus actuelle, tout comme l'omniprésence de la presse, d’abord française (Lucien Bodard, Max Clos) puis américaine.
- De multiples personnages, historiques ou seulement authentiques, animent le récit, en particulier :
- Les présidents antagonistes Ho Chi Minh, maoïste convaincu, et Ngo Dinh Diem, catholique non moins convaincu- qui songea même à la prêtrise-, adversaires caressant pourtant un rêve commun de partition transitoire et de réunification malgré les multiples occasions manquées d’arriver à une décolonisation pacifique.
- Nhu, le cadet de Diem, commandant de ses forces spéciales, premier -et unique- chartiste vietnamien, d’une culture encyclopédique et « sous des apparences conciliantes, le plus subversif des deux frères »
- Henri Hoppenot, ambassadeur de France, bien mal soutenu par sa hiérarchie face aux pinaillages et petites vexations prodiguées par les « amis » vietnamiens. - Parmi les figures remarquables de cette fresque historique, deux portraits de femmes diamétralement opposées :
- Mme Nhu, petite-fille d’une princesse impériale de Hué, belle-sœur du président Diem, assoiffée de pouvoir, jouant de sa féminité avec une désinvolture et une liberté de parole rares chez une femme dans le Viet Nam d’alors.
- Hélène Hoppenot, photographe de talent, qui s’efforce de tenir son rang malgré l’animosité des ex-colonisés et dont les amis s’appellent Claudel, Conrad, Alexis Léger (Saint John Perse), Romain Gary, ou Teilhard de Chardin, tous diplomates et grands voyageurs rencontrés dans les diverses affectations du couple Hoppenot. -
Parmi les figures remarquables de cette fresque historique, deux portraits de femmes diamétralement opposées - Mme Nhu, petite-fille d’une princesse impériale de Hué, belle-sœur du président Diem, assoiffée de pouvoir, jouant de sa féminité avec une désinvolture et une liberté de parole rares chez une femme dans le Viet Nam d’alors. - Hélène Hoppenot, photographe de talent, qui s’efforce de tenir son rang malgré l’animosité des ex-colonisés et dont les amis s’appellent Claudel, Conrad, Alexis Léger (Saint John Perse), Romain Gary, ou Teilhard de Chardin, tous diplomates et grands voyageurs rencontrés dans les diverses affectations du couple Hoppenot.
Quelques réserves
Une chronologie parfois hasardeuse qui se réfère aux souvenirs des différents protagonistes plus qu’au déroulement historique.
Encore un mot...
Les descriptions très évocatrices, poétiques ou franchement sordides, de ce que fut l’Asie « des débuts du monde », telle que ne la connaîtront jamais nos touristes pressés, donnent un charme fou à ce récit pourtant éminemment politique.
Une phrase
“ Il n’y eut pas d’enquête pour expliquer le double assassinat des deux frères, le président Ngo Dinh Diem et son conseiller politique Ngo Dinh Nhu, mis et maintenus au pouvoir neuf ans durant par les Etats Unis (…) Le président John F Kennedy qui a donné son feu vert à l’opération est assassiné à son tour à Dallas, Texas, quelques jours plus tard, le 22 novembre 1963.
Le déchaînement de la guerre du Viêt Nam s’enclenche alors sous la présidence de Lyndon B. Johnson au Nord et au Sud. Il ne prendra fin qu’en 1975.” (p.13/16)
L'auteur
Née en 1947, agrégée de lettres modernes, docteur en études cinématographiques, Laurence Schifano est professeur de littérature et de cinéma au Département des arts du spectacle de l'Université de Paris X-Nanterre. Elle a publié plusieurs ouvrages de référence sur Luchino Visconti Les Feux de la passion (Plon-Perrin) qui reçoit le Grand Prix de l'Académie française pour la biographie en 1988 et Une Vie exposée (Folio Gallimard, édition revue et augmentée, 2009.
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