Saint-Nazaire
Parution le 11 octobre 2024
156 pages
17 euros
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Thème
Au long des chapitres, l’auteur nous confie ses souvenirs. Les berges et le bac transporteur de l’estuaire de la Loire, le domaine du Lazaret de Mindin, puis sa découverte de Saint-Nazaire, de son port, de sa Maison des Ecrivains Etrangers et Traducteurs (MEET) créée dans les années 80, de ses bassins et chantiers navals. Là sont nés La Méduse, l’Impératrice Eugénie, le Normandie, le Queen Mary 2, le France et des géants des mers actuels.
Nous pénétrons au sommet du Building, immeuble érigé en 1955. Il domine la base sous-marine et ses alentours, sinistrés pendant la guerre, et l’ancien point de départ de la ligne transatlantique centrale, de Saint-Nazaire à Véra-Cruz en passant par La Havane.
Une partie très documentée nous amène aux Chantiers de l’Atlantique, dans leurs hauteurs et leurs profondeurs. Nous apprenons ainsi, par exemple, que 26 nationalités peuvent participer en même temps à la construction, ou que le Queen Mary 2 est deux fois plus haut que le Building.
Le port et ses bateaux sont le prétexte à de nombreuses évocations de personnages de la littérature. Puis, nous suivons l’auteur en croisière sur le Solstice, qu’il compare au Great Eastern de Jules Verne dans Une ville flottante.
Points forts
Sur un tour du monde et de l’Histoire à partir du port de Saint-Nazaire, est bâti ce « roman sans fiction » cher à Patrick Deville : de la construction de La Méduse, décidée sur place par Napoléon lui-même, à la Guerre froide et en n’oubliant pas la course au Ruban Bleu (record de la traversée océane).
Un tourbillon de références et sujets importants pour l’auteur sont abordés avec vivacité et lucidité. L’enthousiasme de Patrick Deville pour les lieux et ce dont ils ont été témoins nous apprend ou nous remémore une foule d’informations littéraires, historiques et politiques.
Quelques réserves
Je n’en vois pas. A chacun de faire ses choix et d'approfondir tel ou tel sujet.
Encore un mot...
Les noms connus ou pas selon chacun, les dates et événements, la richesse du récit d’un érudit passionné, constituent un fourmillement communicatif et donnent le goût d’en savoir davantage .
Les phrases longues nous posent, elles attisent notre curiosité, nous imprègnent de ce récit universel et humaniste.
Une phrase
« L’apparition d’une reine.
La reine était née dans la chaleur d’un glorieux après-midi de juillet. L’air charriait depuis les silos des effluves de céréales sur le port. Le clairon solaire lançait au ciel ses louanges. …Quai des Darses, avec Jean nous avions suivi les manœuvres d’embarquement d’une chaudière sur un vraquier jaune à destination du Venezuela. Puis nous étions entrés aux Chantiers par la salle des Maquettes, où nous avions échangé nos passeports contre un badge magnétique et un casque blanc, pour aller nous pencher sur la reine en son berceau, qui ne pesait encore que six cents tonnes. » Page 69« Lorsqu’on se tient debout devant sa propre bibliothèque, on conçoit comment les livres dressés sur leurs rayonnages entrent en contact silencieux les uns avec les autres, comment les multiples lectures, comme les racines des banians qui ruissellent entre les pierres des temples d’Angkor, les relient entre eux …. » Page 155
L'auteur
Patrick Deville est né en 1957 à Paimboeuf (estuaire de la Loire). Il passe son enfance à Mindin, au Lazaret, établissement psychiatrique dirigé par son père , puis traverse la Loire pour étudier à Saint-Nazaire.
Après des études de Littérature comparée à l’université de Nantes, il accomplit des missions culturelles à l’étranger dans les années 80 et 90.
Il obtient ensuite un CAPES de philosophie et enseigne à la cité scolaire de Saint-Nazaire de 1994 à 2004.
Un roman paraît en 1987 Cordon Bleu (Editions de Minuit), puis d’autres. Il met au point un type de « roman sans fiction », reflet de ses multiples voyages. En 2001 il dirige le MEET à Saint-Nazaire.
De nombreux romans paraissent ; il obtient le prix Femina, le prix du roman Fnac et le Goncourt des lycéens pour Peste et choléra paru aux éditions du Seuil en 2012.
En 2021 il obtient le Grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
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